Le rôle de commissaire européen à l’agriculture revient au Luxembourgeois Christophe Hansen. La nomination officielle est arrivée le 17 septembre, en même temps que celles des autres membres de l’équipe de la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen. Le nom de Hansen circulait depuis quelque temps dans les couloirs de Bruxelles, et l’annonce officielle est arrivée lors de la séance plénière à Strasbourg. Le CV de Hansen est conforme à son poste, mais sa nomination soulève encore des questions cruciales. Le nouveau commissaire est originaire d’un très petit pays et l’avant-dernier en termes de production agricole parmi les 27 États membres. Pas idéal pour quelqu’un qui devra composer avec les géants de l’agroalimentaire européen et la colère des tracteurs. Après le long hiver de l’agriculture européenne, marqué par les protestations et les concessions bruxelloises, le Luxembourgeois aura la lourde tâche de réunir producteurs, acteurs de la logistique et de la distribution, écologistes et consommateurs autour d’une vision commune dans laquelle productivité parviendra à rimer avec durabilité.
Qui est Christophe Hansen : éducation et carrière politique
Hansen remplace le Polonais Janusz Wojciechowsky, qui a beaucoup lutté pour maintenir sur le pied de guerre les rênes d’un secteur en colère. La force motrice consacrée à la qualité et à l’agroécologie de Farm to fork a été frappée par la guerre en Ukraine, la flambée des prix des engrais et la pénurie (quoique temporaire) de certaines matières premières. Une situation qui a mis Wojciechowsky en grande difficulté, compte tenu du fait que les premières protestations ont éclaté en Pologne contre l’invasion des produits ukrainiens à bas prix et l’effondrement du marché intérieur qui en a résulté. C’est maintenant au tour de Hansen. Clasee 1982, est né à Wiltz, puis est diplômé en Géosciences, sciences de l’environnement et gestion des risques à l’Université Louis Pasteur de Strasbourg (France).
Qui sont les membres les plus importants de la nouvelle Commission européenne
Il a fait ses premiers contacts avec les institutions européennes lorsqu’en 2007 il a commencé à travailler comme consultant auprès de l’eurodéputée Astrid Lulling (du Parti populaire chrétien-social) sur des questions liées à l’agriculture, à l’environnement et aux affaires économiques et monétaires. En 2014, il rejoint la Représentation permanente du Luxembourg auprès de l’UE et prépare la présidence luxembourgeoise du Conseil de l’UE (2015). Sous la présidence luxembourgeoise, il a présidé le groupe de travail du Conseil Environnement. De 2008 à 2023, il a été député européen au sein du Parti populaire européen, travaillant dans les commissions du commerce international, de l’environnement, de la santé publique et de la sécurité alimentaire. Une formation 360° sur tous les points clés touchant le secteur agroalimentaire. Lors de la dernière législature, il a été rapporteur du règlement sur la déforestation, une loi attaquée à la fois par les producteurs européens et par ceux des pays fournisseurs de matières premières hors UE. Maintenant, il la nomme commissaire. « Je travaillerai aux côtés de nos agriculteurs pour un secteur agricole prospère et durable, garantissant une alimentation sûre et saine à nos citoyens », a écrit Hansen sur X peu après sa nomination.
Quels sont les défis du nouveau commissaire à l’agriculture
Le Luxembourg ne compte que 147 000 hectares dédiés à l’agriculture. Si à l’intérieur des frontières de l’État le chiffre paraît considérable, représentant 1/3 du territoire national, il est négligeable comparé aux plus de 26 millions d’hectares de la France, aux 11 millions de l’Allemagne et aux plus de 12 millions de l’Italie. Que le portefeuille de l’Agriculture n’aurait pas appartenu à l’un des Big Four de la production rurale européenne est une coutume bien connue à Bruxelles, mais la nomination d’un commissaire issu d’un si petit État après les affrontements ouverts entre les institutions européennes et les lobbies agricoles est encore frappant de ces derniers mois. Mais il ne s’agit pas seulement de « mesures ». La Hollande est également plus petite que les autres États européens, mais elle est en fait l’un des protagonistes absolus du secteur agricole, en particulier dans le domaine des produits laitiers et de la viande, sans oublier l’avant-garde en termes d’innovation, comme dans le domaine des nouvelles techniques de génomique et de culture de viande.
Lors du mandat précédent, la Commission européenne a adopté diverses mesures pour calmer le jeu, auxquelles il faut ajouter la récente concession d’avancer les paiements directs jusqu’à 70 %. La table de Hansen a été mise par von der Leyen avec le rapport issu du dialogue sur l’avenir de l’agriculture, un document stratégique qui devrait servir de base à la prochaine politique agricole commune et à d’autres mesures à moyen terme. Mais un rapport plein de trous, notamment sur le plan financier, avec des mesures concrètes qui devront être négociées avec les États membres en fonction de leurs disponibilités financières. Il appartiendra désormais au Luxembourgeois d’achever les travaux, d’arbitrer et de trouver les ressources utiles pour éviter d’exaspérer à nouveau les tracteurs.