L'Italie va-t-elle revenir au nucléaire ? Les objectifs du Gouvernement et les problèmes à résoudre

Alexis Tremblay
Alexis Tremblay

UN cadre réglementaire et un cadre réglementaire complet pour la réintroduction des centrales nucléaires en Italie d'ici la fin de la législature actuelle du gouvernement : tel est l'objectif déclaré par le ministre de l'Environnement et de la Sécurité énergétique Gilberto Pichetto Fratinde retour de G7 Environnement, Climat et Énergie dans lequel on a beaucoup parlé, entre autres, de l'énergie nucléaire, qui, dans une intervention sur Radio24, a également expliqué que le gouvernement entend se concentrer non pas sur les grandes centrales électriques de 3ème génération mais sur l'installation de réacteurs RMS (Petits réacteurs modulairesmini-réacteurs nucléaires modulaires) de 4ème génération sur le territoire italien «dans 2033» pour une utilisation dans des lieux publics et privés.

Tout cela signifie que L'énergie nucléaire reviendra-t-elle en Italie ? Nous ne pouvons pas le savoir. Ce que nous savons, c'est qu'à l'heure actuelle, le gouvernement a la volonté de le faire. Une volonté qui se heurte actuellement à deux questions majeures toujours en suspens.

Quels sont les objectifs du gouvernement pour le retour de l'énergie nucléaire en Italie

Le 27 avril, le ministre Pichetto Fratin a nommé le juriste Giovanni Guzzetta démarrer une groupe de travail lancer un nouveau cadre réglementaire sur l’énergie nucléaire italienne. Après le référendum de 1987 qui a rejeté l'énergie nucléaire, en effet, dans notre pays, il n'existe plus de règles ni de réglementations concernant les autorisations des centrales, leur gestion et leur sécurité.

Le gouvernement serait en contact avec Newcléoune entreprise italienne qui travaille sur les réacteurs SMR de 4ème génération, notamment le réacteur LFR-AS-200 depuis 200 MW refroidi au plomb liquide, qui pourrait être prêt pour le 2033. Toutefois, pour que les opérations sur le sol italien soient possibles, un cadre juridique repensé ad hoc est nécessaire, ce qui est précisément l'objectif du gouvernement.

Opinion publique italienne : ce que dit la dernière enquête SWG

La première grande question non résolue liée à l'énergie nucléaire en Italie est laopinion publique, qui est notoirement très divisé. Nos compatriotes se sont prononcés contre le nucléaire lors de deux référendums spécifiques, en 1987 C'est dans le 2011. Or, dans les deux cas, nous parlions de grandes centrales nucléaires de 3e génération, alors que le gouvernement vise des petits réacteurs de 4e génération.

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L'ancienne centrale nucléaire de Caorso, en Émilie-Romagne, active jusqu'en 1986. Crédits : Simone Ramella de Rome, Italie, CC BY 2.0, via Wikimedia Commons.

Il convient ici de clarifier de quoi nous parlons exactement, car il y a beaucoup de confusion : lorsque nous parlons de centrales nucléaires, nous ne devons pas confondre les génération et le couper, qui sont deux choses différentes. Par exemple, les réacteurs SMR sont de petite taille, mais pas nécessairement de 4ème génération. On peut donc avoir des SMR de 3ème et 4ème génération, ainsi que des grands systèmes de 3ème et 4ème génération. Aujourd’hui, l’énergie nucléaire dans le monde repose principalement sur des centrales de troisième génération et à grande échelle, contre lesquelles les Italiens se sont historiquement déclarés.

Cependant, si l'on parle d'énergie nucléaire de nouvelle génération, la dernière enquête de l'entreprise SWG spécialisé dans les enquêtes présentées sur 15 Avril et montre que le 51% des Italiens voteraient actuellement « oui » à un hypothétique référendum pour la construction de centrales électriques de 4e génération, contre un 26% qui voterait « non ». En particulier, 24% déclarent «je voterais certainement pour» et 27% «je pense que je voterais pour», tandis que 10% déclarent «je pense que je voterais contre» et 16% «je voterais certainement contre». L'enquête montre également qu'environ la moitié des personnes interrogées opposées à l'énergie nucléaire pourraient changer d'avis si elles étaient confrontées aux avantages possibles. Concernant la question de NIMBYc'est-à-dire la tendance à rejeter les centrales électriques si elles sont construites à proximité de chez soi, l'enquête montre que Les ballasts SMR sont plus acceptés des grandes centrales (respectivement 44 % contre 39 % pour un réacteur situé à moins de 20 km du domicile).

Il convient toutefois de rappeler qu'à l'heure actuelle il n'existe pas de SMR de 4ème génération disponible sur le marchéalors que les SMR de 3ème génération sont déjà une réalité commerciale.

Le site du Dépôt National des Déchets Radioactifs

Un autre problème pour la construction de centrales nucléaires en Italie est l'absence d'un référentiel national pour les déchets radioactifs, principalement en raison des déchets et des protestations de la population. Le ministre Pichetto Fratin a déclaré qu'il avait l'intention d'identifier un site approprié pour le stockage des déchets d'ici la fin de la législature.

Pour ce faire, le ministère de l'Environnement et de la Sécurité énergétique a publié le Carte nationale des zones éligibles (CNAI), une liste de 51 sites possibles identifiés par Sogine dans 6 Régions (Latium, Basilicate, Pouilles, Piémont, Sicile et Sardaigne) pour la construction d'un dépôt national pour les déchets des anciennes centrales nucléaires italiennes et les déchets produits par la recherche et la médecine. Or, le choix d'un site s'avère particulièrement complexe, notamment pour les oppositions populaires.

La nécessité d'un référentiel national se fait sentir de plus en plus urgent indépendamment du retour éventuel de l'Italie au nucléaire, car les déchets radioactifs italiens produits par les anciennes centrales électriques et actuellement stockés en Angleterre reviendront dans notre pays en 2025il sera donc nécessaire d'avoir un endroit pour les stocker pour éviter d'encourir des amendes très importantes par l'Union européenne.