Est-il facile de changer d’avis ? Influence sociale dans les groupes

Alexis Tremblay
Alexis Tremblay

L’influence sociale c’est ce mécanisme psychologique selon lequel notre comportement est conditionné par l’attitude, la présence des autres et les normes et conventions partagées par le groupe auquel nous appartenons. Cela se produit aussi bien dans des groupes très petits (l’influence sociale que nos camarades de classe peuvent avoir dans le choix de notre trousse) que dans des groupes beaucoup plus grands (où l’influence sociale ne concerne pas seulement le comportement quotidien mais peut également englober les croyances et les aspects culturels).

L’influence sociale n’est pas nécessairement positive ou négative : il s’agit d’un processus psychosocial qui a sa propre logique et ses propres motivations, même s’il représente, dans certains cas, un instrument d’abus et de violence.

Qu’est-ce que l’influence sociale

Nous avons dit que l’influence sociale est le processus par lequel le destinataire modifie sa propre attitude, mais aussi ses propres idées ou sentiments en fonction des pensées ou du comportement des autres. Cependant, la meilleure façon de comprendre de quoi nous parlons est de l’expliquer à l’aide d’un exemple.

Nous pensons ressentir une envie imparable de nous curer le nez : si nous sommes dans un bus, nous n’oserons probablement jamais le faire, car on nous a appris que certaines choses ne doivent pas être faites (surtout en public). Nous ne le ferions probablement même pas à la maison, car l’idée que notre mère pourrait nous surprendre à nous curer le nez et à nous gronder nous fait abandonner.

Cet exemple trivial nous montre que l’influence des autres peut s’exercer sur nous même lorsque nous ne pouvons pas voir les autres et ils ne sont pas là à côté de nous. La psychologie sociale nous explique que nos pensées, nos sentiments et nos comportements sont effectivement influencé à la fois par la présence objective et imaginée ou implicite des autres.

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Lorsque nous sommes en public, nous adhérons à certaines normes, c’est-à-dire un ensemble de comportements acceptés dans un contexte donné. Même les idées et les opinions que nous exprimons devant les autres sont affectées : le psychologue social M. Sherif a démontré que lorsque les gens sont seuls à exprimer des jugements, ils utilisent leurs propres évaluations personnelles, vice versa, lorsque nous faisons partie d’un groupe, nous utilisons une gamme de jugements en ligne avec ceux des autres membres, c’est-à-dire que nous nous basons sur un « schéma de référence ». Dans ces situations, les positions/jugements reconnus comme communs, centraux et moyens sont considérés comme plus corrects que les positions marginales ou extrêmes et donc préférables.

La présence d’autrui peut également avoir un effet inhibiteur : on parle d’inertie sociale lorsque l’on constate une diminution de l’engagement à accomplir une tâche lorsque l’on est en groupe, par rapport à l’action individuelle.

Influence informationnelle et normative

Au départ, on pensait que ceux qui se conformaient étaient nécessairement des personnes ayant une faible estime de soi, avec un fort besoin de soutien ou d’approbation des autres, en réalité le La conformité dépend davantage de facteurs « situationnels » que « personnels ». En effet, l’effet conformiste tend à s’atténuer lorsque les tâches assignées sont claires, lorsqu’on n’est pas sous surveillance et lorsqu’il y a un manque d’uniformité au sein du groupe considéré comme majoritaire.

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Nous avons tendance à nous fier aux opinions de groupe lorsque :

  • nous nous trouvons dans des situations ambiguës, incertaines ou confuses et nous adaptons notre attitude à celle des autres, prenant le comportement des autres comme « source d’information » (influence informationnelle);
  • nous nous sentons sous la pression sociale et voulons éviter l’exclusion sociale ou obtenir le maximum d’avantages auprès des autres (influence réglementaire).

Il ne faut toutefois pas oublier que l’influence n’est pas seulement exercée par la majorité. Même les minorités, sous certaines conditions, sont capables de changer d’opinion au sein d’un groupe.

L’expérience de Sherif sur l’influence sociale

Sherif recrée en laboratoire les conditions d’ambiguïté et d’incertitude dans lesquelles nous prenons des décisions ou devons exprimer chaque jour des opinions.

  • Objectif de l’expérience : comprendre comment se forment les normes sociales
  • Effet autocinétique : Sherif crée une illusion d’optique qui donne l’impression qu’un point lumineux fixe, dans un environnement sombre, est en mouvement.
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  • Déroulement : les participants devaient dire si le point lumineux bougeait ou non.

Lors de la PHASE I, les participants ont donné leurs réponses individuellement ; dans la PHASE II, les participants ont fait l’estimation en groupes. En séance individuelle (phase I), les participants développent leur propre « norme » individuelle., différent de celui des autres. Lors des séances de groupe (phase II), les participants avaient tendance à abandonner sa position en convergeant vers une opinion de groupe sur le mouvement du point lumineux.

Sherif réitère l’expérience en inversant les conditions expérimentales : les participants ont fait la première estimation en groupe puis seuls. Dans ce cas également, l’évaluation de groupe s’est avérée décisive dans les réponses, à tel point que les participants ont continué à l’utiliser même lors de la séance individuelle (acceptation privée de la norme de groupe).