Pourquoi tant de mucilage marin dans l’Adriatique ? Cela dépend de la chaleur et de la pluie

Alexis Tremblay
Alexis Tremblay

Ces dernières semaines, de nombreux baigneurs et touristes ont remarqué la grande quantité de mucilage marin présent sur les côtes de l’Adriatique centrale et septentrionale, notamment dans le golfe de Trieste mais aussi dans les Marches et en Émilie-Romagne. Ce « explosion » de mucilage est due à la prolifération de microalgues (notamment Gonyaulax fragilis) qu’ils produisent polysaccharides et des protéines grâce auxquelles se forment des agrégats mucilagineux. Les mucilages ont cependant tendance à être ils ne constituent pas un danger pour la santé.

Contrairement à ce que l’on pourrait penser, en effet, le phénomène du mucilage est complètement naturel et n’a pas à voir directement avec la pollution de la mer, même si leur apparence laisse pensereau « sale ». Il s’agit essentiellement d’un agrégat gélatineux constitué de protéines et de polysaccharides produits par des micro-organismes photosynthétiques (microalgues, cyanobactéries) ou macroalgues, qui contiennent des restes de micro-organismes, des substances organiques et des débris divers. Ainsi, si les microalgues augmentent, le phénomène de mucilage aura tendance à s’intensifier.

Dans le cas de ces dernières semaines dans l’Adriatique, c’est la prolifération qui a provoqué la prolifération deux causes principales. Le premier est le températures élevées de l’eau: le mois dernier, l’Italie a été frappée par d’intenses vagues de chaleur et de plus, l’Adriatique est une mer très peu profonde, elle a donc tendance à être particulièrement chaude (un peu comme une piscine moins profonde a tendance à être plus chaude qu’une piscine plus profonde). L’autre cause contributive est l’intense afflux d’eau douce dans l’Adriatique en raison des précipitations intenses qui alternent des périodes de chaleur et de chaleur étouffante, par exemple avec des tempêtes de chaleur : il tombe plus d’eau que le sol ne peut en absorber, cette eau s’écoule et finit par se retrouver dans la mer. Un afflux d’eau douce réduit temporairement la salinité de la mer et, associé à des températures élevées, introduit des microalgues. Gonyaulax fragilis et d’autres micro-organismes en état de proliférer. De plus, ces eaux augmentent l’apport de nutriments, contribuant ainsi à la prolifération des microalgues.

En général, l’Adriatique est très sensible au phénomène de mucilage car il est particulièrement fermé, peu grand et peu profond : pour ces raisons il se réchauffe facilement, reçoit beaucoup d’eau douce du Pô et d’autres rivières et a peu de courants, ce qui provoque la prolifération du phytoplancton qui contribue à la formation de le mucilage est plus probable.

Mucilages du phytoplancton adriatique

Bien que l’on entende souvent dire aujourd’hui que le mucilage « est revenu » dans l’Adriatique, la vérité est que ils n’avaient pas disparu auparavant: le phénomène se déroule simplement vagues d’intensité en fonction des conditions climatiques et environnementales. En période de faible intensité les mucilages ne disparaissent pas forcément : on peut aussi les trouver au large, non visibles des côtes. Le phénomène est connu et documenté dans l’Adriatique depuis au moins 1729mais il est devenu particulièrement fréquent parmi années 80avec des « explosions » presque chaque année. Le réchauffement climatique, qui augmente les températures de surface des mers et de la Méditerranée en particulier, n’aide pas en ce sens.

Mucilage Adriatique Delta du Pô