Les 10 meilleurs films de 2024, pour de vrai
Un Top 10 pour une autre année de cinéma qui touche à sa fin, une autre année qui nous a laissé de grandes émotions sur grand écran, en passant par tous les genres possibles, y compris la science-fiction, le thriller, la comédie dramatique, l’horreur et bien plus encore. Mais quels ont été les 10 meilleurs films de l’année ? La réponse est cependant difficile, ce Top 10 qui suit comprend des titres qui ont certainement su se démarquer, être désignés par la critique comme des œuvres cinématographiques d’une grande signification, esthétique et originalité.
Le fond
« La Substance » de Coralie Fargeat est l’un des films candidats les plus importants de l’année. Présentée au Festival de Cannes, la comédie d’horreur corporelle avec Demi Moore, Margaret Qualley et Dennis Quaid a su faire l’unanimité de la critique et du public, par son ironie, son ambiance à mi-chemin entre grotesque et réel. Critique ponctuelle et cinglante de la société des images et des apparences, clair hommage au cinéma de Yuzna, Cronenberg, Kubrick, aux films de genre des années 80, « The Substance » sait pourtant très bien marcher sur ses propres jambes, mettant en scène une comédie dramatique d’où émerge une image pas si métaphorique sur la tragédie d’être une femme dans une civilisation centrée sur les hommes. Prix du scénario à Cannes 2024 et une capacité unique à marquer les esprits, à savoir remettre l’expérimentation au centre de tout.
Anora
Le grand gagnant de Cannes 2024 a été le film de Sean Baker. Drame dédié au monde des travailleuses du sexe, « Anora » est un film d’une intelligence et d’une sensibilité uniques, il sait nous faire participer à la vie sordide du protagoniste, Anora (Mikey Madison) et comment la rencontre avec le jeune Ivan (Mark Ejdel’štejn), fils d’oligarques russes, deviendra à ses yeux l’occasion de changer de vie. Cela n’arrivera pas, mais nous ne le saurons qu’après une journée infernale de disputes, de cris, de regrets et de larmes. « Anora » a remporté la Palme d’Or et est candidate pour être une protagoniste majeure aux Oscars et aux Golden Globes. À l’heure où la narration féminine règne en maître, souvent de manière rhétorique, ce film a le mérite de nous faire regarder l’essence de la vraie vie, de notre monde, de ce que signifie affronter le pire du quotidien.
Émilie Pérez
Autre titre arrivé de Cannes 2024, « Emilia Perez » est un mélange exquis de genres, où comédies musicales, comédie, cinéma civil et mélodrame se réunissent pour transmettre une œuvre d’une grande puissance émotionnelle. Un trafiquant de drogue qui rêve de changer de vie et de devenir une femme (Karla Sofía Gascón), une avocate indécise sur la façon de se comporter avec elle (Zoe Saldana), son ex-femme qui ignore tout (Selena Gomez) et son amant prêt pour profiter de la situation (Edgar Ramirez). « Emilia Perez » est un film plein d’énergie toujours prêt à changer de forme, il aborde des thèmes dramatiques comme la violence de genre, le trafic de drogue, les disparus causés par la lutte entre les cartels de la drogue, la difficulté d’être une femme ou pire encore une individu non binaire. Prix du Jury et prix féminin pour l’ensemble du casting. Faites également attention ici à ce que décide l’Académie.
Guerre civile
Le grand film politique de notre époque. « Civil War » confirme qu’Alex Garland est un réalisateur audacieux comme peu d’autres. Une guerre civile aux États-Unis, un pays traversé par la mort et la destruction comme dans les Balkans des années 90, un groupe de journalistes tentant d’atteindre un Washington prêt à tomber, d’immortaliser l’histoire qui passe à travers leurs objectifs. Film d’une complexité thématique, visuelle et atmosphérique tout simplement inégalée, « Civil War » est le portrait parfait d’une Amérique divisée comme jamais auparavant depuis la guerre civile, de la haine et de la violence qui l’ont toujours caractérisée et ont éclaté périodiquement. Histoire visuelle brute, violente et extraordinaire dans laquelle le rôle du récit à travers les images est au centre, elle est rehaussée par les performances de Kirsten Dunst, Wagner Moura, Cailee Spaeny et Stephen McKinley Henderson.
Nosferatu
Robert Eggers fait revivre le chef-d’œuvre de Murnau de 1922, qui a également fait l’objet d’un grand remake de Herzog en 1979. Il y avait de grands doutes et perplexités, mais « Nosferatu » est un véritable joyau, un film dans lequel l’horreur classique, littéraire ou sinon, revient régner en maître et avec lui, une analyse sans fioritures de nos peurs de l’ailleurs, de l’inconnu. Film d’une élégance presque oppressante, « Nosferatu » est une œuvre sur le mal au sens universel, partant du folklore est-européen, du Dracula de Murnau sous le faux nom, pour nous guider dans une métaphore de l’oppression de genre, du sexe comme péché, de bigoterie dictatoriale. Nicholas Hoult, Lily-Rose Depp, Willem Dafore et Simon McBurney sont excellents, mais Bill Skarsgård est la grande star de ce cauchemar expressionniste. Des maquillages et des décors incroyables, mais aussi une utilisation extrêmement élégante de la lumière et du son.
