Le Pd ment : rapatrie deux mille Égyptiens, mais donne la leçon à Giorgia Meloni
Giorgia Meloni semble être dans une impasse avec l’opération visant à décourager les débarquements en Albanie. Ci-dessous, je vais vous expliquer pourquoi. Mais aussi parce qu’il est légitime que son gouvernement ait le devoir de lutter contre l’immigration irrégulière. L’aspect le plus comique de cette histoire, qui divise toute la politique italienne sur le sort de douze personnes (12), ce sont les critiques, les accusations et les plaintes émanant de l’opposition. A commencer par le Parti démocrate et sa secrétaire Elly Schlein.
Notamment en raison du danger que les citoyens égyptiens pêchés en mer, transférés vers le nouveau centre en Albanie et amenés en Italie sur ordre du tribunal de Rome, soient renvoyés chez eux. En fait, l’Égypte n’est pas considérée par la gauche comme un pays sûr. Alors que pour le ministère de l’Intérieur et pour une bonne partie de l’Union européenne, c’est le cas. Voyons donc ce que le Parti démocrate a fait lorsqu’il était au pouvoir.
La « collecte » de gauche après l’assassinat de Giulio Regeni
Le 25 janvier 2016, le chercheur italien Giulio Regeni a été kidnappé et torturé par les services secrets égyptiens. Il travaille au Caire sur une étude sur les mouvements syndicaux. Le corps a été jeté au bord d’une route et découvert le 3 février. Il est tellement enflé par la torture que sa mère le reconnaîtra au bout de son nez (sur la photo ci-dessous, une manifestation devant l’ambassade égyptienne à Rome).
Que faudrait-il d’autre pour démontrer que l’Égypte n’est pas un État sûr ? Cette année-là, le Parti démocrate était au gouvernement avec deux premiers ministres : Matteo Renzi et Paolo Gentiloni. Et cette même année, l’Italie a réalisé « 12 opérations de type collecte pour un total de 508 citoyens égyptiens rapatriés » (Rapport à la Chambre du Garant des Droits des Personnes Privées de Liberté Personnelle). La collecte est l’activité de rapatriement forcé par laquelle, sur les douze vols affrétés par le ministère de l’Intérieur, les immigrés sont remis directement à la police égyptienne à bord de l’avion. En ajoutant les rapatriements ordinaires, le gouvernement Pd a renvoyé 691 personnes en Égypte en 2016, en plus des 667 rapatriées au Caire l’année précédente par Matteo Renzi.
Des centaines de personnes expulsées par avion même pendant la pandémie
En 2017, le gouvernement Gentiloni (sur la photo ci-dessous, avec Elly Schlein à la conférence « Pour une Europe humaine concrète et durable ») a rétabli les relations diplomatiques avec le régime égyptien d’Abdel Fattah Al Sisi : la décision, annoncée le 14 août lorsque l’Italie est en vacances, permet le retour au Caire de l’ambassadeur italien, qui avait été retiré pour protester contre le manque de collaboration d’Al Sisi à l’enquête sur l’assassinat de Regeni. Malgré les difficultés des relations italo-égyptiennes, les Egyptiens rapatriés par le nouveau gouvernement du Pd sont toujours au nombre de 307. Dans la même période, Gentiloni parvient même à un accord avec le gouvernement libyen : un pacte qui livre les demandeurs d’asile arrêtés en mer à la torture dans le cadre brutal centres de détention en Libye.
Laissons de côté les 14 mois du gouvernement de la Ligue 5 étoiles : 294 Egyptiens rapatriés en 2018 et 363 en 2019, chiffres qui incluent cependant aussi les mois pendant lesquels le centre-gauche gouverne. En fait, le retour forcé ne s’arrête pas même pendant les mois de la pandémie, lorsque le Parti démocrate aux 5 étoiles est de nouveau au gouvernement : 91 Égyptiens rapatriés en 2020 et 269 en 2021, tout en sachant que les conditions sanitaires en Égypte sont mauvaises. terrible.
Le double standard du parti d’Elly Schlein contre le centre-droit
Le dernier vol charter vers le Caire organisé par Pd-5Stelle aura lieu le 29 avril 2022, cinq mois avant les nouvelles élections. Au total, plus de deux mille Égyptiens ont été renvoyés par le centre-gauche au régime qu’ils avaient fui. Avec quelle modestie Elly Schlein et son parti accusent-ils donc Giorgia Meloni de mettre aujourd’hui en danger la vie des demandeurs d’asile ?
Nous avions déjà expliqué (ici) pourquoi l’opération du gouvernement actuel en Albanie, avec la création de centres de rapatriement et l’externalisation des procédures d’identification, aurait été de peu d’utilité. Et ça coûte cher. L’intention est d’exploiter le soi-disant rejet à la frontière, qui implique des délais plus rapides que ce qui se produirait en cas de présence de demandeurs d’asile sur le territoire italien. Le fait que la Cour de Rome ait jusqu’à présent neutralisé l’opération devrait cependant rassurer ceux qui craignaient le non-respect des droits constitutionnels et la violation des normes internationales.
