Il existe des combustibles fossiles, du dioxyde de carbone, du beurre et Bill Gates dans une salle. Cela ressemble à une blague, mais ces quatre choses sont étroitement liées. La startup Saveurune société gérée par Orca Sciences et dont Bill Gates est l’un des investisseurs, a commencé à produire du beurre en laboratoire en utilisant legaz carbonique (CO2), carburants fossiles Et hydrogène (obtenu à partir decascade). Un beurre qui chimiquement et structurellement c’est identique à celui obtenu de lait ou à partir de sources légumesmais ce qu’il produit moins d’émissions de gaz à effet de serre. Les résultats sont publiés sur Durabilité de la nature.
Composition chimique du beurre
Le beurre est un aliment obtenu à partir de la partie grasse du lait animal ou d’huiles végétales. D’un point de vue chimique, c’est un mélange de triglycérides (plus de 80%, même s’il existe des beurres à faible teneur en matières grasses), de l’eau, du lactose, des protéines, du sel et d’autres substances qui garantissent leur la stabilitésinon il pourrait rancir.
LE triglycérides dont est composé le beurre sont des molécules très simples, constituées d’une molécule de glycérol lié à 3 molécules d’acides graisses. Les acides gras, quant à eux, sont constitués d’une longue chaîne d’atomes carbone e hydrogène et dont une extrémité contient 2 atomes de oxygène.
Comment a été fabriqué le beurre synthétique
Les scientifiques de Savour se sont demandés s’il ne serait pas possible de produire simplement ces longues chaînes en attachant des briques de carbone provenant d’autres sources et synthétiser en laboratoire les mêmes graisses qui composent le beurre.
Après tout, ce sont des éléments très simples que l’on retrouve un peu partout. En particulier, le carbone est abondant dans les combustibles fossiles, que nous utilisons déjà pour produire de l’énergie pour nos maisons et nos voitures, ainsi que dans le CO.2l’un des gaz qui contribue le plus à l’effet de serre et au réchauffement climatique.
Pour former les chaînes d’acides gras, le carbone vient extrait du dioxyde de carbone (ou à partir de combustibles fossiles) et a réagi lorsqu’il est chauffé avec hydrogène Et oxygène pris depuis les airs. Pour terminer le travail, il ne reste plus qu’à ajouter de l’eau, du sel et, comme le rapporte le blog de l’entreprise, un peu de bêta-carotène (déjà autorisé dans la production de beurre animal et végétal) pour reproduire la couleur typique du beurre (jaune). C’est ici chimiquementstructurellement et aussi visuellement, nous avons pratiquement un beurre égal à celui produit à partir de sources animales et végétales.
Le goût du beurre synthétique
Côté saveur, l’entreprise réalise différents tests et selon l’un des premiers dégustateurs illustres, Bill Gates, le beurre de laboratoire a la même saveur que celui de nos tables. Il a déclaré « Je n’arrive pas à croire que ce n’est pas du beurre », un peu comme dans une vieille publicité pour la margarine (beurre végétal).
Même si lorsque l’on entend le mot « synthétique », on fait le nez et on a tendance à penser au plastique, ce n’est pas le cas.
« Synthétique » ne signifie pas différent, meilleur ou pire que « naturel ». Cela signifie simplement que un chemin différent a été emprunté pour arriver à la même structure chimique. Et lorsque le résultat final est le même, le goût, l’odeur, les effets et les risques sont exactement les mêmes. En fait, les chercheurs préviennent : même saveur, même couleur… et aussi même calories !
Ce qui change et représente un tournant important, c’est laimpact environnemental et le durabilité du processus de production, un aspect fondamental à prendre en compte pour la lutte contre le changement climatique.
Impact environnemental du beurre synthétique
L’idée de créer de la nourriture sans utiliser de terres agricoles n’est pas nouvelle et fait partie de la recherche, résumée dans un article sur Durabilité de la naturepour réduire l’impact environnemental de l’agriculture en termes de exploitation du terrainl’appauvrissement de biodiversité, la consommation d’eau et les émissions de gaz à effet de serre. Comme le souligne en effet Gates, «le processus n’émet pas de gaz à effet de serre, n’utilise pas de terres agricoles et nécessite un millième de l’eau nécessaire à l’agriculture traditionnelle».
Malgré sa simplicité, en effet, le processus de production de beurre d’origine animale et végétale (par exemple à partir d’acide palmitique) nécessite beaucoup d’énergie et d’eau et peut produire de 1 à 3 g de CO2 équivalent par kcal. Cependant, pour les acides gras produits en laboratoire à partir de combustibles fossiles, moins de 1 g est produit (environ 0,8 g de CO2 eq/kcal) et si du CO est utilisé2 extraits de l’air et des sources d’énergie renouvelables sont utilisées, nous atteignons presque zéro émission nette. Une réalisation décidément intéressante !
Les prochaines étapes, estiment les chercheurs et les fondateurs de l’entreprise, seront production à grande échelle à faible coût et aux exigences requises autorisations aux organismes compétents. Peut-être que dans quelques années, en plus du choix entre beurre, margarine, beurre diététique, etc., parmi les alternatives au beurre on trouvera aussi du beurre de synthèse dans les rayons !