Juré numéro 2
Clint Eastwood est de retour, avec son élégance, son cinéma fait de thèmes moraux et sa volonté d’aller là où peu d’autres oseraient. « Juror Number 2 » est son meilleur film depuis des années et des années, c’est un piège pour notre raison, c’est la grande question à laquelle toute civilisation qui a tenté de se donner des lois a dû faire face : le droit et la justice sont en réalité les mêmes. ? Nicholas Hoult, Toni Collette, JK Simmons et Chris Messina sont les principaux visages de ce film en apparence minimal. Mais côté sémantique, élégance, réalisme et profondeur des personnages, « Juror Number 2 » rappelle pourquoi Clint Eastwood est et reste le dernier grand auteur américain. Un film petit dans la forme, mais vraiment puissant, vraiment important, car son sens a trop longtemps manqué sur grand écran. Top 10 bien mérité.
Nickel Garçons
Sans l’ombre d’un doute, les « Nickel Boys » seront parmi les grands protagonistes de la soirée des Golden Globes et des Oscars. D’après le roman de Colson Whitehead, réalisé par RaMell Ross, « Nickel Boys » nous entraîne dans la vie d’Elwood et Turner, deux jeunes Afro-Américains qui se rencontrent à la maison de correction Nickel en Floride en 1962, pour différentes raisons et avec des personnalités du antipodes. Tourné avec une prédilection pour l’objectif subjectif tout simplement fascinant, « Nickel Boys » est un film qui allie l’âme d’un film sur le passage à l’âge adulte à une narration civile. Tout simplement prodigieux par sa puissance et sa beauté esthétique, sa capacité à impliquer et à émouvoir des émotions profondes, « Nickel Boys » est un film qui sait aussi s’éloigner de la rhétorique facile, nous racontant une triste histoire de l’histoire américaine avec un réalisme touchant. Absolument incontournable.
Le robot sauvage
Les belles animations ne manquaient pas non plus en 2024. Dans le Top 10, « The Wild Robot » de Chris Sanders, d’après le roman du même nom illustré par Peter Brown, ne pouvait manquer de se faire une place. Un robot polyvalent qui se retrouve sur une planète où il sera obligé de s’occuper d’une jeune oie dont il est devenu orphelin accidentellement, alors qu’autour d’eux personne ne semble vouloir de vous alors pourquoi ne pas retourner dans la société mère ? Ou y a-t-il quelque chose de plus en jeu ? « The Wild Robot » est une histoire extraordinaire sur le concept de culpabilité et de responsabilité, sur l’exclusion de ceux qui sont différents et l’autodétermination, élevée par une dimension visuelle spectaculaire et une atmosphère qui sait alterner rires et larmes, drame et légèreté. Difficile pour lui de rater l’Oscar et le Golden Globe dans la catégorie, alors que la compétition n’est rien même en 2024.
Russes en guerre
Il y a aussi un documentaire dans le Top 10 de ce 2024. « Les Russes en guerre » d’Anastasia Trifimova a fait l’objet d’une grande polémique à Venise 2024, car il nous entraîne dans les lignes russes du front ukrainien, parmi les « mauvais les gars » ou du moins ceux qui devraient l’être. « Les Russes en guerre » est le résultat d’un incroyable travail d’enquête sur les lignes de front des régions de Donetsk et de Louhansk, où la guerre a atteint son apogée. Terrifiant pour la dure réalité des hommes du front soumis à toutes sortes d’horreurs et de dangers, le documentaire est une grande histoire antimilitariste, voire antigouvernementale, nous montrant le chaos, l’anarchie et la désorganisation totale d’une armée en désarroi. d’un pays qui n’a d’autre idée que d’obéir passivement au pouvoir. Brut, inquiétant, c’est une route vers un enfer fait de sang, de morts, de solitude et de désespoir. Un chef-d’œuvre.
Dune – Deuxième partie
Le deuxième chapitre de la saga de science-fiction de Dennis Villeneuve est une autre fresque visuelle prodigieuse, un autre voyage imaginatif dans un monde pas si éloigné de notre réalité, capable d’honorer au mieux l’œuvre de Frank Herbert. Plus politiquement actuel et certainement plus passionnant que le premier chapitre, il est dominé par les grandes performances d’acteur de Timothee Chalamet, Rebecca Ferguson et Justin Butler surtout. Magnifique bande-son de Hans Zimmer, décors et costumes magnifiques mais surtout capacité à divertir sans renoncer à la profondeur, en développant ses personnages. « Dune – Part Two » mérite de figurer dans ce Top 10 car dans le Hollywood d’aujourd’hui, avoir une telle qualité artistique est de plus en plus rare, tout comme savoir nous guider vers un ailleurs qui ne donne pas l’impression d’avoir déjà été vu et je l’ai entendu mille fois.