Corrida et Amadeus ont réussi le test décisif
« La Corrida » de Corrado. Une combinaison sacrée et inattaquable. Au fil des années, personne n’a jamais trouvé de meilleure solution et aucun des héritiers du chef d’orchestre romain n’a jamais tenté l’exploit, car ils étaient tous conscients que l’ascension aurait été – et serait – impraticable.
« La Corrida » est Corrado pour une raison simple : c’est Corrado qui l’a fondée et qui a imaginé son esprit et son exécution. D’abord à la radio, où il est né en 1968, puis à la télévision, avec une énième résurrection mise en scène sur Nove.
Cette fois, le timonier était Amadeus, capable de recréer le climat mythologique du spectacle dès la scénographie, brillante et particulièrement évocatrice. Il est accompagné du maestro Leonardo De Amicis, une figure tout sauf marginale, étant donné que dans le programme le chef d’orchestre prend une importance presque égale à celle du présentateur. Et c’est là que « La Corrida » version 2024 marque son premier point. L’entente entre les deux – fruit d’une amitié et d’une collaboration qui dure depuis des années – a été fondamentale pour créer cette atmosphère joviale que les éditions qui ont suivi la mort de Corrado n’ont pas toujours su régénérer.
Gerry Scotti a réussi, soutenu par la présence de Roberto Pregadio (qui a aidé le public à rendre plus supportable le traumatisme causé par la mort du propriétaire historique), mais Scotti lui-même a eu du mal lorsque le relais est passé de Pregadio à Vince Tempera. Difficultés identiques en 2011 pour Flavio Insinna, épaulé par Piero Pintucci, et pour Carlo Conti, qui s’en remettait à Pinuccio Pirazzoli.
Le mérite d’Amadeus a donc été de repartir d’une équipe solide, qui a fait reconnaître et comprendre ses points forts. Et ce n’est pas un hasard si Stefano Vicario est revenu en tant que réalisateur, qui a signé le spectacle de la première à la dernière saison dirigé par Corrado.
Laissée dans un tiroir depuis 2020, lorsqu’en raison de l’explosion de la pandémie la diffusion a été arrêtée au deuxième épisode sans revenir à l’antenne, « La Corrida » est réapparue à la télévision avec une fraîcheur inattendue. Amadeus, fraîchement sorti des déceptions de « Chissà chi è », s’est montré véritablement amusé dans le nouveau contexte, donnant sa propre touche d’identité aux réactions du tabouret. Ses visages et expressions n’ont jamais imité ceux de Corrado. Ce n’est pas un facteur anodin, puisque même une légère tentative d’imitation aurait signalé son échec.
En termes d’audience, cette « Corrida » ne fut ni un échec ni un triomphe. Il a parcouru le chemin de la suffisance, dans une sorte de vide perpétuel qui ne peut qu’alimenter les regrets pour ce qui aurait été, ou aurait pu être, chez Rai. Les spectateurs ne manqueraient certainement pas ici et il n’aurait même pas été nécessaire de prolonger le spectacle jusqu’à minuit. Voilà le seul véritable défaut de ce spectacle, en même temps capable de trouver sa place dans une époque où tout est « Corrida » et où les amateurs infinis profitent de moments de popularité bien plus profitables ailleurs. C’est pourquoi, à première vue, l’impression demeure qu’ils se sont vraiment amusés lorsque des concurrents de plus de 50-60 ans sont montés sur scène. Les seuls qui, aujourd’hui, dans un monde de phénomènes sociaux, font encore preuve d’une touche tangible de spontanéité.