Dans les rangs de la Ligue, l’exclusion des souverainistes et ultranationalistes des salles de contrôle de la Chambre européenne n’a pas été très bien accueillie. Le cordon sanitaire érigé par les forces de la majorité centriste et pro-européenne est toujours debout et a empêché les représentants de l’extrême droite, dont les Patriotes (groupe de la Ligue du Nord à Strasbourg), d’accéder à des postes importants dans les commissions parlementaires.
Aujourd’hui (mardi 23 juillet), les vingt commissions et quatre sous-commissions ont élu leurs secrétariats, chacun composé d’un président et de quatre vice-présidents au maximum. Mais comme on s’y attendait, aucun de ces sièges n’a été laissé aux deux groupes de la droite radicale, à savoir les Patriotes (PFE) et l’Europe des nations souveraines (ESN).
Majorité et opposition
Le commentaire immédiat de Paolo Borchia ne laisse aucun doute sur l’état d’esprit de la patrouille de la Ligue du Nord: le chef de la délégation l’a défini comme « une attaque contre la démocratie » et « une attitude inutile de tyrans de banlieue ». Une « abomination institutionnelle » contre laquelle la Ligue du Nord promet de lutter, affirmant que « le cordon mis en place lors de la précédente législature ne nous a pas empêché de bloquer la folie euro de cette majorité et nous a fait grandir encore plus dans les urnes ».
« Renier les tâches qui appartiennent au groupe des Patriotes », lit-on dans une note de la Ligue, « qui servent également de rôle de garantie du bon fonctionnement du système parlementaire, est un geste honteux qui définit toute la rareté politique des forces qui insultent non seulement les élus, mais surtout le vote libre et démocratique de millions de citoyens européens ».
Quant aux positions obtenues par les partis qui soutiennent la majorité d’Ursula von der Leyen (Populaire, Socialistes et Libéraux, avec le soutien extérieur des Verts), Borchia a déclaré : « Ils gardent les vice-présidences, nous gardons leur dignité ». « Avec un groupe qui exprime 12% des voix dans ce Parlement – a réitéré Borchia – je veux ensuite voir comment ils pourront demander notre soutien quand ils en auront besoin », en se plaignant du fait que le Parti populaire PPE jouent avec « la gauche » alors que le nouvel hémicycle de Strasbourg est « clairement de centre droit ». Lors de la prochaine législature, a-t-il ajouté, les Patriotes « doivent être le contrepoids des Verts » pour sauvegarder l’économie et la pérennité des entreprises, qui « ont besoin de cadres réglementaires précis, non fluctuants et non idéologisés ».
L’affaire Vannacci
Mais au sein même des Patriotes, tout le monde ne semble pas être d’accord avec la ligne de la Ligue du Nord, à commencer par la possibilité d’être représenté par le principal député européen (et champion des préférences) Roberto Vannacci. Après l’élection de l’ancien Folgore comme vice-président du groupe le 8 juillet dernier, en effet, depuis Rassemblement national Par Marine Le Pen et Jordan Bardella, les doutes sur la figure du général, dont la nomination semble désormais dans la balance, se font de plus en plus insistants. Pour l’instant, officiellement, c’est toujours en place : leaffaire Vannacci est « réparable », selon les mots de Borchia, qui n’a pas voulu donner davantage d’explications aux journalistes.
D’autres membres des Patriotes ont rappelé que « la solution au problème Vannacci » (c’est les mots employés à l’époque par le chef de la délégation du RN, Jean-Paul Garraud) doit être trouvée au sein de la Ligue. Bref, le linge sale se lave en famille. Et pendant ce temps, la dixième législature risque de commencer avec un gâchis d’image indigne pour ce qui était censé être la grande internationale nationaliste.