« Marcello Mio » : le film sur Mastroianni ne sait pas où aller
Marcello Mio pour l'instant, il peut facilement se vanter du titre de pire film en compétition à Cannes 2024, une édition qui, à vrai dire, n'offre pas de si grandes satisfactions, grâce au désastre provoqué ces dernières années par le Covid et à la grève des catégories du secteur envers les productions. . Mais bien sûr, cet hommage au regretté Snaporaz reste un mystère quant à la manière dont il pourrait trouver sa place sur la Croisette.
Marcello Mio – l'intrigue
Marcello Mio dès le début, c'est du métacinéma, du moins en théorie, et il tente de combiner réalité et fiction. Cela commence avec Chiara Mastroianni qui traverse une période compliquée d'un point de vue professionnel, avec des rôles incroyablement difficiles pour elle, qui sont presque tous liés directement ou indirectement à la figure gigantesque de ses parents : Marcello Mastroianni et Catherine Deneuve. Contrainte d'imiter le célèbre Ekberg dans un Paris endormi et gris, mise en difficulté lors d'une audition où elle se trouvait aux côtés de Fabrice Luchini, Chiara décide de devenir littéralement Marcello, de redonner vie à son père, en se promenant habillée comme lui, en imitant son père. les mouvements, les tics, le style et le discours. En outre, il retracera sur le sol italien les étapes les plus emblématiques de la carrière et de la vie de son père, décédé trop tôt en 1996. Mais ce faisant, il mettra avant tout en difficulté sa mère, Catherine Denueve, ainsi que comme ses proches comme Benjamin Biolay, Melvil Poupaud, qui ne comprennent pas la raison de cette transformation, cette obsession pour Marcello. Entre promenades nocturnes, apparitions à la télévision et rencontres occasionnelles, Chiara Mastroianni tentera de faire la paix avec cette absence, du moins pour un moment. Marcello Mio Disons d'emblée qu'il s'agissait d'une opération très intéressante en théorie, à condition évidemment qu'elle soit traitée et étudiée de manière intelligente, sensible et non seulement dérivée.
Le principal problème est que la mise en scène est confiée à Christophe Honoré, peut-être le plus fastidieux, surfait, verbeux et incohérent parmi les réalisateurs translpins de sa génération, avec qui Mastroianni avait déjà collaboré dans le passé. Le scénario lui est également confié, et malheureusement les résultats se voient, car Marcello Mio il n'a littéralement pas la moindre once d'équilibre, de sens, il se contente d'être une sorte de mise en scène désinvolte sans vie propre, autre chose que semer des idées et des hommages ici et là, sans ordre de continuité. Chiara Mastroianni essaie, mais cette union de la vérité et du mensonge qui est son principal moteur sème plus de problèmes et de questions sans réponse qu'autre chose, au final cela devient une sorte de jeu redondant sans véritable objectif autre que quelque chose de privé, personnel mais pas très utilisable. Catherine Deneuve tente de lui redonner le charme d'antan mais tout au plus parvient-elle à se montrer insupportable pourtant maternelle. Le seul qui survit est Fabrice Luchini, aux prises avec une version de lui-même entre sans défense et appréhendée. Marcello Mio essayez de nous raconter du mieux que vous pouvez qui était cet acteur sagace, indolent, très intelligent et sensible, dont l'absence était quelque chose de dévastateur pour ceux qui l'aimaient, pour Chiara et sa famille. Mais même là, le film d'Honoré perd la clé du problème, devenant à certains moments si superficiel qu'il en devient pour le moins irritant et repoussant.
Un fonctionnement cinématique incohérent et gênant
Marcello Mio a deux moments vraiment insupportables. La première, c'est lorsque Chiara Mastroianni se retrouve dans un studio de la Rai, un talk-show pour femmes au foyer de Voghera où Stefania Sandrelli, absolument apathique, doit choisir le meilleur sosie de Marcello Mastroianni. Ce sont des moments entre la sculpture et le La dame de Lory Del Santo que nous ne souhaitons pas qu'aucun spectateur puisse expérimenter de première main, avec une mise en scène, un jeu d'acteurs si bas qu'il est difficile d'y croire. Puis il y a la fin avec la famille au bord de la mer, Chiara qui laisse Marcello sur le rivage et part nager, poursuivie dans l'eau par les autres, dont un petit soldat anglais qui ne comprend pas exactement comment il fait pour se déplacer partout où il veut toujours. Entre deux un peu d'ironie, Mastroianni qui tente avec un fanatisme de samouraï de donner un sens à tout cela, de nous parler de sa vie, ou plutôt de leur vie, avec et sans Marcello. Ils ne comprennent finalement pas qui il était, et c'est un autre problème du film, qui ne sait pas ou ne veut pas trouver un chemin narratif réel. Marcello Mio en gros, c'est une série de scènes stylées qui tentent de faire rire, de semer des souvenirs et de célébrer un style perdu d'un cinéma perdu. Mais ce qui en ressort est sans véritable fil conducteur, sans raison qui dépasse la simple vanité personnelle.
Mais comment a-t-il fait Marcello Mio se retrouver dans ce Cannes 2024 même en compétition ? Honoré a portes ouvertes quand même ici, la production est plus française qu'italienne, cela a aussi son poids pour eux, les Français, qui pour le meilleur ou pour le pire pensent que Marcello est aussi un peu transalpin. Sans surprise, lors de l'avant-première, alors que la salle se vidait naturellement pendant la projection, les seuls à en profiter étaient les Français. Marcello Mio c'est un film français pour les Français, il est dans son caractère bourgeois, ennuyeux, opiniâtre sans même faire semblant de ne pas l'être. Bien sûr, avec les désastres provoqués d'abord par le Covid puis par la grève des scénaristes et des acteurs, il n'était pas difficile d'imaginer que le fond du tonneau serait gratté pour constituer une sélection numériquement suffisante. Mais on doute que même dans des conditions optimales, ce film si plein de défauts, si froid et dépourvu de cette chaleur que Marcello Mastroianni a su transmettre dans La Dolce Vita, Divorzio all'Italiana, La Terrazza, 8 1/2 aurait trouvé espace. Une belle occasion manquée, un film qui ne donne rien au spectateur si ce n'est l'impression d'un monde qui reste autoréférentiel, sans que personne ne prenne la peine de nous expliquer quoi que ce soit. Mais le style ne suffit pas, il ne peut pas suffire, tout comme la noble intention de nous parler de l'homme et de l'artiste ne peut pas suffire, car en fin de compte la structure qui était imparfaite dès le départ ne nous dit rien sur l'homme et sur l'artiste. autre. . De loin le pire film vu à Cannes 2024, et même le vrai Marcello n'aurait pas trouvé de quoi rire.
Note : 4