Meloni gagne du crédit (et des sièges) en Europe : parce que le Premier ministre est moins isolé

Alexis Tremblay
Alexis Tremblay

Agriculture, budget et pétitions. Ce sont les trois présidences (sur 20) obtenues par le groupe réformiste et conservateur de Giorgia Meloni dans les commissions du Parlement européen. Même si Fratelli d’Italia n’a placé aucun de ses élus aux plus hautes fonctions, elle a acquis des vice-présidences. Le porte-parole des Fratelli d’Italia à Bruxelles, Nicola Procaccini, a célébré cette journée comme une victoire sans précédent. Ses remerciements s’adressent au Parti populaire européen de centre-droit, qui a soutenu leur candidature. La majorité « Ursula 2.0 » montre ainsi d’emblée son double visage.

Sept présidences pour le PPE, cinq pour les socialistes : qui dirigera les commissions du Parlement européen

Officiellement, le Parti populaire, socialistes et libéraux gouvernent, avec le soutien extérieur des Verts. En effet, le PPE de Mandred Weber et Antonio Tajani visera durant la législature à mettre en œuvre quelques réformes avec le soutien de l’ultra-droite melonienne, de moins en moins isolée à Bruxelles. Les positions de puissance européenne restent fermées aux Patriotes pour l’Europe de Viktor Orban, Marine Le Pen et Matteo Salvini, ainsi qu’à l’Europe des nations souveraines (Ens). Aucune nomination pour les deux nouveaux groupes d’extrême droite, même s’ils comptent sur un peu plus d’eurodéputés que les conservateurs. Outre les questions liées à l’autoritarisme et à l’État de droit, ce sont surtout les relations ambiguës avec la Russie et la Chine qui pèsent lourd, comme le montre la « tournée pour la paix » du président hongrois. Pour eux le cordon sanitaire reste debout, mais combien de temps va-t-il durer ?

Le « tatouage » de Procaccini.

« Aujourd’hui, au Parlement européen, nous avons voté pour l’élection des présidents et vice-présidents des commissions. La gauche rouge et verte a tenté à 13 reprises de s’opposer à nos candidats. Parfois avec une seule voix, parfois avec une plus grande marge : elles ont perdu 13 fois. fois », a écrit Nicola Procaccini, porte-parole des Frères d’Italie en Europe, sur « Je remercie tous mes collègues de centre droit de nous soutenir et je souhaite le meilleur à nos 13 élus. Je vais me faire tatouer le chiffre 13 », a ajouté l’exposant de la Fdi. Les trois présidences obtenues par les conservateurs sont celle du Budget, où a été élu le Belge Johan Van Overtveldt (Nieuw-Vlaamse Alliantie).

La Tchèque Veronika Vrecionová a été élue à l’Agriculture. Enfin, le Polonais Bogdan Rzońca est le nouveau président de la commission des pétitions. Ce dernier point ne doit pas être sous-estimé, étant donné que les propositions législatives basées sur des initiatives des citoyens européens transitent par ici. On se souvient par exemple de la pétition sur l’interdiction des cages pour les oiseaux en élevage intensif et celle sur la protection des abeilles qui avait suscité une révision de la réglementation sur les pesticides (plus tard enterrée par von der Leyen).

Les postes des Frères d’Italie

Six Italiens de Fratelli d’Italia (Ecr) ont obtenu des postes de vice-président : Alberico Gambino (Commission des Affaires étrangères et sous-commission de sécurité et de défense) ; Pietro Fiocchi (Environnement, santé publique et sécurité alimentaire), Elena Donazzan (Industrie, recherche et énergie), Francesco Ventola (Développement régional), Milazzo (Pêche) et Mario Mantovani (Commission juridique). Une récolte considérable, si l’on y ajoute les deux vice-présidences du Parlement remportées lors de la session plénière de la semaine dernière, dont l’une est revenue à l’Italienne Antonella Sberna. Lors de la législature précédente, les conservateurs n’avaient qu’un vice-président et présidaient uniquement la commission du budget.

Les Patriotes d’Orban punis

Le groupe Ecr franchit ainsi une nouvelle étape en dehors du « cordon sanitaire » qui, bien que partiellement resserré autour de lui, notamment en raison de la présence dans ses rangs du parti polonais Droit et Justice, courtisé par les Patriotes mais dans le Finalement, il a décidé de rester avec les conservateurs. Le groupe politique fondé par Orban a protesté, contestant cette méthode qui les exclut malgré les 84 sièges remportés aux dernières élections européennes. Après le coup porté par le plus haut diplomate européen Josep Borrell, qui a volé une importante réunion des ministres des Affaires étrangères à Budapest, les groupes parlementaires ont également décidé de tabasser Orban et les partis d’extrême droite rassemblés autour de lui.

Meloni gagne du crédit en Europe

Giorgia Meloni, la présidente des conservateurs, est arrivée en tête des élections pour ces postes. Au moins en Europe, le Premier ministre a investi ces deux années pour gagner en crédibilité en tant que modéré. Ursula von der Leyen ne l’a pas incluse dans les négociations pour le meilleurs emploisni officiellement dans sa majorité, mais la Première ministre italienne a désormais placé ses pions dans les noyaux de pouvoir des institutions européennes et ses conservateurs pourraient être décisifs sur certains dossiers (agriculture, défense et migration en premier lieu).

L’adhésion du Mouvement 5 Etoiles à La Gauche porte ses premiers fruits

Les polémiques autour des sièges attribués par l’ECR n’ont pas manqué. Les Verts ont protesté contre l’élection du Suédois Charlie Weimers comme vice-président aux libertés civiles, accusé de racisme. Les votes au scrutin secret ont été décisifs pour l’élection des conservateurs aux commissions, une méthode qui a récompensé leurs efforts. Les députés populaires, pouvant voter librement et évitant le contrôle du public, les ont soutenus. Avec tout le respect que je dois à la majorité officielle voulue par von der Leyen.