Rien à faire : la France n’aura pas de nouveau gouvernement avant au moins la mi-août. Le président Emmanuel Macron s’est montré catégorique, confirmant que l’exécutif sortant dirigera les JO de Paris qui doivent débuter le 26 juillet. L’annonce du chef de l’Etat, qui renvoie effectivement la balle dans les tribunes, a provoqué de vives réactions de la gauche, qui avait péniblement réussi à proposer un candidat unifié au poste de Premier ministre après des semaines d’affrontements internes.
Affaires comme d’habitude
Quiconque pensait que le chaos politique résultant des élections législatives anticipées dans les Alpes pourrait rapidement s’atténuer devra y réfléchir à deux fois. Dans une énième intervention franche sur la politique nationale, le résident de l’Elysée a déclaré hier une France 2 qui n’acceptera pas la candidature de Lucie Castets, proposée par le front progressiste pour diriger le nouvel exécutif. Dans son premier discours télévisé après le vote, Macron a déclaré que le cabinet sortant de Gabriel Attal continuerait à gérer les affaires courantes au moins jusqu’au milieu du mois prochain. Cela inclut donc la gestion des Jeux Olympiques de Paris, qui débutent après-demain et se terminent le 11 août.
Gauche? Non, merci
La coalition variée de gauche, unie sous la bannière de Nouveau front populaire (Nfp) qui est sorti vainqueur des urnes en remportant 188 députés sur 577 au scrutinAssemblée nationale, semblait sur le point de s’effondrer en raison de désaccords programmatiques et de vetos croisés sur les profils à proposer pour le rôle de premier ministre. Jusqu’à ce que, étonnamment, les partis du NFP parviennent à s’entendre sur le nom de Castets, un économiste de 37 ans qui a travaillé pendant des années dans la capitale comme consultant économique pour l’administration publique et qui considère la réforme des retraites souhaitée comme de la fumée et des miroirs. par le président (comme toutes les forces politiques françaises sauf le centre macronien).
Mais leur proposition, arrivée quelques minutes avant le passage à l’antenne de Macron, a été rejetée d’un revers de main par le président lui-même, à qui la Constitution donne le pouvoir de nommer le chef du gouvernement. « Il est faux de dire que le Nouveau Front populaire aurait une majorité, quelle qu’elle soit », a déclaré le leader République, remettant en question le soutien que le front de gauche peut trouver dans l’hémicycle. « La question n’est pas de nom », a-t-il ajouté, mais plutôt « de quelle majorité peut émerger à l’Assemblée pour qu’un gouvernement puisse faire adopter les réformes, approuver le budget et relancer la France ».
Le PFN se lève
Comme prévu, la fermeture claire de Macron a déclenché des réactions immédiates à gauche. Castets a parlé de « déni de démocratie » et s’est dit prête à assumer ce rôle, rappelant au président ses responsabilités envers le pays : « Je suis prête, nous sommes prêts », a-t-elle déclaré à Inter Franceajoutant qu' »une coalition avec le camp présidentiel est impossible en raison de nos profondes divergences ».
Emmanuel Bompard, coordinateur de La France insoumise, le parti de gauche radicale de Jean-Luc Mélenchon qui est actionnaire majoritaire au sein du NFP, a comparé sur RTL le président de la République à un « fou retranché à l’Elysée » qui « s’accroche au pouvoir et refuse d’accepter que les Français disent son les politiques sont terminées. » Les commentaires des autres dirigeants du NFP sont également du même ton. Pour le socialiste Olivier Faure, l’acte du président était une « détournement criminel », tandis que pour l’écologiste Marine Tondelier le locataire de l’Elysée est « totalement déconnecté de la réalité ».
Le casse-tête du gouvernement
C’est le deuxième coup bas porté au front progressiste en l’espace de quelques jours. Le 19 juillet dernier, monsieur le président il avait réussi à faire réélire la présidente de la Chambre sortante, Yaël Braun-Pivet. Le député, issu du parti de Macron, Renaissance, a été reconfirmé au troisième tour avec seulement 13 voix de retard sur la gauche et grâce au soutien décisif du centre-droit. Dans une Assemblée fortement balkanisée, dans laquelle aucun des trois principaux blocs politiques ne dispose du nombre suffisant pour gouverner seul, les votes se comptent sur le fil du rasoir.
Ce qui reste du Républicains, le parti qui appartenait à Jacques Chirac et Nicolas Sarkozy et qui a implosé après la fuite d’Éric Ciotti (coupable d’avoir tenté de former un cartel électoral avec le RN), a joué avec les formations centristes qui soutiennent le président pour réélire Braun. -Pivet, mais il ne s’est pas dit disposé à former avec eux une majorité gouvernementale. L’énigme qui révélera le prochain locataire du Palazzo Matignon, siège de l’exécutif français, n’est pas encore résolue. Nous verrons. Ce qui est certain, c’est que la politique au-delà des Alpes restera encore sous les projecteurs pendant un certain temps encore.