Des migrants aux élections européennes : les six mois chauds à Bruxelles

Alexis Tremblay
Alexis Tremblay

Pour la treizième fois (la dernière remontait à 2010), la Belgique prend la tête du projet communautaire, reprenant le relais laissé par l’Espagne. Depuis hier, 1er janvier, et jusqu’au 30 juin, la présidence tournante du Conseil de l’UE sera assurée par le gouvernement fédéral belge, qui supervisera donc également les élections européennes prévues entre le 6 et le 9 juin.

Avant la fin du cycle politique actuel de l’UE, la Belgique tentera de finaliser certains des dossiers législatifs les plus importants encore sur la table. Citons à titre d’exemple le nouveau pacte sur la migration et l’asile, un sujet politiquement brûlant dans le pays (surtout après l’attentat dans la capitale en octobre dernier), ou la révision du budget pluriannuel de l’Union, qui devrait inclure un nouveau paquet d’aide pour le Une Ukraine de 50 milliards d’euros que le dirigeant hongrois Viktor Orbán (qui dirigera à son tour l’UE de juillet à décembre) tentera par tous les moyens de détruire.

Transition écologique

Parmi les mots d’ordre du semestre belge, le thème de la « transition verte et juste » joue un rôle important, qui devrait inclure, entre autres, les infrastructures durables, l’énergie offshore et le soutien au commerce international de l’hydrogène. Selon la nouvelle présidence, l’agenda vert européen est dicté par « le besoin urgent de répondre à la triple crise du changement climatique, de la perte de biodiversité et de la pollution », ce qui nécessite une approche holistique et ambitieuse.

Plusieurs dossiers doivent être clôturés d’ici la fin de la législature dans le cadre du Green deal : le nouveau règlement sur les emballages et les déchets d’emballages, sur lequel il n’y a toujours pas d’accord définitif entre députés et États membres, les règles sur le captage et le stockage du carbone. , de nouvelles normes d’émissions pour les poids lourds, ainsi que celles sur la qualité de l’air et le traitement des eaux usées urbaines.

Mais il y a aussi la directive sur les maisons vertes, qui fixe des performances énergétiques acceptables pour les bâtiments, sur laquelle Bruxelles cherchera un accord difficile entre les Vingt-Sept. Et il semble que la présidence belge veuille investir particulièrement dans le secteur de la construction, en organisant une « semaine de la rénovation » qui se concentrera sur les nouvelles technologies et la circularité dans le secteur ainsi que sur les aspects socio-économiques de la rénovation énergétique des logements européens. .

Toujours en matière d’énergie, le pays fondateur souhaite mettre un accent particulier sur les flux énergétiques « transfrontaliers et inter-vecteurs », c’est-à-dire qui impliquent plus d’un État membre et plus d’un seul mode de transport d’énergie, en gardant l’accent sur réseau : l’objectif plutôt ambitieux est de créer des centrales d’énergies renouvelables offshore et en même temps des réseaux transfrontaliers terrestres et offshore, pour doter l’Union d’un système intégré de distribution d’énergie.

Concrètement, Bruxelles a annoncé son intention de collaborer avec la Commission sur la définition d’une nouvelle stratégie d’importation d’hydrogène dans l’UE, sans toutefois fournir plus de détails.

Autres priorités

Mais la liste des priorités de la présidence belge ne s’arrête pas là. Outre la transition énergétique, le site officiel de beEU répertorie également la défense de la démocratie et de l’État de droit, le renforcement de la compétitivité des entreprises européennes, la relance de l’agenda social et sanitaire, la protection des citoyens et des frontières du européenne et la promotion du rôle international de l’Europe.

Développement du marché intérieur du travail, parachèvement de l’union bancaire, renforcement du partenariat avec les pays africains, lutte contre la criminalité organisée et le terrorisme, renforcement des capacités industrielles et technologiques européennes (y compris dans le domaine de l’intelligence artificielle) ne sont que quelques-unes des volontés présentes. sur la longue liste dressée par le gouvernement belge.

En plus de préparer le terrain pour une transition aussi douce que possible pour le nouveau Parlement européen et la nouvelle Commission, Bruxelles tentera également d’entamer les travaux en vue d’un futur élargissement du club européen, en essayant également de trouver un consensus autour des réformes internes nécessaires. pour le faire fonctionner, un syndicat de 29 membres ou plus.

Élections nationales

Mais dans les mois à venir, d’autres problèmes pourraient surgir en Belgique, au-delà de la présidence européenne. Le 9 juin, immédiatement après le vote pour l’Assemblée de Strasbourg, les Belges se rendront à nouveau aux urnes pour élire le Parlement fédéral : cela signifie que pendant tout le semestre qu’ils auront à diriger l’Europe, le pays sera plongé dans une période électorale. campagne qui s’annonce brûlante.

Selon les sondages, le premier parti pourrait être le Vlaams belang (Vb, littéralement « intérêt flamand »), formation de la droite radicale flamande qui souhaiterait l’indépendance de la Flandre (la région nord du pays, culturellement la plus proche des Pays-Bas). En décembre, le Vb pouvait compter sur un solide 25% des voix, avec un autre parti autonomiste flamand de droite (le Alliance de la Nouvelle-Vlaamse) en deuxième position avec 21%. Et compte tenu du récent succès de son voisin néerlandais Geert Wilders, on craint pour un exploiter de l’extrême droite belge se multiplient tant dans les couloirs du pouvoir national qu’européens.

Le premier ministre en exercice, le libéral flamand Alexander De Croo, semble avoir atteint la fin de sa carrière nationale mais pourrait vouloir profiter du semestre de présidence du Conseil de l’UE pour obtenir un rôle de premier plan dans le prochain processus politique communautaire. cycle, celui qui débutera avec les élections au Parlement européen en juin.

Pour un pays dont le système politique est tristement célèbre pour sa complexité et son instabilité, et qui détient le record mondial de formation d’un gouvernement (541 jours entre 2010 et 2011), diriger l’Europe alors qu’elle se prépare à des élections nationales de ce calibre semble loin d’être une tâche ardue. défi simple. En cas de doute, il est préférable de commander déjà le pop-corn.

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