La victoire de Le Pen affecte donc les ambitions de Meloni
Allié ou concurrent de la Première ministre Giorgia Meloni ? Refuge en Europe ou prêt à faire des compromis, comme l’a montré (jusqu’à présent) le leader des Frères d’Italie ? Tandis que Meloni, malgré l’excellent résultat des élections européennes, boudait son exclusion des négociations européennes, son alter ego transalpin, Marine Le Pen, rayonne grâce aux résultats du premier tour des élections françaises, avec plus de 33% de suffrages. du vote dans sa poche. Un record pour le Rassemblement national. Un effort sera encore nécessaire pour garantir que la « majorité absolue », invoquée à plusieurs reprises lors du discours du leader dans la nuit du 30 juin, soit nécessaire pour garantir une base solide au premier ministre désigné Jordan Bardella.
Le jeune « capitaine », devenu le visage de référence des élections européennes puis des législatives, est le cheval de Troie que Le Pen exploite pour conquérir le vote des jeunes générations et donner une façade plus contemporaine au parti. , grâce aux vidéos virales sur les réseaux sociaux. La responsable politique de la formation de la rue Michel-Ange à Paris reste toujours elle, l’auteur de la « dédiabolisation » (dé-diabolisation) du parti fondé par son père Jean-Marie, ce Front national d’origine néo-fasciste dont Mais elle n’a jamais rompu tous les liens. Qu’est-ce qui changerait au niveau européen si Bardella conquérait réellement l’Hôtel Matignon (siège du gouvernement) et si Le Pen prenait les rênes de l’Elysée lors de l’élection présidentielle de 2027 ?
Les souverainistes divisés en Europe
A Bruxelles, le monde d’extrême droite est en ébullition après les résultats du 9 juin. Avant les élections, Le Pen, soutenue par son allié de la Ligue du Nord Matteo Salvini, a décrété l’exclusion d’Identité et démocratie (ID) d’Alternative pour l’Allemagne, le parti allemand accusé de liens trop étroits avec la Russie et la Chine et de nostalgie nazie chez certaines de ses composantes. . Le leader du Rassemblement national a trop travaillé pour se débarrasser des stigmates d’un parti antisémite et « facho » pour tomber dans le piège d’une alliance risquée. Le président hongrois Orban vient d’annoncer la naissance d’un nouveau groupe, auquel ont déjà rejoint le parti tchèque Ano et le groupe autrichien Fpo. Les sirènes d’un grand groupe souverainiste ensorcellent le leader de la Ligue, mais la politique française risque de perdre du poids au sein d’une famille politique fondée par d’autres. Ce n’est qu’après le 7 juillet, lorsque Le Pen aura enfin toutes les cartes en main, y compris peut-être celles du gouvernement, que sa démarche sera comprise.
Meloni – Le Pen Alliance
L’hypothèse alternative pourrait voir une alliance entre ce qui reste de ID (Le Pen) et ce qui reste des Réformistes et Conservateurs (ECR), groupe dont Meloni est président. Ce dernier serait affaibli si les députés polonais du parti Droit et Justice (Pis) abandonnaient le Ecr pour aller également embrasser le leader hongrois. Le Rassemblement national et les Fratelli d’Italia (hors Ligue ?) pourraient alors décider de fonder un nouveau groupe d’extrême droite à influence italo-française, éloigné des excès d’Orban mais prêt à s’opposer, selon les opportunités, à la majorité centre-gauche et libérale. . Il ne s’agit pour l’instant que d’un eurofantasme et beaucoup dépendra de la capacité du Premier ministre italien, exclu des négociations pour les postes les plus élevés, à obtenir encore un commissaire influent. Les deux femmes d’extrême droite partent actuellement de Bruxelles à des distances différentes.
Les souverainistes se tournent vers elle, Meloni est de plus en plus seule dans l’UE
Alors que Le Pen était dans l’opposition, elle a été traitée comme une « peste » par le Parti populaire européen de centre-droit. En tant que présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, en attendant la confirmation de son rappel, s’est jointe à plusieurs reprises à Giorgia Meloni, mais a toujours répudié l’extrémisme eurosceptique du Rassemblement national. Au lieu de cela, il a salué la dirigeante italienne, grâce à ses positions claires en faveur de l’OTAN et de l’Ukraine. Si l’extrême droite arrivait au gouvernement en France, il n’est pas exclu que la dirigeante allemande change d’avis et commence à s’adoucir, comme elle l’a fait avec Meloni. Une proximité qui, entre-temps, a cependant isolé le dirigeant italien des autres groupes d’extrême droite. Tout dépendra de l’attitude de Le Pen sur les questions européennes actuelles. Sans aucun doute, la France, avec son propre gouvernement, deviendrait beaucoup plus rigide en matière de migration et de droits des réfugiés et demandeurs d’asile, après une campagne anti-«étrangers» sans précédent. La grande question concerne alors les relations avec la Russie et avec Vladimir Poutine, auquel le leader français du RN est longtemps resté lié.
Les ambiguïtés par rapport à l’Europe
Ce n’est qu’après l’invasion de l’Ukraine en février 2022 que Le Pen a tourné le dos au Kremlin, du moins dans ses déclarations officielles. Sa relation avec l’Europe reste ambiguë. Le parti n’appelle plus à quitter l’Union européenne, mais conteste par exemple l’autorité des tribunaux supranationaux comme la Cour de justice de l’UE. Dans le programme Bardella propose de « négocier » avec la Commission européenne « une dérogation au marché européen de l’électricité pour trouver un prix à l’électricité française ». D’un point de vue militaire, notamment à la lumière de la guerre en Ukraine, « il rejette tout transfert de compétences vers l’Union européenne dans les secteurs de la défense et de la diplomatie ». Si Le Pen obtient effectivement la majorité absolue tant convoitée, Paris sourira un peu moins à Bruxelles, même si la distance qui les sépare n’est qu’à une heure de train à grande vitesse.
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