Parce que la droite au pouvoir aux Pays-Bas pourrait aider Meloni à conquérir l'Europe

Alexis Tremblay
Alexis Tremblay

L'annonce d'un accord pour un gouvernement aux Pays-Bas dirigé par l'extrême droite de Geert Wilders a ébranlé la politique européenne à moins d'un mois des élections des 8 et 9 juin. Et cela pourrait avoir des répercussions sur la Commission elle-même qui naîtra de ces élections, renforçant l’idée d’un soutien des forces conservatrices à un nouvel exécutif dirigé par Ursula von der Leyen. Excellente nouvelle pour Giorgia Meloni et Fratelli d'Italia. Le Parti pour la Liberté (PVV) de Wilders, connu pour être un farouche critique de l'Islam et de l'immigration, siège sur les bancs de l'Identité et de la Démocratie en Europe aux côtés de la Ligue de Matteo Salvini et du Rassemblement National de Marine Le Pen, contre lequel jusqu'ici un « cordon » s'oppose. sanitaire' a été créé à la Chambre, ce qui l'empêche d'accéder aux postes les plus importants.

Victoire aux urnes

Lors du vote du 22 novembre, il avait remporté 37 des 150 sièges, soit la majorité relative de la Chambre de La Haye, mais pas assez pour former un gouvernement. Après des mois de négociations, le parti a réussi à trouver un accord pour un exécutif largement technique, mais toujours avec une influence d'extrême droite. Et cela grâce au soutien de trois autres partis, dont le Nouveau Contrat Social (NSC) de Pieter Omtzigt, membre du Parti populaire européen, et même le libéral VVD du Premier ministre sortant Mark Rutte, l'un des dirigeants européens les plus influents et qui a dirigé le pays pendant plus de 13 ans.

Et cela malgré le fait que les libéraux européens de Renew, un groupe dont fait partie le VVD au Parlement de Strasbourg et de Bruxelles, avaient signé la semaine dernière un appel demandant que la prochaine Commission n'accepte pas le soutien de la droite. Mais si aujourd'hui les mêmes libéraux approuvent la droite la plus extrême de l'Identité et de la Démocratie, pourquoi une éventuelle future Commission n'accepterait-elle pas celle qui est toujours radicale mais considérée comme moins radicale que le Ecr de Meloni ?

De Macron à Renzi : la galaxie libérale qui dit non (pour l’instant) au rappel de von der Leyen

Mécontentement libéral

Valérie Hayer, eurodéputée française qui dirige le bloc libéral Renew au Parlement européen, a exprimé hier sa « désapprobation totale » de l'accord avec Wilders, qui est l'équivalent néerlandais de Marine Le Pen. C'est pour cette raison qu'il a convoqué une réunion le 10 juin, au lendemain des élections, pour discuter des mesures à prendre.

Sur la table sera également la possibilité d'exclure le VVD, ce qui pousserait probablement le parti dans les bras du PPE. Le même PPE qui, tant avec le leader à la Chambre Manfred Weber qu’avec von der Leyen elle-même, s’est ouvert à plusieurs reprises à la possibilité d’une alliance avec la droite. L'eurodéputé du VVD, Malik Azmani, est l'adjoint de Hayer à la tête de Renew, et le parti a été un pilier de la naissance même du groupe qui représente aujourd'hui la troisième force à la Chambre, avec 102 parlementaires sur 720 au total.

Macron se lance à l'assaut du camp des libéraux européens

Division possible

Historiquement, le siège des libéraux était l’Alliance des démocrates et des libéraux pour l’Europe (ALDE), autrefois dirigée par le Néerlandais Rutte. Mais la fête Renaissance de Macron a toujours évité d'adhérer à l'ALDE, et c'est pour cette raison que le groupe des Renouveler, grâce justement à un pacte entre Macron et Rutte. Mais voilà que ces équilibres pourraient exploser et faire exploser la galaxie libérale, qui affiche de toute façon un recul dans les sondages. Et étant donné que les deux partis européens de droite radicale, ECR et ID, sont en pleine croissance, la géographie politique de la Chambre pourrait considérablement changer. Il en va de même pour la majorité en faveur du nouvel exécutif communautaire, à l'avantage des conservateurs de Meloni.