Massacre à l’université, notre terroriste armé par la politique
David Kozak, 24 ans, au lieu de penser à la vie, a planifié la mort de nombreuses personnes. Et après avoir tué son père, il a réussi : 14 innocents tués comme dans un jeu vidéo, 9 grièvement blessés, sans compter d’autres touristes et étudiants frappés le long des avenues et des couloirs de l’Université de Prague. Puis la balle qui l’a arrêté. Imaginons maintenant qu’au lieu de ce fusil d’assaut, avec trépied, monocle et chargeur long, David Kozak n’ait eu à sa disposition qu’un couteau de cuisine. Un couteau avec une lame simple, comme celles que nous utilisons chez nous. Peut-être qu’il aurait tué son père. Peut-être qu’il aurait attaqué certains étudiants. Mais nous ne serions pas confrontés à un énième massacre causé par un fusil automatique. Quelqu’un a utilisé son esprit paranoïaque comme une arme. Et ce quelqu’un, c’est l’État : s’il est vrai, comme le montrent les premières enquêtes, que ce terroriste d’à côté possédait légalement plusieurs armes.
Ce n’est pas un hasard si la tragédie se produit en République tchèque, le pays européen où il est très facile pour les citoyens d’acheter des armes et de les porter en public. L’idée est que la libre circulation des pistolets, des mitraillettes et des fusils protège les gens de la criminalité. Le modèle tchèque est même présenté comme un objectif de référence par les lobbies de l’armement qui parcourent les couloirs de l’Union européenne, pour tenter de faire adopter des réglementations plus permissives. Que les organes de sécurité d’un État soient armés, depuis la police locale jusqu’aux forces de défense, est une garantie de la liberté de tous les citoyens. Et il est normal que les représentants des producteurs agissent pour que les États actualisent leurs approvisionnements.
Mais si nous étendons ce pouvoir à des habitants individuels, nous augmentons le risque que tout le monde ne soit pas à la hauteur de son rôle. Les politiques qui ont approuvé la libre circulation des armes, ou qui tentent de la faire approuver dans des pays où elle est encore interdite (comme c’est le cas en Italie), ne peuvent en effet garantir que tous les détenteurs sont équilibrés et sains d’esprit. Et qu’ils le soient toujours, même dans les années à venir. Les victimes de David Kozak démontrent que les contrôles, s’ils ont jamais existé, n’arrêtent pas les abus, les meurtres et les massacres.
L’été dernier, depuis Bruxelles, Alessia Capasso a rendu compte sur Today.it de l’activité de Firearms United, l’un des lobbys les plus actifs. Leurs modèles sont, par coïncidence, la République tchèque et les États-Unis. Outre ce dernier massacre à Prague, les précédents américains devraient écarter toute idée de justice fondée sur la prolifération des armes au sein de la population. Au cours des sept années comprises entre 2015 et 2022, 19 000 personnes aux États-Unis ont été touchées, blessées ou tuées lors d’une fusillade de masse : c’est-à-dire lors d’une attaque délibérée et non d’une réaction d’auto-défense. Et rien qu’en 2021, il y a eu 48 830 victimes d’armes à feu (données de l’association Everytown).
Le lobby réclame plus d’armes – par Alessia Capasso
Cet immense massacre n’a évidemment pas réduit la criminalité aux États-Unis. Cela augmentait simplement le risque d’être tué. À l’école, à l’université, en faisant du shopping. Comme cela s’est déjà produit en République tchèque : Ville d’Uhersky Brod, 2015 : un client d’un restaurant tire sur sept hommes et une femme, tous morts, puis se suicide. Ostrava, 2019 : un homme tue sept personnes dans la salle d’attente d’un hôpital. Il y a aujourd’hui plus de 307 000 citoyens tchèques armés sur 10 millions d’habitants. Ils possèdent plus de 900 000 armes à feu. Et l’un d’eux vient d’offrir davantage de victimes à la politique de justice DIY.
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