Pourquoi les pays en développement veulent-ils l’énergie nucléaire ?

Alexis Tremblay
Alexis Tremblay

La COP28, la conférence sur le changement climatique soutenue par les Nations Unies, s’est terminée à Dubaï. Parmi les différents sujets abordés par les dirigeants mondiaux figure celui de la décarbonation, c’est-à-dire réduction des émissions de CO2 dans l’atmosphère pour lutter contre le changement climatique, mais ce sujet est devenu un sujet de discussion entre pays développés et pays dits en développement. Ces derniers voient en effet les règles de lutte contre le changement climatique comme un obstacle à leur développement socio-économique, étant donné que produire de l’énergie sans utiliser de combustibles fossiles coûte plus cher et prend plus de temps. Pour surmonter ce problème, plusieurs Pays en voie de développement ont recours à une solution ancienne mais qu’ils jugent efficace : leénergie nucléaire. Cette décision a des implications géopolitiques importantes. Mais allons-y étape par étape.

L’énergie nucléaire pour les pays en développement

Même si plusieurs pays en développement pourraient compter sur une large disponibilité d’énergies renouvelables, nombre d’entre eux décident de s’équiper de centrales nucléaires pour plusieurs années. les raisons. Le premier concerne la possibilité de produire beaucoup d’énergie de manière techniquement éco-durable. En fait, même si l’énergie nucléaire n’est pas une source d’énergie totalement propre, elle ne produit pas d’émissions de carbone et n’entre donc pas en conflit avec les objectifs d’initiatives telles que la COP28.

Deuxièmement, l’énergie nucléaire est une solution idéale pour Pays qui n’ont pas de ressources naturelles pour produire de l’énergie à grande échelle comme les rivières ou les lacs. Dans ce contexte, l’énergie nucléaire devient le meilleur remède pour produire (surtout pour produire beaucoup) lorsque les sources d’énergie alternatives ne sont pas disponibles.

A côté de ces raisonnements il y a aussi des dieux calculs politiques. En fait, la production d’énergie nucléaire peut parfois créer des dieux des liens privilégiés avec certaines superpuissances, c’est pour cette raison que l’aide au développement de l’énergie nucléaire est devenue un facteur concours parmi les grandes puissances.

Dans certains cas, il y en a même un question historique. En effet, certains pays issus de la décolonisation des années 1960 ont souvent vu dans l’énergie nucléaire un objectif à atteindre pour s’enrichir. Cette idée était déjà dans l’esprit de leurs pères fondateurs, comme dans le cas du Ghana. Le premier président du pays, Kwame Nkrumah (figure charnière du processus de décolonisation en Afrique) a imaginé construire dans le pays une centrale nucléaire à partir de l’uranium du Congo, pays allié.

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Quels pays choisissent l’énergie nucléaire ?

La dernière vague de développement de l’énergie nucléaire a particulièrement caractérisé les pays d’Afrique subsaharienne et du Moyen-Orient qui sont les parties de la planète où la demande d’énergie nucléaire est croissante. Le Burkina Faso et Mali ils ont confirmé quelques jours plus tard vouloir construire leurs propres centrales nucléaires d’ici 2030 pour approvisionner en électricité leur population en croissance rapide. Le Ghana ambitionne également de disposer de sa propre centrale électrique opérationnelle d’ici 2030 et a déjà sélectionné deux sites de construction potentiels. Le Kenya au lieu de cela, bien qu’il soit un grand producteur d’énergie géothermique, il a décidé de commencer la construction de son propre réacteur en 2027 et a entamé des premiers contacts avec des financiers potentiels du projet. Le Rwanda vise à construire deux micro-réacteurs modulaires capables de produire 100 mégawatts d’énergie chacun en 2025. Il vise également Egypte ambitionne de mettre en service sa première centrale nucléaire (El Dabaa) en 2026.

En bref, comme le montre cette liste, la demande d’énergie nucléaire augmente dans certaines régions du monde et la course à l’énergie nucléaire devient une épreuve. question géopolitique. En effet, certains États considèrent le soutien aux pays cherchant à se lancer dans l’énergie nucléaire comme un moyen de augmentez votre influence au niveau planétaire. Le cas le plus évident ces derniers temps est celui de Russie. En effet, grâce au travail réalisé par l’entreprise publique Rosatom, Moscou est devenue le principal fournisseur d’énergie nucléaire des pays en développement, ce qui peut conduire à forger des relations très fortes avec les pays d’accueil. En effet, les centrales nucléaires, une fois construites, nécessiteront un entretien constant, une formation du personnel et, dans certains cas, des approvisionnements en uranium, autant de besoins qui renforcent les relations entre les pays d’accueil et les pays constructeurs au profit de ces derniers. Dans certains cas, comme celui du Mali, les pays d’accueil disposant de gisements d’uranium peuvent accepter de collaborer à l’extraction du minerai qui est également utilisé pour à des fins militaires.

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La course au nucléaire représente un autre cas de embrayages entre le nord et le sud du monde. En effet, si du point de vue des pays en développement le recours à l’énergie atomique est tout à fait logique compte tenu de la nécessité de garantir l’accès à l’énergie à des populations croissantes, du point de vue des pays développés, la généralisation du nucléaire comporte de nombreuses des risques. La première crainte est que l’exploitation de l’atome entraîne une plus grande possibilité de accidents nucléaires. La seconde est celle de la possibilité d’exploiter le nucléaire civil pour ensuite développer des arsenaux atomiques avec le risque de prolifération d’armes nucléaires. Bref, même sur la course à l’atome, le Nord et le Sud sont divisés, et le nucléaire sera un autre sujet à débattre à la COP28 et au-delà.