Les députés réunis à Strasbourg ont condamné les « provocations militaires continues » de la Chine contre Taiwan et ont « fermement » rejeté toute modification unilatérale du statut du détroit. Depuis le 14 octobre, Pékin a entamé des manœuvres dans le détroit de Taiwan, affirmant qu’il s’agit d’une réponse au refus du président de reconnaître l’île comme partie intégrante de la République populaire de Chine.
Dans un texte adopté aujourd’hui à Strasbourg, par 432 voix pour, 60 contre et 71 abstentions, les députés qualifient les opérations d' »injustifiées », soulignant que l’augmentation de l’activité militaire modifie l’équilibre des pouvoirs dans la région indo-pacifique. Ces tentatives, expliquent les députés, notamment par la force ou la coercition, ne seront pas acceptées et entraîneront une réaction décisive et ferme.
Une très longue histoire
La République populaire de Chine, reconnue comme seul représentant légitime de la Chine auprès des Nations Unies, souhaite depuis des décennies incorporer l’île de Taiwan (République de Chine) à son territoire. Pékin considère en effet Taipei comme une province séparatiste et faisant partie intégrante de son territoire, alors que Taiwan s’est auto-gouvernée depuis 1949 sans jamais se déclarer indépendante. La Chine de Xi Jinping a intensifié sa pression diplomatique et militaire sur Taiwan au fil des années avec des exercices militaires et une rhétorique de plus en plus agressive, due surtout au lien entre Taipei et les États-Unis.
Provocations militaires
L’initiative d’encercler l’île de Taiwan est dans l’air depuis le 10 octobre, lorsque le président taïwanais Lai Ching-te (également connu sous le nom de William Lai) a déclaré que l’île « n’est pas subordonnée à la Chine » et que Pékin « n’a aucun droit ». pour représenter Taiwan », tout en évoquant une éventuelle collaboration entre les deux gouvernements, lors d’un discours prononcé à l’occasion de la fête nationale de l’île.
Pékin a donc déployé des navires de guerre, des avions et des troupes dans ce qui apparaît comme un véritable encerclement de Taïwan, empêchant l’accès et la sortie des navires et avions des principaux ports et aéroports de l’île. Ces exercices, parmi les plus importants jamais menés par Pékin autour de l’île, représentent une nouvelle escalade des tensions entre les deux rives du détroit. La Chine considère Taiwan comme une province « rebelle » et n’a jamais renoncé au recours à la force pour la ramener sous son contrôle.
L’appel de Strasbourg
Dans sa résolution, le Parlement européen a rejeté « fermement » les tentatives chinoises de « déformer l’histoire et les normes internationales ». La Chambre a critiqué les « efforts constants » de la Chine pour bloquer la participation de Taiwan aux organisations multilatérales et a appelé l’UE et ses États membres à soutenir une participation significative de Taiwan aux organisations internationales telles que l’Organisation mondiale de la santé. Les députés demandent également aux Nations Unies d’accorder aux citoyens et aux journalistes taïwanais le droit d’accéder à ses locaux.
Les députés condamnent « fermement » les déclarations du président chinois Xi Jinping selon lesquelles la République populaire de Chine n’abandonnera « jamais » le droit de recourir à la force contre Taiwan, insistant sur le fait que le recours à des mesures coercitives pour parvenir à l’unification est contraire au droit international. Les députés soulignent que seul le gouvernement démocratiquement élu de Taiwan peut représenter le peuple taïwanais sur la scène internationale et expriment leur inquiétude quant au recours par la Chine à une désinformation hostile pour saper la confiance dans la démocratie et la gouvernance de Taiwan.
Un « risque pour la sécurité mondiale »
Pour les députés, le comportement de plus en plus agressif de la Chine, notamment envers ses voisins comme le détroit de Taiwan et la mer de Chine méridionale, constitue un risque pour la sécurité régionale et mondiale. La session plénière de Strasbourg souligne la nécessité pour l’UE et ses États membres de renforcer leurs capacités maritimes dans la région. Enfin, le Parlement s’est dit préoccupé par l’engagement renouvelé de la Chine et de la Russie à renforcer davantage leurs liens militaires, condamnant la fourniture chinoise d’équipements à Moscou.