la tropicalisation de la Méditerranée, ce que c'est et ses effets

Alexis Tremblay
Alexis Tremblay

Le sujet de espèces exotiques dans nos mers, c'est-à-dire des espèces (animales ou végétales) provenant d'autres habitats mettant potentiellement en danger risque l'équilibre et la biodiversité de la Méditerranée : pensez par exemple à la grande attention qui a été accordée à crabe bleu en 2022. Plus récemment, nous parlons du chien ver dans le sud de l'Italie, même s'il ne s'agit pas d'une espèce exotique, elle représente néanmoins un problème car c'est une espèce typique d'autres régions de la Méditerranée. L'invasion d'espèces exotiques en Méditerranée et les dégâts qui en résultent sont un effet de ce qu'on appelle tropicalisationce qui est principalement dû à le réchauffement climatique.

Qu’entend-on par « tropicalisation de la Méditerranée » : le sens

Quand ils disent ça la Méditerranée se tropicalise il est entendu que la Mare Nostrum se peuple d'espèces (à la fois animales et végétales) typiques des mers tropicales ou subtropicales, qui pénètrent dans la Méditerranée depuis l'océan Atlantique ou la mer Rouge. En réalité, le terme « tropicalisation » est un abus de langage : il est plus correct de parler de sudisation, car le bassin n'a pas encore acquis une physionomie tropicale, à tel point que certaines espèces prédominantes (comme les algues feuillues à la place des coraux) résistent aux changements. Une étude de 2010 compte 955 espèces « exotiques » en Méditerranée (6% de la biodiversité méditerranéenne), dont 134 sont considérées comme envahissantes.

Pourquoi la Méditerranée se tropicalise : les causes

L'entrée d'espèces tropicales dans cette région (par exemple la sériole rayée, Sériole bandéeou les algues Caulerpa taxifolia) est principalement dû au réchauffement climatique qui a parmi ses conséquences l'augmentation de la température de l'eau méditerranéen, ce qui les rend plus adaptés aux espèces répandues dans les zones climatiques plus proches des tropiques. La mer Méditerranée est particulièrement sensible au réchauffement climatique : elle s'est réchauffée 20 % plus rapide que la moyenne mondiale, devenant de plus en plus salé. Sa tropicalisation peut avoir un impact très lourd sur la faune et la flore locales, mettant en concurrence de « nouvelles » espèces avec celles déjà présentes et altérant l'équilibre délicat des habitats marins.

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Caulerpa Taxifolia

Selon une étude de l'Institut des ressources biologiques et de biotechnologie marine (IRBM), publiée dans la revue Global Change Biology, même activités humaines (trafic, pêche intensive et excessive, pollution, déchargement des navires) jouent un rôle important dans la tropicalisation de la Méditerranée. Il existe en effet des espèces introduites en Méditerranée, volontairement ou fortuitement, notamment par les eaux de cale des navires et des coques provenant des drains et des infiltrations, qui sont souvent rejetées à la mer sans aucune précaution.

Quels sont les effets de la tropicalisation de la Méditerranée : les conséquences

La sudisation de la mer Méditerranée est un phénomène qui met en péril la biodiversité marine. Voici les principaux effets de l’entrée d’espèces tropicales et subtropicales dans le bassin de Mare Nostrum :

  • Certaines espèces peuvent être envahissant et hautement destructeurs : par exemple, les poissons-lapins et les poissons-lions se propagent en Méditerranée avec des conséquences dévastatrices sur les écosystèmes indigènes.
  • L'augmentation de méduse, qui résistent plus longtemps, détruisant les activités de pêche et submergeant les plages touristiques. Le secteur de la pêche dans les pays méditerranéens, contraints d’adopter ces dernières années, est donc menacé mesures communautaires restrictives en matière de pêche et le « arrêt biologique» pour repeupler la faune marine.
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  • Risque pour prairies de posidonies, une plante aquatique menacée par le réchauffement des eaux et la montée du niveau de la mer, avec de graves conséquences sur la biodiversité et le carbone dit « bleu ». Les herbiers marins stockent 11 à 42 % des émissions de CO2 des pays méditerranéens, ils jouent donc un rôle fondamental dans la production d’oxygène. Grâce au développement de ses feuilles, la posidonie libère chaque jour jusqu'à 20 litres d'oxygène dans l'environnement pour chaque mètre carré de prairie.
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  • destruction des argonies en raison d'événements météorologiques extrêmes : c'est une sorte de corail qui joue un rôle fondamental dans de nombreux écosystèmes méditerranéens complexes. En 2018, une seule tempête dans la mer Ligure a détruit 30 % de toutes les gorgones de Ligurie.
  • La disparition du mollusque communément appelé « castagnettes »: c'est le plus grand bivalve endémique de Méditerranée et l'un des plus grands au monde, qui peut fournir des habitats essentiels à de nombreuses espèces, jusqu'à 146 différentes.

Pour toutes ces raisons, le WWF promeut une campagne pour protéger la mer Méditerranée. Le but est de s'assurer que 30% de la Méditerranée est effectivement protégée d’ici 2030. Il existe des preuves scientifiques solides qu’en augmentant la protection dans des zones clés de la Méditerranée, les habitats marins pourraient se rétablir, les stocks de poissons clés pourraient être reconstitués et nous pourrions mieux lutter contre les impacts du changement climatique.