Qu’est-ce qui pousse Sinner à devenir un rouleau compresseur
Nous avons un gros problème évident : Jannik Sinner a 23 ans et nous sommes déjà à court d’adjectifs pour le décrire. 70 victoires et six défaites, huit titres, dont deux Grands Chelems et les Finales ATP : mais réalisez-vous ce que Jannik a fait en 2024 ?
C’est vrai qu’il a clôturé 2023 en montrant des éclairs de classe très vifs, avec les trois balles de match annulées par Djokovic en Coupe Davis comme portes coulissantes et déclaration d’intention à tout le circuit ATP : à partir d’aujourd’hui, il faudra aussi s’occuper de moi. Cependant, imaginer que Sinner serait capable de creuser un tel fossé entre lui et ses adversaires était difficile à prédire, même pour les plus optimistes. La façon dont il jouait sur des terrains durs, en salle et en extérieur, en pensant à sa première fois en Australie ou à New York, n’était pas folle. Mais le reste de sa saison est allé bien plus loin.
Non seulement personne n’a suivi son rythme, mais ils ne se sont même pas approchés. Nous avons découvert plus tard que les défaites à Roland-Garros (par Alcaraz) et à Wimbledon (par Medvedev) étaient à la hauteur de l’affaire Wada… Sans ce fardeau qui pèse sur nos têtes, nous pensons que le parcours à Paris et à Londres aurait été différent. .
Combien de Grands Chelems Jannik gagnera-t-il ?
Un autre chef-d’œuvre de son année, le premier de sa carrière au niveau ATP en Italie, ne peut que pousser les fans et les professionnels à émettre des hypothèses sur l’impact que Jannik aura sur l’histoire du tennis. Exercice prématuré et très difficile, mais puisque nous avons le numéro 1 mondial pour la première fois, pourquoi ne pas le faire ? Becker a atteint 6 Grands Chelems, McEnroe 7 et Lendl-Connors 8. Est-ce qu’on continue à monter ? Borg, qui a quitté la scène très jeune, a amassé 11 tournois majeurs entre Wimbledon et Paris, tandis que Sampras a touché le précédent record de l’Australien Emerson, s’arrêtant à 14. Seuls les Martiens, les Big Three, devancent Pistol Pete.
Le tennis est un sport capricieux, de temps en temps quelqu’un décide de régner sans tenir compte de qui vient par derrière. C’est arrivé à tous les numéros 1. Dans l’histoire récente, Federer était sur le point de marquer un Grand Chelem après l’autre, puis un gars comme Nadal sonne la cloche et ses plans s’effondrent. Idem pour le Majorquin lorsqu’il a aperçu un train en mouvement appelé Djokovic venant de l’Est.
Bref, Draper, Shelton, Rune s’il fait la paix avec lui-même, peut-être que Fonseca né en 2006 a tout de talent et de puissance, pourquoi pas, même Musetti : les adversaires de Jannik ne manqueront pas.
Pourtant, la grande nouvelle pour nous, terrible pour tous les autres joueurs de tennis de la planète Terre, c’est que Sinner a des marges de progression presque partout, et surtout il a la mentalité et le talent pour faire de ces progrès une réalité à court terme. Merci à lui et à un staff qui s’est construit pièce par pièce. L’arrivée récente de Marco Panichi, figure cruciale pour prolonger la carrière de Nole à haut niveau, rendra encore plus grande la différence entre le Tyrol du Sud et les autres grands noms.
Quelle croissance avec Vagnozzi
L’évolution de Sinner depuis l’arrivée de Simone Vagnozzi a été sensationnelle. Simone a la chance de diriger une fortune, mais c’est précisément pour cette raison que sa tâche est très difficile. Jusqu’à présent, il n’a manqué aucun adverbe et l’équilibre avec lequel il accompagne Jannik est celui des plus forts. Darren Cahill a raison : Vagnozzi est déjà aujourd’hui l’un des meilleurs entraîneurs du monde, car il possède des compétences très élevées et la flexibilité indispensable si l’on se retrouve aux côtés du numéro 1. Trop de fondamentalisme irait mal dans la gestion d’un champion.
Sinner, on l’a aussi vu à Turin lors des Nitto ATP Finals qu’il a remportées en pilote automatique, sait pratiquement tout faire mieux que les autres. Service, retour, couverture du terrain, vitesse de balle, choix de jeu, capacité à ne pas trembler sur les points les plus importants : personne, à ce jour, ne peut le suivre. Alcaraz en excellente condition lui est toujours supérieur en termes de variations et de toucher près du filet, mais le sentiment est que Sinner à 60% perd sur quelques-uns, tandis qu’un Carlitos en difficulté a moins de marge.
Un pécheur comme Lendl ?
Le seul à avoir remporté le Tournoi des Masters sans perdre un set fut Ivan Lendl en 1986 et les points de contact avec les bleus sont nombreux. Ivan le Terrible, numéro 3 mondial derrière McEnroe et Connors, a consacré chaque goutte de sueur à s’améliorer. Il a inclus un nouvel entraîneur dans son équipe (Tony Roche), il a été le premier à travailler avec un dévouement absolu sur l’esprit et le corps, à ajouter de nouvelles solutions à son arsenal (revers, service, volée). Après ce restylage, Lendl est devenu presque imbattable. Au cours des deux années 1985-1986, il a remporté 158 matchs sur 171 joués. Domination totale.
Les chiffres de Sinner au cours des 18 derniers mois ne sont pas loin.
Vient maintenant la Coupe Davis, avec les Azzurri de Volandri déterminés à défendre le titre remporté l’année dernière. Le capitaine italien a choisi d’amener le double Bolelli-Vavassori, qui a fait ses preuves, Musetti et Berrettini jouant pour la dernière place disponible en simple. Mais au domicile d’un doublé décisif, comment laisser le meilleur joueur du monde sur le banc ?