Expulsion avec effet immédiat du groupe Identité et Démocratie du parti Alternative allemande pour l'Allemagne (AfD). Au Parlement européen, la formation d'extrême droite siégeait jusqu'ici sur les bancs de la famille des souverainistes européens, qui comprend également la Ligue de Matteo Salvini, Marine Le Pen et le Rassemblement National de Jordan Bardella. Cette décision vient prendre ses distances avec l'AfD, impliquée dans une série de scandales, le dernier en date étant les déclarations prétendument pro-nazies de son principal candidat aux élections européennes Maximilian Krah. À un peu plus de deux semaines du vote européen, l'extrême droite se divise, même si les sondages dans différents pays la récompensent.
« Le groupe ID ne veut plus être associé aux incidents impliquant Maximilian Krah, leader de l'AfD pour les élections européennes », a précisé le groupe souverainiste dans un communiqué publié en ligne. Krah, avocat de 47 ans et principal candidat de l'AfD aux élections européennes du 9 juin, fait l'objet d'une enquête pour liens suspects avec la Russie et la Chine. La semaine dernière, des déclarations ont été faites dans une interview minimisant les crimes des SS nazis.
La décision de Marine Le Pen
La polémique suscitée par ces déclarations a poussé le Rassemblement national français, qui incarne l'ultra-droite française, à prendre ses distances avec les Allemands. L'AfD a tenté d'éviter la scission en empêchant Krah de participer aux événements de la campagne. Il est cependant trop tard pour le destituer de la tête de liste du parti allemand. La décision n'a pas limité les dégâts. « Le moment est venu de marquer une rupture nette avec ce mouvement qui n'est pas géré et qui est visiblement sous l'influence de groupes radicaux en son sein », a déclaré Marine Le Pen à la presse transalpine. Le député Jean-Paul Garraud, président de la délégation française du groupe ID à la Chambre européenne, a déclaré à laAfp que ce n'est pas seulement Krah, mais aussi le parti AfD dans son ensemble, qui est responsable des propos « inadmissibles » de son principal candidat. Le parti allemand a déclaré avoir « pris note de la décision du groupe Id » mais a maintenu qu'il restait optimiste quant aux prochaines élections.
Tous les ennuis de Maximilian Krah
Les premiers signes de crise pour Krah sont apparus ces dernières semaines, lorsque le député s'est retrouvé au centre d'un scandale. L'un de ses collaborateurs au Parlement européen a été arrêté pour espionnage au profit de la Chine. Krah et Petr Bystron, un autre candidat de l'AfD, ont également dû nier plus tard les accusations selon lesquelles ils auraient accepté de l'argent pour diffuser des opinions pro-russes sur un site d'information financé par le Kremlin. Bystron, un autre candidat en tête de liste de l'AfD pour les élections européennes, a également déclaré qu'il ne se présenterait pas aux élections, invoquant des raisons familiales. Au cours de cette législature, le groupe ID comptait 59 députés européens issus de huit pays. La plus grande délégation est celle de la Ligue (23 députés), suivie par le Rassemblement National (18), l'AfD étant bloquée à 9 députés. Le scénario pourrait complètement changer après les élections du 9 juin.
Les souverainistes européens divorcent. Ce qui change pour la Ligue
Les nouveaux équilibres dans l’ultra-droite
Selon les sondages, alors que la Ligue est à 8 %, le Rassemblement national en France se situe autour de 30 %. Un véritable exploit. L'AfD en Allemagne s'élève à 22% et pourrait donc compter sur beaucoup plus d'élus qu'elle n'en avait jusqu'à présent. Rester dans le groupe ID aurait eu un tout autre poids au sein de la famille souverainiste. Avant cette décision, le parti allemand avait envoyé à la Ligue une lettre, adressée au député européen Marco Zanni, demandant d'éviter l'expulsion. Un geste de dernière minute auquel la Ligue du Nord n'a pas cédé, optant pour la ligne dure indiquée par le Rassemblement national. Suite à la décision communiquée par le groupe Id, les députés allemands de l'AfD ont accusé le parti de Matteo Salvini de s'être « mené dans le jeu électoral » de Marine Le Pen, qui aurait exploité la polémique autour de Krah pour faire campagne.