Majorité alternative de Meloni en Europe : « Non à la gauche et aux alliés de Salvini »

Alexis Tremblay
Alexis Tremblay

Non à une coalition avec la gauche. Mais pas même une alliance à droite avec toute l’équipe des souverainistes européens de Matteo Salvini. La Première ministre Giorgia Meloni fixe les enjeux en vue des élections européennes qui auront lieu en juin. Ci-dessous se trouvent l’équilibre des pouvoirs au sein de la Chambre européenne, mais surtout la composition de la prochaine Commission européenne.

Les deux institutions sont actuellement gouvernées par une majorité composée du Parti populaire du PPE (centre-droit), des Socialistes et Démocrates (centre-gauche) et des libéraux du président français Emmanuel Macron. Il s’agit de la « majorité Ursula », du nom de la présidente de l’exécutif européen von der Leyen. Une majorité qui, ces dernières années, s’est surtout soutenue en formant un axe avec les écologistes, les Verts européens, mais qui est progressivement entrée en crise ces derniers temps. Des éléments du populaire et des libéraux se sont rangés du côté des conservateurs dirigés par Meloni lui-même. Et c’est cette « majorité alternative » que vise le premier ministre italien.

Cette majorité « a démontré qu’elle pouvait exister », a expliqué Meloni lors de la conférence de presse de fin d’année (retardée pour raisons sanitaires). « Je pense à la transition verte ou à la migration », a-t-il ajouté, faisant référence au Pacte sur la migration et l’asile, et aux votes du Parlement fin 2023 qui ont édulcoré les projets de loi sur les maisons et emballages verts, et bloqué celui sur les pesticides. Des votes dans lesquels, à vrai dire, Identité et Démocratie (ID), le groupe de souverainistes dont fait partie la Ligue, a également joué un rôle.

Meloni sait que les sondages projettent Fratelli d’Italia avec 30 sièges, soit cinq de plus que les actuels, et que son groupe, celui des conservateurs de l’ECR, pourrait également être la troisième force au Parlement. Mais il sait aussi que pour l’instant seule l’alliance entre le PPE, les socialistes et les libéraux peut avoir une chance concrète de former une majorité à la Chambre européenne. Le Premier ministre souhaite-t-il rejoindre cette coalition, comme l’accusent certains membres de la Ligue ? « Je n’ai jamais voulu faire une alliance parlementaire avec la gauche, ni en Italie ni en Europe », a coupé Meloni.

Il pourrait aussi y avoir l’hypothèse défendue par Salvini : des souverainistes et des conservateurs aux côtés des populaires et des libéraux de droite. Mais c’est une voie sur laquelle la Première ministre italienne elle-même fixe des limites : dans la majorité qu’elle envisage, il ne semble pas y avoir de place pour l’Id dans son ensemble, du moins pas pour les Allemands de l’AfD. « Il me semble clair qu’avec l’Afd, il y a des distances insurmontables, à commencer par la question des relations avec la Russie », a-t-il déclaré.

Dire non à la gauche et à l’extrême droite, jusqu’à présent, ne signifie qu’une chose : la stratégie de Meloni est de rester nominalement en dehors de la majorité du Parlement européen, et de l’influencer de l’extérieur, peut-être en formant un axe avec les souverainistes, comme cela a été fait l’année dernière. « La Commission est différente », a déclaré la Première ministre elle-même.

Ici, Meloni veut clairement jouer un rôle de premier plan : « Je crois que l’Italie a ce qu’il faut pour jouer un rôle important à la hauteur de son poids », a-t-il expliqué. Traduit : le Premier ministre veut un commissaire italien dans un rôle clé. Ces dernières semaines, il a été question de Mario Draghi pour remplacer von der Leyen. L’ancien gouverneur de la BCE s’est retiré de la liste des nominations, mais il aurait quand même été difficile d’imaginer le soutien de Meloni à sa position. D’autant plus que la Première ministre a construit une relation solide avec von der Leyen, dont elle devrait soutenir le nouveau rôle dans un éventuel nouveau rôle.