Qui dirigera la France après les élections législatives historiques reste un mystère. Le scrutin du 7 juillet a donné pour la première fois dans l’histoire de la Ve République une Assemblée nationale sans majorité absolue claire, même si le Nouveau Front populaire, la coalition de gauche créée pour freiner la montée de l’extrême droite, devrait représenter la force politique qui dirige le nouveau gouvernement.
Selon la coutume politique, le président Emmanuel Macron serait tenu de nommer un Premier ministre issu des rangs du plus grand parti ou coalition au Parlement. La gauche a appelé à plusieurs reprises le chef de l’Elysée à « respecter le résultat des élections législatives », en nommant un premier ministre issu du NFP. Les négociations battent leur plein et France24 a dressé une liste des profils les plus connus du bloc de gauche qui pourraient aspirer au rôle de Premier ministre.
Gabriel Attal
Le Premier ministre en poste après le 7 juillet avait démissionné, mais Macron lui a demandé de rester, ne serait-ce que temporairement. Son nom pourrait réapparaître dans le cas d’une alliance entre les macronistes de la Renaissance et les représentants des Républicains, dont il parlait le 10 juillet. Le Monde. L’objectif serait de former une coalition pour acculer la gauche.
Cette option serait soutenue par des personnalités proches du camp présidentiel (dont Edouard Philippe, Aurore Bergé et Gérald Darmanin) qui veulent éviter « à tout prix » un gouvernement de Nouveau Front populaire. Parmi les promoteurs, il y aurait aussi quelques représentants de la droite (Bruno Retailleau, Xavier Bertrand, Olivier Marleix), qui ont demandé la nomination d’un premier ministre de leur côté. À l’intérieur d’Ensemble ! Cependant, l’idée ne rencontre pas l’approbation de tous. Si cela devait se concrétiser, certains représentants du centre se sépareraient de Renaissance et pourraient opter pour un soutien extérieur au Nouveau Front populaire.
Jean-Luc Mélenchon
Symbole de la gauche « rebelle », il peut aussi se prévaloir d’une expérience ministérielle grâce à son passé au Parti socialiste, dont il s’est distancié en 2008. Mélenchon s’est présenté à la présidentielle en 2012, 2017 et 2022, obtenant des résultats chaque fois meilleurs, mais sans réussissant toujours à battre Emmanuel Macron ou Marine Le Pen.
Il a gagné les élections mais ne gouvernera pas : qui est Jean-Luc Mélenchon, le leader de gauche
Il espère cette fois les évincer à l’Hôtel Matignon, mais sa nomination est plombée par l’idée qu’il est une figure de division, même au sein de la gauche. Il suscite l’enthousiasme (et la terreur) avec ses propositions de lutte des classes et de néolibéralisme et ses promesses d’une fiscalité sévère pour les plus riches. Ce n’est pas un médiateur, mais il a des idées très claires sur la façon de faire oublier le désastre d’Emmanuel Macron.
Raphaël Glucksmann
L’homme qui a ressuscité les socialistes s’appelle Raphaël Glucksmann et, à 44 ans, il a mené son parti, rebaptisé Place publique, à un score inattendu de 14 % aux élections européennes du 9 juin. Après ce sentiment de renaissance, il est cependant absorbé par le Nouveau Front populaire, une coalition qu’il aurait probablement évitée mais que les électeurs de gauche ont bruyamment invoquée pour bloquer le Rassemblement national. Glucksmann, après une carrière journalistique, se consacre à la politique.
Son profil est celui d’une gauche modérée, qui inspire confiance aux classes moyennes et n’effraie pas les élites, ayant lui-même fréquenté des écoles prestigieuses. En politique étrangère, il est un fervent partisan de la résistance totale de l’Ukraine contre l’invasion russe. Cet élément pourrait faciliter sa nomination par Macron, garantissant une continuité politique avec le travail présidentiel, également enclin à une implication directe des armées des États de l’UE contre le Kremlin.
Marine Tondelier
La médiatrice au sein de la gauche après le 9 juin était Marine Tondelier, 37 ans. Elle a une longue expérience de l’opposition au Rassemblement national, ayant grandi dans une ville du nord de la France qui était un bastion du parti d’extrême droite. Il raconte dans un livre son expérience au sein du conseil municipal, où il a résisté aux attaques de l’administration dirigée par un maire fidèle à Marine Le Pen. Depuis 2022, elle est devenue chef du parti écologiste des Verts et elle peut aujourd’hui compter sur le soutien de 28 députés. Bien que éloigné du 74 de La France Insoumise et du 59 des socialistes, il a pu rassembler autour de son nom des soutiens inattendus.
Laurent Berger
Le nom de Laurent Berger, 55 ans, circulait déjà avant les résultats surprenants des élections. Il s’agit du profil le moins « politique », étant un ancien dirigeant d’un des principaux syndicats français, la modérée CFDT. Il a toujours été un adversaire de l’extrême droite et jouit d’une grande popularité grâce à son engagement en première ligne contre la réforme des retraites voulue par Macron, qui a suscité l’ire d’une grande partie de la population transalpine. Berger a déclaré qu’il ne souhaitait pas devenir Premier ministre, mais d’autres représentants de la gauche, dont Gluckmann, comptent sur lui pour avoir une alternative à Mélenchon et un Premier ministre jugé « fédérateur » au sein de la coalition de gauche.