De la défaite au second tour des élections législatives en France à la direction du nouveau groupe de la droite souveraine européenne. Le Rassemblement national (RN) de Marine Le Pen et Jordan Bardella passera dans les prochaines heures le relais aux Patriotes d’Europe, l’alliance lancée par le premier ministre hongrois Viktor Orban qui fait un clin d’œil à Donald Trump (et à la Russie de Vladimir Poutine) et qui vise à devenir la principale force d’opposition au Parlement européen. La transition n’est pas encore officialisée mais ce n’est qu’une question d’heures. La confirmation indirecte est venue de l’annonce de Matteo Salvini, qui a confirmé sur les réseaux sociaux la dissolution de l’actuel groupe souverainiste de la Ligue du Nord et Le Pen (Identité et Démocratie, ID) et la transition de ses députés européens vers les Patriotes.
La « fusion » entre ID et le nouveau groupe d’Orban était dans l’air depuis des semaines. Le seul doute concernait l’issue des élections anticipées en France : un éventuel succès du RN aurait pu pousser Le Pen à éviter l’accolade en Europe avec le premier ministre hongrois, affichant un visage plus modéré pour lancer son bras droit Bardella vers le fauteuil du premier ministre. La défaite au second tour a provoqué la dernière hésitation, et déjà dimanche, immédiatement après la clôture des urnes et la publication des premiers sondages à la sortie des urnes, Bardella lui-même avait clairement fait savoir que le passage aux Patriotes était désormais imminent : » Enfin, dès demain (lundi 8 juillet, ndlr), nos députés européens joueront pleinement leur rôle au sein d’un grand groupe qui pèsera sur les rapports de force en Europe, pour refuser de se laisser inonder par les migrants, l’environnementalisme punitif et confiscation de notre souveraineté ».
Avec ses 30 députés européens, le parti de Bardella sera de loin la principale force des Patriotes. Le groupe devrait compter 79 parlementaires au total : outre les membres français du Rn précités, et hors petits partis ou députés individuels, il y a les 11 du Fidesz (le parti hongrois d’Orban), les 8 de la Ligue, les 7 du Ano (le parti tchèque qui a quitté les libéraux de Renew) et les 6 chacun du PVV néerlandais de Geert Wilders, les Autrichiens du FPO et les Espagnols de Vox. Ce dernier, après les adieux surprises au groupe conservateur ECR, dirigé par FdI et Giorgia Meloni, pourrait faire des Patriotes le premier groupe de droite de l’Eurochambre, dépassant l’ECR lui-même.
D’après ce qui ressort jusqu’à présent, les conservateurs devraient avoir 78 parlementaires, soit un de moins que les patriotes. Le derby à droite a commencé, même si les directement impliqués jurent qu’il y aura une collaboration fructueuse entre l’ECR et le nouveau groupe, sans aucune haine. En réalité, comme cela est apparu lors de la dernière réunion du désormais ancien groupe ID, l’intention de Le Pen, Orban et Salvini est de faire pression sur les conservateurs pour empêcher Meloni de mettre son peuple dans les bras du PPE et d’Ursula von der Leyen. . Une fusion entre les deux groupes semble pour le moment moins probable.
Certes, les Patriotes devront composer avec un cordon sanitaire qui pourrait les exclure des nominations importantes au sein du Parlement européen, tandis que la Ecr devrait compter à la fois sur une représentation à la Commission européenne (le commissaire tchèque nommé par le Premier ministre Petr Fiala et celui nommé par Meloni), et sur les rôles importants au sein de la Chambre européenne. Les relations entre conservateurs et patriotes pourraient être mises à l’épreuve précisément lors de l’élection des sièges à Strasbourg, ces derniers se tournant potentiellement vers l’ECR pour trouver un moyen de contourner le cordon.
Toujours à droite, on attend de comprendre le sort de l’AfD, le parti allemand exclu de l’ID sur décision de Le Pen : selon les rumeurs qui circulent à Bruxelles, l’AfD pourrait former un nouveau groupe regroupant tous les députés qui sont pas à droite, ils ont retrouvé une maison. Il est plus difficile, mais pas impossible, de rejoindre les Patriotes.