Latin obligatoire à Sanremo, panique chez les chanteurs
La nouvelle qui a fait le plus débat cette semaine a été l’annonce du retour du latin à partir de la septième année. Je crois que le ministre de l’Éducation et du Mérite, Giuseppe Valditara, 64 ans, professeur de droit romain, a été beaucoup trop tendre dans la présentation de sa proposition de réforme scolaire.
Si l’objectif est de faire repousser nos racines assoiffées, la langue ancienne doit être introduite dès l’école maternelle. Mais le véritable test de courage serait d’imposer le latin dès cette Fête de Sanremo : après les déceptions de l’équipe nationale de football, c’est en effet la seule occasion commune qui nous fait tous, Italiens, réfléchir sur nos traditions perdues.
Les 3 points sur lesquels le ministre Valditara a raison
A part Carlo Conti à la direction : un Carolus Rationes sur scène ne serait-il pas plus élégans (cool) ? Et si nous avions déjà essayé dans le passé, même ces Carthaginois Mahmood (sur la photo ci-dessous, à droite, au Festival de Sanremo 2024) et Ghali, bien que nés dans le très latin Mediolanum, auraient pu nous chanter Pecunia, Horripilationes (en duo avec Candidus), Vestis aurea et Domus mea. Dommage que je n’y ai pas pensé avant. Quand Amadeus était là. Le présentateur contemporain, bien sûr, pas l’amant de Dieu.
Pourquoi faire perdre du temps aux étudiants et aux enseignants avec des heures supplémentaires d’enseignement d’une première et d’une deuxième langue étrangère ? Rome redeviendra la capitale du monde. Que les barbares américains, chinois et garamantes apprennent notre langage. Jusqu’à la prochaine invasion. Mais alors pourquoi persister à fournir aux garçons et aux filles ces rudiments supplémentaires du langage universel que constituent les technologies de l’information, les mathématiques et les sciences ? Aucun diaboli ars numérique actuel n’est en réalité le résultat du Made in Italy. Désolé, à propos du mémoire en Italie. Alors pourquoi y investir ? Même si, n’étant pas latiniste, j’avoue avoir abusé du barbare SermoGpt, pour obtenir les traductions approximatives diffusées dans cet article. S’il y a des erreurs, c’est la faute d’Open AI ou, comme dirait Cicéron, d’Aperta Intelligentia Artificialis.
Il y aura d’innombrables raisons de discuter. Nous ne sommes pas dans la Rome antique, mais dans l’Italie bipolaire Giorgia Meloni-Elly Schlein (oublions la traduction des noms de famille). Cependant, il y a au moins trois points et idées sur lesquels le ministre Valditara, à mon avis, devrait être soutenu :
1 – l’étude du latin au collège ne serait que facultative et servirait à mieux préparer les élèves qui souhaitent poursuivre les cours classiques : espérons que les cours porteront réellement sur la culture-littérature latine et non sur un simple enseignement mnémotechnique de règles grammaticales, comme cela arrive malheureusement dans de nombreuses écoles secondaires ;
2 – davantage de place sera accordée à la littérature, notamment à la littérature infantile, à la grammaire et à la musique. L’enseignement de la littérature dès la première année, de manière adaptée à l’âge, explique le ministre dans un entretien avec le journaldoit veiller à ce que les élèves aiment lire et apprennent à bien écrire. Contre la simplification des réseaux sociaux, toute défense de la lecture et de l’écriture « longues » est aujourd’hui la bienvenue ;
3 – la culture de la règle commence par l’étude de la grammaire, de l’ordre et de la clarté de la communication : « La clarté doit être présentée – ce sont toujours les mots du ministre – comme une forme de maîtrise de soi et aussi d’engagement respectueux envers les autres. ». Ce serait un privilège pour tout le monde.
Là où le plan peut échouer : le risque d’alimenter Maranza-City
Sur d’autres aspects, la proposition de Giuseppe Valditara (sur la photo ci-dessus, à droite, avec le président de la République, Sergio Mattarella) serait, à mon avis, contre-productive. Abolir la vaste discipline de la géohistoire – une science qui étudie les caractéristiques d’un territoire et leur évolution par rapport aux populations qui y ont vécu – équivaut à renoncer à comprendre pourquoi près de 10 pour cent de la population italienne, et peut-être une bonne partie de la camarades de classe, descendent de familles qui n’ont pas d’origine italienne.
L’alternative : moins de latin, plus d’informatique dans les lycées scientifiques
Limiter l’enseignement à l’histoire de l’Italie, de l’Europe et de l’Occident, c’est aussi générer une méconnaissance de la compréhension du monde d’aujourd’hui, des frontières et des conflits qui le traversent. Mais, en même temps, exclure (ex-claudère, exclu) cette partie de la population scolaire qui a besoin de connaître et de nous faire prendre conscience de ses origines pour être comprise, acceptée et incluse. Un très beau film de 2008 se déroulant à Paris, « La Classe » de Laurent Cantet, aborde ce thème identique. Nous sommes arrivés au même carrefour que la France a rencontré il y a vingt ans. Et il n’en a pas encore fini.
Ce qu’établit la proposition de réforme du ministre Valditara – par Daniele Tempera
La discussion sur l’importante proposition du ministre devrait en effet tenir compte des conséquences de programmes trop exclusifs. Et le risque de nourrir l’inquiétante ville de Maranza avec de nouveaux habitants : la population d’étudiants masculins, d’origine arabe mais aussi italienne, qui ont abandonné l’école il y a des années et qui sont aujourd’hui les protagonistes de violences, d’agressions et de vols. Justement pour rendre les études plus intéressantes pour tous, pourquoi ne pas introduire l’arabe classique comme option facultative dès la septième année en plus du latin ? Au moins dans certaines écoles qui en ont le plus besoin. Et peut-être supprimerait-on le latin obligatoire dans les lycées scientifiques, pour l’accompagner d’une seconde langue étrangère et de l’enseignement des langages de programmation les plus répandus. Et encore, pourquoi ne pas avancer la nomination des chaires à juin, pour que l’école reprenne réellement le 12 septembre dans toutes les matières. Pas trois mois plus tard. La tradition agricole italienne elle-même devrait nous mettre en garde contre ces dilemmes : lorsque les racines sont trop exposées, l’arbre finit par mourir.
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