Les « preuves » que la Chine fournit des drones militaires à la Russie (et les conséquences possibles)

Alexis Tremblay
Alexis Tremblay

L’Union européenne dispose de preuves « concluantes » selon lesquelles des drones armés sont produits pour l’armée russe dans la région occidentale du Xinjiang en Chine et utilisés dans la guerre en Ukraine. Bruxelles a demandé des réponses à Pékin à ce sujet. C’est ce qu’ont révélé plusieurs sources diplomatiques à la presse internationale. Ces informations sensibles seront discutées par les ministres des Affaires étrangères de l’UE lors d’une réunion prévue à Bruxelles le 18 novembre. Selon certaines informations, certains des 27 États membres de l’Union exigeront de graves conséquences pour ce qui pourrait être considéré comme une forte augmentation du soutien de la Chine à l’armée russe.

Des preuves « crédibles » de la fourniture de drones chinois à Moscou

De nombreux diplomates européens, s’exprimant sous couvert d’anonymat, ont déclaré que les preuves concernant la fourniture de drones chinois à Moscou étaient « crédibles » et « convaincantes ». Ils annonceraient également qu’il y aurait de graves conséquences pour Pékin. Depuis l’invasion de l’Ukraine par la Russie en février 2022, la Chine maintient sa neutralité quant à la guerre entre Moscou et Kiev. Plusieurs sources ont déclaré que les nouveaux éléments de preuve démontraient que la République populaire de Chine ne pouvait plus revendiquer son implication dans le conflit.

Tout au long de la guerre, Bruxelles a exhorté la Chine à condamner l’invasion russe et a insisté sur le fait que fournir un soutien militaire à Moscou serait une « ligne rouge » à ne pas franchir. Les inquiétudes concernant la fourniture par la Chine de produits à double usage à la Russie, c’est-à-dire ceux à usage à la fois civil et militaire, existent depuis longtemps. La fourniture directe d’armes porterait cependant le soutien chinois au président russe Vladimir Poutine à un autre niveau.

Le cas du drone Garpiya

Selon plusieurs sources, les Etats européens ont soulevé la question auprès de Pékin et sont prêts à prendre des mesures décisives pour punir la Chine si la réponse n’est pas satisfaisante. En septembre, un rapport du Reuters qui citait les agences de renseignement européennes, a découvert qu’IEMZ Kupol, une filiale de la société d’armement russe Almaz-Antey, avait développé et testé en vol un nouveau modèle de drone appelé Garpiya-3 (G3) en Chine avec l’aide de spécialistes locaux. Dans une mise à jour adressée au ministère russe de la Défense, la société a déclaré qu’elle pourrait « produire des drones à grande échelle dans une usine en Chine, afin que les armes puissent être utilisées dans « l’opération militaire spéciale » en Ukraine », le terme utilisé par Moscou pour désigner le guerre, il avait rapporté Reuters.

Quelles conséquences pourrait-il y avoir sur les relations entre la Chine et l’UE ?

Les relations entre l’UE et la Chine sont depuis un certain temps dans une situation très instable, tant sur le plan géopolitique que commercial, notamment après l’adoption de droits de douane sur les voitures électriques chinoises importées dans l’UE. Certains experts pensent que Bruxelles pourrait augmenter les sanctions contre les entreprises chinoises si le problème des drones se confirmait. D’autres estiment que les États membres pourraient recourir à des mesures punitives plus sévères.

Jusqu’à présent, l’UE a sanctionné un nombre relativement restreint d’entreprises basées en Chine continentale ou à Hong Kong pour avoir prétendument dirigé des biens à double usage, fabriqués en Europe, vers des acheteurs militaires russes. La réexportation vers la Russie est interdite par la réglementation européenne. La mission chinoise auprès de l’Union européenne n’a pas immédiatement répondu à une demande de commentaires. Le mois dernier, les États-Unis ont imposé des sanctions à deux fournisseurs chinois de drones et à leurs prétendus partenaires russes pour avoir collaboré à la production de la série de drones à longue portée « Garpiya ».