Désescalade au Moyen-Orient, accords commerciaux et partenariats énergétiques. Les thèmes au centre du premier sommet entre l’Union européenne et les États du Golfe persique, le 16 octobre, sont nombreux et interconnectés. L’un des protagonistes de la rencontre, bien que dans les coulisses, sera Luigi Di Maio. L’ancien ministre italien des Affaires étrangères est devenu l’année dernière le représentant spécial de l’UE dans la région et travaille depuis à préparer une réunion que Bruxelles considère fondamentale à bien des égards.
L’UE demande l’aide des États du Golfe dans le chaos au Moyen-Orient
L’intention initiale de Bruxelles était de pousser ses partenaires du Golfe (Bahreïn, Koweït, Oman, Qatar, Arabie saoudite et Émirats arabes unis) à isoler la Russie en s’accordant sur un langage ferme sur l’attaque militaire contre l’Ukraine. une position rejetant toute la faute sur Moscou ne sera pas adoptée. Toutefois, il existe un plus grand consensus sur le Moyen-Orient. Depuis près d’un an, le Hezbollah tire régulièrement sur les positions israéliennes proches de la frontière libanaise. Les attaques lancées en réponse par Israël au Liban, notamment contre la mission de maintien de la paix de la FINUL, ont poussé l’UE à appeler avec plus d’insistance à un cessez-le-feu à Gaza et à une désescalade plus large. Des objectifs qu’elle pourrait largement partager avec ses riches partenaires du Golfe.
Attaques contre la Finil : l’UE réprimande Israël, mais ne décide rien
Les risques d’une guerre régionale plus large seront « le sujet principal » du sommet, ont déclaré des diplomates européens. Les institutions européennes seront présentes en grande pompe. La participation de la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, du chef de la diplomatie européenne, Josep Borrell, et du président du Conseil européen, Charles Michel, est attendue. Ces deux derniers ont des rôles sortants et seront bientôt remplacés respectivement par Kaja Kallas et Antonio Costa, mais ils aimeraient rapporter un résultat concret ou au moins une perspective sur le dossier du Moyen-Orient. Du côté du Golfe, les plus attendus sont le prince héritier Mohammed ben Salmane, qui gouverne de facto l’Arabie saoudite, et l’émir du Qatar, Tamim ben Hamad Al-Thani, actuel président du Conseil de coopération du Golfe (CCG).
Le rôle de Di Maio dans les relations avec la région du Golfe
En coulisses, l’Italien Luigi Di Maio, nommé en mai 2023 représentant spécial de l’UE pour les relations avec la région du golfe Persique, a travaillé en coulisses à la préparation du sommet. Selon les prévisions fournies par le représentant spécial, les États du Golfe joueront un rôle central pour le « lendemain » en Palestine. Un autre point de contact entre l’UE et le CCG a été la mission européenne Aspides. « La mission, bien qu’elle ait un caractère défensif, a un rôle fondamental dans le corridor Europe-Asie de la Mer Rouge », a souligné Di Maio dans une récente interview au journal Formiche.net. La mission a déjà escorté plus de 240 navires, bénéficiant du soutien logistique des pays du CCG, notamment d’Oman, pour protéger les transports commerciaux menacés par les Houthis du Yémen.
Les renouvelables et l’hydrogène au centre des accords commerciaux
Outre la sécurité régionale, les affaires sont également au centre du sommet. L’UE est le deuxième partenaire commercial des pays du CCG, mais les négociations sur un accord de libre-échange, entamées il y a 35 ans, ont été suspendues en 2008. Tout s’est effondré en raison d’un désaccord sur l’ouverture des appels d’offres publics et sur les produits pétroliers. Les responsables européens ont assuré qu’ils entendaient poursuivre d’autres voies pour promouvoir la coopération en matière de commerce et d’investissement. D’après ce qui a été rapporté par Reuters En mars, les Émirats arabes unis ont exhorté Bruxelles à entamer des négociations sur un accord commercial distinct.
Quels sont les secteurs qui intéressent le plus les 27 États membres de l’UE ? Après les pays producteurs de pétrole, les États du Golfe ont massivement investi dans la transition énergétique. Une attention particulière sera portée aux énergies renouvelables et plus particulièrement à l’hydrogène, comme l’a précisé Di Maio lui-même. « Il existe déjà un protocole d’accord entre l’UE et l’Arabie saoudite et nous devons tenir compte des croisements d’intérêts. Par exemple, à partir de 2030, l’UE devra importer de grandes quantités d’hydrogène, un secteur dans lequel les pays du CCG visent à devenir leader mondial », a souligné l’ancien membre cinq étoiles.
Des relations ambiguës avec Moscou
Alors que la région du Golfe est considérée comme un « partenaire énergétique clé » pour réduire la dépendance du bloc européen à l’égard de l’énergie russe, les relations intenses entre ces États avec Moscou « rendent ce partenariat difficile », a déclaré le représentant spécial. Une demande qui intéresse beaucoup les six États partenaires est la libéralisation des visas. Actuellement, aucun visa de court séjour de l’UE n’est requis pour les citoyens des Émirats arabes unis, tandis que ceux des autres pays du Golfe doivent obtenir un visa valable cinq ans. Les conclusions sont attendues dans la soirée du 16 octobre après un dîner de travail et pourraient influencer le sommet des chefs de gouvernement de l’UE du 17 octobre.