L’adhésion de la Géorgie gelée, l’UE : « Annulez la loi sur les agents étrangers et plus de discrimination »

Alexis Tremblay
Alexis Tremblay

La Géorgie s’éloigne de plus en plus de l’Union européenne. « La ligne d’action adoptée par le gouvernement de Tbilissi met en péril la voie du pays vers l’UE, interrompant de fait le processus d’adhésion. » C’est l’avis de la Commission européenne contenu dans son rapport annuel sur l’élargissement, qui fait le point sur l’avancée des négociations dans les pays candidats.

Un chemin trouble

La Géorgie a obtenu le statut de pays candidat à l’adhésion à l’Union européenne en décembre 2023, mais son processus d’adhésion n’a jamais été aussi fluide. Avant même les élections entachées d’irrégularités présumées il y a quelques jours, au printemps 2024, le chemin géorgien vers Bruxelles avait déjà été effectivement interrompu après l’approbation d’une loi controversée sur les « agents étrangers » qui, selon ses opposants, vise à cibler organisations non gouvernementales et médias soutenus par l’Occident et s’inspire de mesures similaires prises par la Russie de Vladimir Poutine.

Comme l’a expliqué hier le haut représentant de l’UE pour la politique étrangère, Josep Borrell, la Géorgie devrait retirer cette loi car elle a un effet sur la société civile et l’organisation des médias, ainsi que la loi sur les valeurs dites familiales, accusées de discrimination la communauté LGBT+, « puisque la discrimination n’est pas une valeur dans notre famille européenne ».

Et les élections contestées de samedi dernier, qui ont marqué la victoire du parti pro-russe Rêve géorgien déjà au gouvernement sur fond d’accusations de fraude de la part de l’opposition, ont aggravé la situation. « La Géorgie a organisé des élections législatives caractérisées par de graves irrégularités. Et celles-ci doivent faire l’objet d’une enquête et être traitées de manière transparente et indépendante », a appelé Borrell. Dans le rapport, concernant les élections, la Commission soutient « la nécessité d’une réforme électorale dans le pays ».

Demi-tour

Le gel du processus d’adhésion ne signifie pas que la Géorgie a perdu tout espoir d’adhérer à l’Union, mais un revirement est nécessaire. « À moins que Tbilissi ne renverse cette orientation et ne fasse preuve d’efforts tangibles pour résoudre les questions en suspens et mener des réformes clés, la Commission ne pourra pas envisager de recommander l’ouverture de négociations. L’UE reste cependant déterminée à approfondir davantage le partenariat avec la Géorgie », peut-on lire dans le rapport.

Outre la Géorgie, huit autres pays sont sur le point d’adhérer à l’UE : la Bosnie, l’Ukraine, le Monténégro, la Serbie, la Moldavie et la Turquie, qui ont entamé les négociations, puis l’Albanie et la Macédoine du Nord qui ont obtenu le statut de pays candidat. Ensuite, il y a le Kosovo à la porte, qui est un candidat potentiel.