La France a un nouveau Premier ministre : Macron nomme François Bayrou

Alexis Tremblay
Alexis Tremblay

Après des semaines d’incertitude et de turbulences, la France a un nouveau Premier ministre. Le président français Emmanuel Macron a nommé François Bayrou au poste de Premier ministre et l’a chargé de former le nouveau gouvernement, indique un communiqué de l’Elysée. Macron a ensuite nommé le centriste Bayrou, chef du MoDem (Démocrates modérés), après de longues consultations pour trouver un successeur à Michel Barnier, disqualifié par les députés la semaine dernière. Le nouveau premier ministre aura la lourde tâche de former un gouvernement capable de survivre à une Assemblée nationale sans majorité et de faire adopter le budget pour 2025.

Qui est François Bayrou, le nouveau Premier ministre français

Bayrou, 73 ans, est le chef du parti centriste MoDem. Au cours de sa carrière politique, il a occupé le poste d’ancien ministre de l’Éducation et maire de la ville de Pau (sud-ouest) et, depuis l’arrivée au pouvoir de Macron en 2017, il est devenu un allié et un proche confident du chef de l’Elysée.

Sa stature en tant qu’homme politique national est venue lorsqu’il a été nommé ministre de l’Éducation nationale et ministre de l’Enseignement supérieur de 1995 à 1997, devenant ainsi le plus jeune titulaire de ce ministère à l’âge de 41 ans. Il se voit ensuite confier les rênes de l’Union pour la démocratie française et devient député européen en 1999. Il n’abandonne cependant pas la scène politique nationale : il se présente aux élections présidentielles de 2002, puis à celles de 2007. Il entre troisième avec 18,5 pour cent des voix, derrière Nicolas Sarkozy et Ségolène Royal, refusant de voter pour Sarkozy au second tour.

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En 2007, Bayrou a fondé le parti MoDem (Démocrates modérés), mais a depuis été confronté à de nombreuses défections de ses anciens amis. Combatif, Bayrou s’est présenté pour la troisième fois à l’Elysée en 2012. Depuis 2014, il est maire de Pau.

Le 17 mai 2017, le Président de la République Emmanuel Macron – auquel il a apporté son soutien – l’a nommé ministre de la Justice, mais le 21 juin 2017, il a annoncé sa démission du gouvernement en raison d’une affaire judiciaire qui l’impliquait pour les postes de emplois fictifs des députés européens de son parti.
Ce n’est que récemment, le 5 février 2024, que Bayrou a été blanchi par la justice avec le bénéfice du doute.

Les défis du nouveau premier ministre

Bayrou est le quatrième Premier ministre français à se succéder cette année, grâce au chaos politique qui affecte la France. Le gouvernement Barnier a été renversé la semaine dernière après seulement trois mois de mandat et Macron veut désormais éviter qu’un nouveau gouvernement ne subisse le même sort.

Depuis que Macron a appelé à un vote anticipé en juin, après les élections européennes, le Parlement français est divisé en trois groupes sans majorité absolue. L’alliance de gauche a obtenu le plus de voix mais n’a pas atteint la majorité absolue, le groupe centriste de Macron a subi des pertes mais est toujours debout, tandis que le Rassemblement National d’extrême droite a gagné des sièges mais a été freiné par le pouvoir suite au vote tactique de la gauche et centre.

Les critiques de l’opposition à l’égard de Macron

Lorsque le nom de Bayrou a commencé à circuler, des polémiques ont éclaté au sein de la gauche française, qui voit dans le choix de l’homme politique centriste de 73 ans une « continuité » du gouvernement de Macron et donc non conforme au résultat des élections anticipées au cours desquelles L’alliance de gauche a obtenu le plus grand nombre de voix, même si elle n’a pas atteint la majorité. La gauche radicale des Insoumis (LFI) est sur le pied de guerre, après avoir annoncé une motion de censure contre le nouveau Premier ministre, contestant le choix du président Macron. « Encore une candidature à la prolongation d’Emmanuel Macron. Deux choix clairs s’offrent au pays : la continuité de la politique du malheur avec François Bayrou ou la rupture », a déclaré Mathilde Panot de Lfi. Dans un message publié le

Macron salue la démission de Barnier : la possibilité que Bayrou soit le nouveau Premier ministre

L’extrême droite du Rassemblement National est en revanche plus attentiste : « Il n’y aura pas de censure a priori » sur le nouveau Premier ministre nommé. Telle a été la réaction du leader d’extrême droite Jordan Bardella, peu après la nomination du centriste Bayrou à Matignon. « Nos lignes rouges demeurent, elles ne changeront pas », a ajouté le président du Rassemblement National (RN), citant, à propos du budget 2025, le remboursement des médicaments, la non fragilisation de la situation économique et sociale. Dans le même temps, Bardella a sévèrement critiqué Macron, le qualifiant de « président bunker qui a choisi un nouveau Premier ministre qui doit tenir compte de la nouvelle situation politique ».