« L’électrique n’est pas la seule chose qui peut rendre les transports plus durables, l’UE devrait écouter la science »

Alexis Tremblay
Alexis Tremblay

Un nouveau paradigme – plus durable, juste et inclusif – pour mesurer les émissions de CO2 des voitures particulières, basé non plus sur la classe Euro du moteur mais sur la détection du comportement spécifique de chaque véhicule.

Telle est la vision de The Urban Mobility Council (TUMC), le groupe de réflexion né en 2022 à l’initiative du groupe Unipol, présentée à Bruxelles au siège du Parlement européen par Matteo Laterza, PDG d’UnipolSai, et Sergio Savaresi, directeur du Département d’Information Electronique et de Bioingénierie de l’École Polytechnique de Milan. L’événement était organisé par le député européen Giuseppe Ferrandino (Renew Europe). Étaient présents, entre autres, les députés européens Maria Veronica Rossi, Massimiliano Salini et Patrizia Toia.

L’initiative, organisée par le TUMC, intervient à un moment crucial pour la politique de mobilité suite à l’adoption des deux dernières propositions législatives du paquet « Fit For 55%1 » et dans le contexte de la COP 28, la veille de la conférence « EU Journée des transports ».

Une proposition qui vient de l’Italie au Parlement européen pour apporter une contribution au débat européen et international sur le rôle des transports dans la lutte contre le changement climatique, en prenant en compte les impacts sociaux liés à l’électrification des véhicules avec le soutien des résultats de la recherche E -Private Mobility2 Index, créé en collaboration avec l’École Polytechnique de Milan. Ceux-ci prédisent que dans les prochaines années, environ 70 % des voitures à moteur thermique ne pourront pas être remplacées par des voitures électriques pour diverses raisons : autonomie, recharge, coûts de production et donc de vente, etc.

Dans ce scénario de « coexistence » entre voitures électriques et voitures à moteur à combustion interne, les résultats expérimentaux issus de la recherche « Greenbox : l’utilisation de la télématique pour un nouveau paradigme de durabilité » soulignent que toutes les voitures Euro 4 ne doivent pas être mises au rebut, et tous les Euro 6 ne sont pas vertueux.

L’impact environnemental dépend de la manière et de la fréquence d’utilisation de la voiture, mais pour saisir cette importance, il est nécessaire de passer d’un modèle basé sur la centralité de la classe de moteur Euro à un modèle centré sur le véhicule dans lequel l’individu devient un protagoniste conscient. de son rôle dans les émissions de CO2.

Le conducteur est en effet déterminant dans la quantité d’émissions produites par le véhicule : le style de conduite, la vitesse moyenne, les kilomètres parcourus, sont autant de variables capables d’influencer significativement les émissions de la voiture. En particulier, une vitesse de déplacement trop élevée ou trop faible génère, toutes choses égales par ailleurs, une augmentation significative des émissions de CO2.

Ce modèle permettrait également de ne pas limiter a priori la mobilité des personnes par rapport à une classe de motorisation Euro, mais permettrait de mesurer la contribution réelle de chaque voiture à la durabilité environnementale de la planète, par rapport à la législation existante qui exige une mise à niveau de la classe Euro.

Grâce à l’utilisation de boîtes noires – qui, dans la nouvelle vision, assumeraient le rôle de boîtes vertes – le modèle mesure en effet la création de l’effet de serre de chaque véhicule individuel (CO2), en se basant – ainsi que sur la spécifications techniques du moteur – le type de route sur laquelle vous circulez, le kilométrage, la vitesse moyenne et le style de conduite. Une mesure qui pourrait facilement être étendue à d’autres variables comme par exemple les polluants (pour les centres urbains), ou l’occupation du territoire public ou encore le risque pour les personnes.

La proposition est celle d’un nouveau paradigme de mesure des émissions de Co2 du parc de voitures particulières en circulation ; un modèle individuel capable de mesurer l’impact environnemental réel de chaque véhicule individuel, en plaçant non seulement le moteur de la voiture mais aussi le conducteur au centre de l’analyse.

Il s’agit d’un nouveau paradigme qui vise également à ne laisser personne de côté, qui n’oblige pas à la mise au rebut d’une voiture en raison de son moteur tant que les kilomètres qu’elle parcourt sont limités et que son style de conduite est « vert ». Une logique dans laquelle il faut que chaque voiture soit équipée d’un boîtier dédié et certifié, indissociable du véhicule, et que chaque automobiliste accepte que son style de conduite et les kilomètres parcourus soient mesurés.