j’ai découvert comment il avait obtenu la peinture dorée

Alexis Tremblay
Alexis Tremblay

Les chimistes de Musée du Rijksmuseum et duUniversité d’Amsterdam ils ont découvert et divulgué dans une étude publiée en juillet 2024 dans Heritage Science comment cela s’est produit Rembrandtgrand peintre et graveur hollandais du XVIIe siècle, pour créer ses célèbres détails à base de « peinture dorée ». Grâce à des techniques spectroscopiques sophistiquées, les doctorantes Fréderique Broers et Nouchka de Keyser ont en effet pu cartographier la présence de pigments pararealgar (un minéral jaune) et semi-amorphe (de couleur orange/rouge) dans un détail de sa célèbre peinture à l’huile La patrouille de nuitde 1642. Les pigments dorés en question présentent des traces de sulfure d’arsenic mélangé avec des couleurs : Rembrandt a utilisé ceci technique pour peindre le fil d’or du manteau brodé et la broderie dorée des doubles manches de l’un des deux protagonistes de l’œuvre, le lieutenant Willem van Ruytenburch, personnage central du tableau aux côtés du capitaine Frans Banninck Cocq.

Mais ce composé chimique est dangereux? Tout dépend des doses : selon Base de données sur les toxines et les cibles de toxines (T3DB) le sulfure d’arsenic serait très nocif s’il est ingéré ou même inhalé dans certaines doses, ce qui est probablement arrivé en partie à Rembrandt et à d’autres peintres de l’époque et qui pourrait provoquer une dépression du système nerveux central et des lésions de la moelle osseuse, des poumons, du foie et des reins, avec un risque de cancer. À titre de comparaison, 600 microgrammes par kg de poids corporel de trioxyde d’arsenic (un composé de type sulfure) suffisent à provoquer la mort d’un individu de condition physique moyenne.

La découverte du Rijksmuseum et de l’Université d’Amsterdam n’est pas le seul secret « dangereux » du tableau La patrouille de nuit par Rembrandt. Le projet Opération Veille de Nuitcommencée en 2019 pour comprendre les mystères de ce chef-d’œuvre, a en effet mis en lumière d’autres éléments intéressants, dont la présence d’autres composés de l’arsenic et le soufre dans les vêtements du lieutenant Van Ruytenburch lui-même (suite à un examen par fluorescence X). Compte tenu de ces résultats, les chercheurs ont réalisé que les artistes actifs à Amsterdam au XVIIe siècle disposaient d’une gamme de matériaux beaucoup plus large qu’on ne le pensait auparavant.