Avant l’attaque du Hamas le 7 octobre, la réforme de la justice promue par le Premier ministre Benjamin Netanyahu avait divisé Israël, avec de vastes manifestations à travers le pays qui avaient également opposé une partie importante de l’armée au gouvernement. Des divisions mises en suspens par l’horreur du terrorisme et la guerre à Gaza. Mais une décision de la Haute Cour israélienne a ramené la controverse à la surface, tout en infligeant un coup politique sévère à Netanyahu.
Les juges constitutionnels ont en effet rejeté la loi sur la clause dite du caractère raisonnable, qui représente en quelque sorte le cœur de la réforme du premier ministre. Cette clause exige que les actions du gouvernement soient raisonnables et proportionnées. La Knesset, le parlement israélien, avait adopté une loi qui interdisait de fait à tous les tribunaux, y compris la Haute Cour, d’examiner les mesures gouvernementales sur la base de cette norme juridique.
La réaction du centre-droit a été immédiate. Le ministre israélien de la Justice, Yariv Levin, principal artisan de la réforme controversée, a accusé les juges de « prendre tous les pouvoirs en main » : la décision de la Cour « ne nous arrêtera pas », a-t-il ajouté. Plusieurs membres du parti Likoud de Netanyahu ont contesté le moment choisi pour cette condamnation, intervenue alors que la guerre à Gaza se poursuit.
En réalité, les juges n’auraient pas voulu accélérer le processus : ces derniers jours, de nombreux aperçus de la sentence ont été publiés dans les médias, ce qui a obligé la Haute Cour à clarifier. Pour l’opposant israélien Yair Lapid, cette sentence « met fin à une année difficile de conflit qui nous a déchirés de l’intérieur et conduit au pire désastre de notre histoire », à savoir l’attentat du 7 octobre qui, selon plusieurs observateurs, ont été favorisés par les erreurs du gouvernement Netanyahu, davantage axé sur la réforme de la justice que sur la sécurité du pays.
Le porte-parole des forces armées israéliennes, Daniel Hagari, l’a également clairement indiqué ces dernières heures : « Il est probable que la division de la société » provoquée par la réforme de la justice « a pu influencer le Hamas » dans sa décision d’attaquer Israël, Hagari a expliqué lors d’une conférence de presse.