Trump reconnu coupable de diffamation : il devra verser 83 millions de dollars à Jean Carroll

Alexis Tremblay
Alexis Tremblay

Nouvelle défaite judiciaire pour Donald Trump, impliqué dans la campagne électorale pour la Maison Blanche. Le magnat a été condamné au civil pour avoir diffamé (en 2019, alors qu’il était président) l’écrivain Jean Carroll, qualifiant de mensonges les accusations de viol que la femme avait portées publiquement contre le magnat. C’est ce qu’ont décidé les jurés du tribunal de Manhattan, selon lesquels les accusations de Trump avaient « causé des dommages minimes ». Trump devra dédommager Carroll à hauteur de 83,3 millions de dollars. Il s’agit d’une somme bien plus élevée que prévu : 18,3 millions sont calculés pour les millions de dommages-intérêts « compensatoires » (pour stress émotionnel, atteinte à la réputation et donc perte de revenus) et 65 millions supplémentaires pour dommages-intérêts punitifs (comme dissuasion contre de nouvelles diffamations). La défense de Carroll avait demandé 24 millions de dollars, alors que les experts avaient estimé les dommages entre 7 et 12 millions de dollars.

Il s’agit de la deuxième condamnation de Trump dans l’affaire Carrol. En mai dernier, il avait déjà été reconnu responsable des mêmes violences, ainsi que de diffamation, et contraint de payer 5 millions de dollars.

La réaction de Donald a été immédiate sur son réseau social Truth : « Absolument ridicule ! Je suis totalement en désaccord avec les deux verdicts et je ferai appel de toute cette chasse aux sorcières dirigée par Biden contre moi et le Parti républicain. Notre système judiciaire est hors de contrôle et il est en train d’être utilisé comme une arme politique. Ils ont éliminé tous les droits du premier amendement. Ce n’est pas l’Amérique ! »

Le verdict est intervenu à l’issue d’un procès très tendu, au cours duquel Trump a été menacé d’expulsion de la salle d’audience pour ses excès et ses propos bruyants contre son accusateur. L’un de ses avocats a été menacé de prison pour avoir poursuivi son discours au-delà du temps imparti.

Selon la version de la femme, le magnat a eu recours à la violence contre elle il y a près de 30 ans dans une cabine d’essayage de Bergdorf and Goodman, le grand magasin de luxe de la Cinquième Avenue à Manhattan, où il lui avait demandé conseil pour donner des sous-vêtements à un ami. « C’est un mensonge, et elle n’était même pas mon genre », s’est défendu Trumo qui a tout nié, accusant l’écrivain de rechercher de la visibilité.

« L’ancien président ne vit pas dans la peur. » C’est ce qu’a déclaré Alina Habba, l’une des avocates de Donald Trump, en répondant aux questions des journalistes qui lui demandaient si Trump avait eu peur après sa condamnation. « Je – a ajouté l’avocat Habba – je suis fier de me tenir aux côtés du président Trump. Mais je ne suis pas fier de ce qui s’est passé dans la salle d’audience ».

« C’est une immense victoire pour chaque femme qui se relève après avoir été démolie, et une énorme défaite pour tout tyran qui a tenté de maintenir une femme à terre », selon les mots de l’écrivain Jean Carroll. Le verdict, a fait écho à son avocate Roberta Kaplan, montre que personne n’est au-dessus des lois, « pas même les riches, pas même les célèbres, pas même les anciens présidents ».