La Chine impose une règle inédite : seules les voitures électriques de qualité pourront désormais franchir ses frontières

Alexis Tremblay
Alexis Tremblay

À partir de 2026, la Chine ne laissera plus filer ses voitures électriques à l’export sans preuve de bonne conduite. Le pays pose une règle inédite : seules les voitures électriques de qualité, dûment certifiées, auront le droit de passer les frontières. Un vrai coup de boost annoncé pour le service après-vente, souvent point faible des marques chinoises… et pas que ! Préparez-vous à une révolution douce, mais ferme, dans le monde de l’auto made in China.

Un marché chinois en pleine mutation : la fin du « tout-venant »

Souvent présentées comme compétitives, les voitures électriques issues de Chine n’ont plus vraiment à rougir face à leurs homologues européennes. Mais, soyons honnêtes, il y a du inégal. D’un modèle à l’autre, les prestations varient et, surtout, le service après-vente (SAV) est devenu le talon d’Achille de ces nouveaux venus sur nos routes occidentales.

Pour vendre une voiture et surtout fidéliser ses clients, il ne suffit pas de proposer un modèle séduisant. Encore faut-il savoir accompagner l’acheteur sur le long terme. Les marques coréennes ou japonaises l’ont bien compris. En Chine, la prise de conscience n’était, jusqu’à récemment, pas aussi profonde.

Des retours d’expériences d’utilisateurs européens montrent la réalité du terrain : des propriétaires de MG, la marque chinoise la plus présente en Europe, se plaignent de longues attentes pour les réparations, souvent dues au manque cruel de pièces de rechange. La compacte électrique MG4 concentre particulièrement cette problématique. Entre pannes et sinistres, ces délais d’attente n’ont rien de rassurant pour le client…

Une licence d’exportation, le nouveau sésame du secteur

Pour éviter ces mauvaises surprises à l’étranger, le ministère du Commerce chinois va serrer la vis. Dès le 1er janvier 2026, les constructeurs locaux devront décrocher une licence d’exportation pour pouvoir vendre leurs modèles zéro émission hors de Chine. Jusqu’à maintenant, seuls les véhicules thermiques ou hybrides étaient concernés par cette obligation : bienvenue aux électriques dans le club des produits exportés sous conditions !

Les règles sont simples, mais fermes :

  • Seuls les constructeurs eux-mêmes ou leurs sociétés agréées pourront déposer une demande de licence.
  • Objectif principal : éviter que des intermédiaires non autorisés envoient des véhicules électriques, parfois même d’occasion, vers l’Europe ou d’autres marchés… sans proposer de SAV digne de ce nom.

Un tel encadrement ne règlera pas tous les problèmes actuels (la marque MG, très implantée et légale, n’est pas concernée par les exportations sauvages). Mais il s’agit de garantir au minimum un suivi SAV officiel durant la période de garantie légale de deux ans, et une meilleure diffusion des pièces détachées. Un progrès qui évitera bien des tracas, même si les entreprises chinoises peinent encore à éviter de longues immobilisations en cas de réparation, malgré leurs belles garanties parfois étendues.

Des ambitions, mais aussi une sélection naturelle à venir

Cette nouvelle licence ne s’arrête pas là : elle vise à homogénéiser la qualité des voitures électriques qui sortent de Chine. Il s’agit aussi, et surtout, de couper court à la tentation d’une guerre des prix nuisible entre vendeurs officiels et sociétés tierces, qui tirerait vers le bas la rentabilité – et, à terme, ferait tomber quelques marques dans la faillite.

Face à la profusion de fabricants en Chine, la mesure ressemble néanmoins à une bataille contre trop d’adversaires. Impossible que toutes ces marques survivent longtemps dans l’Empire du Milieu, surtout si chacune joue sur ses propres règles. Cette régulation pourrait donc aussi faire un tri naturel : seuls les « champions locaux » les mieux armés tireront leur épingle du jeu.

Parmi ces possibles survivants, BYD fait figure de favori. Ce géant de l’électrique investit massivement en Europe avec une usine en Hongrie et une autre en Turquie qui s’apprêtent à ouvrir leurs portes. Pour rentabiliser ces investissements à coup de dizaines de millions, le marché doit sérieusement décoller… et il serait malvenu de laisser naître une concurrence déloyale, qui ne ferait que fragiliser la réputation déjà fragile des marques chinoises sur nos terres.

Le service après-vente, l’avenir de la confiance client

Soyons clairs : la qualité d’un produit, c’est bien, mais la tranquillité de l’acheteur, c’est mieux. Or, sur ce point, même les constructeurs européens ne sont pas infaillibles. Des propriétaires de Renault, Peugeot ou Citroën ont aussi relaté des déboires similaires. Cependant, imposer aux constructeurs chinois un suivi SAV bien encadré tend à rassurer les consommateurs, surtout lors des deux premières années cruciales.

  • Garantie légale de deux ans assurée
  • Meilleure disponibilité des pièces détachées
  • Encadrement du SAV pour toutes les voitures exportées

L’enjeu ? Rétablir la confiance et éviter que la qualité soit un critère aussi variable que la météo au printemps.

En résumé : si vous lorgnez du côté des électriques chinoises, réjouissez-vous ! À l’avenir, votre prochaine voiture importée pourrait bien être accompagnée (au moins) d’un SAV digne de votre patience. Pourvu que la promesse tienne la route…