Voici comment la Chine réagit aux tarifs douaniers de l’UE sur les voitures électriques

Alexis Tremblay
Alexis Tremblay

La réponse de la Chine est arrivée. Après que l’Union européenne a officiellement imposé des taxes supplémentaires sur les voitures électriques chinoises, Pékin a déclaré avoir porté la question devant l’Organisation mondiale du commerce (OMC). L’accusation portée contre Bruxelles est d’avoir imposé des taxes « protectionnistes » sur les voitures électriques importées de ce pays asiatique, dont le coût augmentera jusqu’à 35 pour cent.

Pour éviter cette décision, la République populaire avait déjà adopté une série de contre-mesures, en lançant des enquêtes et des restrictions sur les importations de produits laitiers, de porc et de cognac en provenance des pays de l’UE. Autant de démarches qui n’ont pas empêché l’exécutif européen d’adopter le règlement, fondé sur l’accusation selon laquelle les producteurs basés en Chine créaient une concurrence déloyale grâce aux subventions de Pékin. L’UE entend ainsi protéger l’industrie automobile européenne, qui emploie environ 14 millions de personnes, mais qui est tombée dans une crise profonde, comme le démontrent les récentes décisions prises par Volkswagen concernant la fermeture de trois usines en Allemagne.

Combien coûteront encore les voitures électriques chinoises ?

La décision était à l’étude depuis des mois, mais le 29 octobre elle a été publiée au Journal officiel de l’UE. Il s’agit de la dernière étape formelle nécessaire pour rendre opérationnelle la décision sur les tarifs sur les voitures électriques chinoises, qui entrera en vigueur le 31 octobre. Ainsi, une surtaxe pouvant aller jusqu’à 35 % sera appliquée à la taxe de 10 % déjà en vigueur sur les voitures à batterie de fabrication chinoise.

Tandis que l’Allemagne tremble à cause de la crise de Volkswagen, l’Italie réduit les financements du secteur automobile

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Crise Volkswagen : début des grèves contre les fermetures d’usines

https://www.today.it/motori/crisi-volkswagen-chiusure-scioperi-auto-elettrica.html
© Aujourd’hui

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La décision sera valable cinq ans. Le montant des surtaxes variera selon le fabricant, en fonction du niveau estimé des subventions reçues. D’un document envoyé aux pays membres le 27 septembre, il ressort que pour les voitures Tesla produites à Shanghai, les taxes supplémentaires s’élèveront à 7,8 %. Au lieu de cela, ils atteindront 17 % pour la marque BYD, 18,8 % pour Geely et 35,3 % pour SAIC. Les autres groupes ayant collaboré à l’enquête européenne devront payer une surtaxe de 20,7%, contre 35,3% pour ceux qui n’ont pas collaboré.

Pékin demande l’invalidation des tarifs douaniers de l’UE sur les véhicules électriques

Dans les pays de l’UE, la part de marché des voitures électriques chinoises a récemment explosé, passant de moins de 2 % en 2020 à plus de 14 % au deuxième trimestre de cette année. Pékin a immédiatement décidé d’invalider le règlement. « La Chine n’approuve ni n’accepte cette décision. Elle a intenté une action en justice dans le cadre du mécanisme de règlement des différends de l’Organisation mondiale du commerce (OMC) », a déclaré le 30 octobre un porte-parole du ministère chinois du Commerce.

L’Allemagne tremble à cause de la crise de Volkswagen, l’Italie réduit le financement du secteur automobile


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« La Chine continuera à prendre toutes les mesures nécessaires pour sauvegarder fermement les droits et les intérêts légitimes des entreprises chinoises », a-t-il souligné, dénonçant « l’approche protectionniste » de l’UE. Bruxelles, de son côté, maintient qu’il ne s’agit pas d’une sanction contre Pékin. La loi vise à rétablir des conditions de concurrence équitables avec les producteurs, accusés de bénéficier de subventions publiques chinoises.

Les difficiles négociations entre Bruxelles et Pékin

Toutefois, les relations entre Bruxelles et Pékin ne se sont pas arrêtées brutalement. « Nous saluons la concurrence, mais elle doit être basée sur des règles de concurrence équitables », a déclaré le commissaire au Commerce Valdis Dombrovskis, qui a qualifié les mesures européennes de « proportionnées » et « ciblées ». L’exécutif européen s’est défendu, affirmant qu’il avait mené jusqu’au bout des négociations avec le ministre chinois du Commerce Wang Wentao et Dombrovskis, pour tenter de trouver une solution convenue.

Les résultats ne sont toutefois arrivés qu’avec l’adoption du règlement. Bruxelles et Pékin ont néanmoins convenu de poursuivre les consultations. La suppression des surtaxes pourrait être obtenue si un accord était trouvé sur d’autres moyens pour compenser les effets négatifs produits par la mesure de l’UE. Le ministère chinois du Commerce a appelé Bruxelles à suivre « les principes de pragmatisme et d’équilibre », « en tenant compte des préoccupations majeures de chacun, afin de parvenir à une solution le plus rapidement possible ».

Mesures antidumping chinoises sur les porcs et le cognac

Au-delà des propos conciliants, la République populaire a déjà menacé de s’en prendre aux intérêts européens. La première réaction a été de lancer des enquêtes antidumping sur la viande de porc, importée en quantités énormes, notamment d’Espagne. Même démarche pour les produits laitiers et les spiritueux à base de vin importés d’Europe, dont le cognac, produit phare de la France. Toutes les actions visant à déstabiliser les pays de l’UE sur la base de leurs intérêts économiques spécifiques. Une stratégie qui a donné des résultats, mais seulement partiels. La réglementation tarifaire n’a pas fait l’unanimité.

L’Allemagne, ainsi que la Hongrie, la Slovaquie, la Slovénie et Malte ont voté contre les taxes proposées par la Commission, mais n’ont pas pu les rejeter. Dix États membres, dont l’Italie, la France et la Pologne, se sont prononcés en faveur de cette proposition. Douze abstentions, dont l’Espagne et la Suède. Même les constructeurs automobiles européens ne sont pas d’accord sur l’efficacité de la mesure. Le lobby automobile allemand (VDA) a fait savoir que l’UE risquait ainsi de déclencher un « conflit commercial ». En effet, certains des principaux constructeurs automobiles européens, notamment allemands, sont fortement présents en Chine, qui constitue actuellement le plus grand marché mondial pour les véhicules électriques. Les géants de l’automobile craignent donc de payer cher les tarifs douaniers anti-Chine.