Parce que la Cour de Justice déplace le gouvernement italien
Lorsqu’elle a été informée de l’opération en Albanie, Giorgia Meloni ne pouvait pas prévoir l’arrêt de la Cour de justice de l’Union européenne du 4 octobre 2024 (C 406/22) : la nouvelle règle redéfinit les devoirs du pouvoir judiciaire. La décision, déclenchée par le cas d’un citoyen moldave qui avait demandé l’asile en République tchèque, réaffirme que « lorsqu’un tribunal est saisi d’un appel contre une décision rejetant une demande de protection internationale… ce tribunal doit soulever d’office, sur la base des éléments tirés du dossier et de ceux portés à sa connaissance au cours de la procédure, la question de la violation des conditions matérielles ».
En d’autres termes, si un pays est défini comme sûr, mais que le juge estime que les autorités de ce pays ne sont pas en mesure de protéger ce demandeur d’asile, le juge doit soulever la question d’office et prendre une décision en conséquence. C’est une erreur de considérer tout cela comme une activité politique du pouvoir judiciaire contre le gouvernement. Aucune loi nationale ne peut annuler une norme supérieure établie par la Cour de justice de l’Union européenne, comme l’avait annoncé le ministre Carlo Nordio.
Avocat Tambasco : le droit européen vaut plus que les lois italiennes
« Dans la structure institutionnelle actuelle, caractérisée par une multiplicité de systèmes de régulation (internationaux, européens, nationaux, régionaux) entrelacés dans une sorte de réseau – explique l’avocat Domenico Tambasco à Libremedia.ca – pour affirmer que les juges ne sont soumis qu’à le droit Le droit italien coûterait une note d’échec à un étudiant de première année en droit constitutionnel. Au contraire, il est bien connu que les juges doivent aujourd’hui respecter le principe de primauté du droit communautaire, selon lequel les principes de droit contenus dans le droit de l’Union européenne et dans les arrêts de la Cour de justice eux-mêmes sont contraignants : tant de manière à forcer la non-application de la loi nationale éventuellement en conflit avec ces principes ».
Selon l’annonce du gouvernement italien, les trois centres de détention de Gjader, à 77 kilomètres au sud de Tirana, devraient accueillir 36 mille migrants par an, 3 mille par mois : le centre de détention des demandeurs d’asile de 880 places, le centre de rapatriement de 114 et un centre de détention de 20 places. Coût du plan 653 millions à supporter par l’Italie à dépenser sur 5 ans, 130,6 millions par an. Il faut ensuite ajouter les frais de transport des demandeurs d’asile sur les navires de la Marine. Une grande partie de la somme est destinée à payer les indemnités de déplacement des fonctionnaires de la police et du ministère en Albanie : 252 millions. En obtenant à partir de ces chiffres les dépenses quotidiennes par habitant, on découvre que chaque place coûte à l’État italien un peu moins de 10 euros par migrant et par jour. Moins de la moitié de ce que cela coûterait en Italie (sur la photo ci-dessous, le patrouilleur Libra de la marine italienne avec lequel les 16 premiers migrants ont été transférés en Albanie).
Fausses nouvelles sur l’argent : l’hébergement en Albanie coûte deux fois moins cher qu’en Italie
Pour le fonctionnement de la Cara di Gradisca d’Isonzo en Frioul-Vénétie Julienne, une structure très similaire à celle albanaise, la préfecture de Trieste a en effet établi en 2022 une base d’approvisionnement de 22 euros par jour et par invité, soit plus ou moins le prix payé dans toute l’Italie. Et pour le centre de rapatriement, même 42 euros par jour et par invité. Pour le réseau infini de coopératives qui gèrent l’accueil en Italie, cette année seulement, les 55 mille demandeurs d’asile arrivés depuis le 1er janvier garantissent donc un chiffre d’affaires potentiel d’un million et 200 mille euros par jour. Des contrats qui, notamment dans le Sud, assurent le salaire de centaines de salariés italiens.
Effondrement des débarquements : les coopératives perdent 65 pour cent de leurs recettes
On soupçonne que les controverses de ces jours ne sont pas seulement une question de solidarité : en 2023, 157 652 personnes ont débarqué en Italie, cette année (à la date de cet article) presque trois fois moins. En d’autres termes, les revenus potentiels de l’hôtellerie se sont effondrés de 65 pour cent. Les facteurs externes imprévisibles comptent probablement. Mais aussi la bonne décision du gouvernement Meloni de permettre à 452 mille citoyens étrangers d’entrer régulièrement en Italie d’ici 2025 pour un travail saisonnier, non saisonnier et indépendant : 136 mille en 2023, 151 mille en 2024 et 165 mille l’année prochaine.
Des gens qui n’auront pas à payer les passeurs libyens ni même à être hébergés par l’hôtellerie financée par l’État italien. Mais ce n’est que si les centres albanais fonctionnent à pleine capacité que l’opération ne sera pas un gaspillage d’argent public : c’est l’impasse dans laquelle Giorgia Meloni est obligée de ne pas échouer.
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