Comment sont créés les groupes politiques au Parlement européen et comment ils fonctionnent

Alexis Tremblay
Alexis Tremblay

On entend souvent parler de groupes politiques à l’hémicycle de Strasbourg, et encore plus après les élections européennes. Mais combien sont-ils, comment sont-ils constitués, comment fonctionnent-ils, quelles règles doivent-ils suivre et de quels pouvoirs disposent ces groupes parlementaires ? Essayons de clarifier un peu les choses.

Que sont les groupes parlementaires ?

A Strasbourg, les députés sont regroupés non pas par appartenance nationale mais par appartenance politique. Ainsi, les élus de tous les Etats membres qui se reconnaissent dans une même idéologie politique, et qui sont affiliés à la même famille paneuropéenne, siègent ensemble sur les bancs de l’hémicycle.

Normalement, les groupes à l’hémicycle suivent les partis politiques européens, mais il n’y a pas toujours une superposition parfaite entre ces deux entités. Si les partis paneuropéens sont des organisations « parapluies » qui accueillent en leur sein un grand nombre de partis nationaux (aussi bien des Vingt-Sept que de certains pays tiers, souvent en qualité d’observateurs) mais ne sont généralement pas organisés selon une hiérarchie rigide, les groupes parlementaires sont en revanche structurés de manière plus verticale. En effet, ce sont les groupes de l’hémicycle, et non les partis paneuropéens, qui sont les véritables sujets institutionnels qui façonnent l’action politique du Parlement : ils sont essentiels à la construction des majorités et à l’organisation, la coordination et le soutien des activités de leurs membres.

Comment se forment les groupes politiques et combien y en a-t-il ?

Selon les règles du Parlement européen, pour former un groupe à Strasbourg, il faut au moins 23 députés issus d’au moins un quart des États membres – donc, à l’heure actuelle, d’au moins sept pays sur 27. Les groupes représentés à la Chambre ont varié au fil du temps, oscillant entre un minimum de sept et un maximum de dix (ce pic n’a été atteint que lors de la troisième législature, de 1989 à 1994).

Lors de la neuvième législature (2019-2024), ils étaient sept : celui du Parti populaire européen (PPE) dans l’hémicycle sortant comptait 176 députés sur un total de 705, celui de l’Alliance progressiste des Socialistes et Démocrates (S&D, 139 sièges). ), celui des libéraux de Renew Europe (Renew, 102 élus), celui des Verts et de l’Alliance libre européenne (Verts/ALE, 71 députés), celui des Conservateurs et réformistes européens (Ecr, 69 sièges), celui de Identité et démocratie (Id, 49 parlementaires), celle de gauche (La Gauche – Gue/Ngl, avec 37 élus).

A ceux-ci il faut ajouter les élus qui n’appartiennent à aucun groupe politique, et qui sont donc appelés « non-membres » (Ni) : ce sont des députés individuels ou des délégations entières qui n’ont pas voulu (ou n’ont pas pu) s’affilier aux partis existants. groupes ou qui ont été expulsés (ou se sont échappés) de ces derniers.

Après les élections européennes du 6 au 9 juin derniers, entre non-membres et nouveaux membres (c’est-à-dire les députés de partis qui n’avaient jamais été présents à Strasbourg), il y a eu 89 élus : ce nombre est appelé à diminuer petit à petit dans les semaines à venir. que les groupes existants « pêcheront » de nouveaux parlementaires dans ce vivier, et il se pourrait également que la configuration actuelle des groupes à la Chambre change, avec la naissance de nouveaux groupes (ou la dissolution de certains groupes existants).

Les avantages d’appartenir à un groupe

Concrètement, l’appartenance à un groupe politique, surtout grand, comporte une série d’avantages pour les députés. Tout d’abord, ils augmentent chances obtenir des rôles d’importance variable dans l’organisation de la Chambre : du Bureau (composé d’un président, de 14 vice-présidents et de cinq questeurs, tous élus pour un mandat de deux ans et demi) et de la Conférence des présidents (le responsable de l’agenda des travaux du Parlement, composé du président de la Chambre et des chefs de groupe) aux commissions et délégations parlementaires, en passant par les fonctions de rapporteur sur les dossiers législatifs (plus un dossier est important, plus ce rôle est convoité) .

Par ailleurs, lors des débats à la Chambre, les membres des groupes disposent d’un temps de parole proportionnel à la taille des groupes (avec un temps de parole plus important accordé aux députés des plus grands). Même la simple demande d’inscription à l’ordre du jour d’une discussion extraordinaire est beaucoup plus facile pour les personnes affiliées à un groupe que pour les non-membres.

Il existe enfin une série d’avantages purement financiers. Le financement des groupes et des non-membres s’effectue par le biais du budget du Parlement, et les décisions en la matière appartiennent au bureau de la Chambre. Pour l’exercice 2024, la Chambre européenne dispose de 67,5 milliards d’euros : ceux-ci doivent couvrir à la fois les dépenses administratives et opérationnelles des groupes politiques et des non-membres (personnel et autres activités parlementaires) ainsi que les dépenses de politique et d’information.

Le bureau établit le budget pour les 12 mois suivants au 1er janvier de chaque année fiscale, en fonction du nombre de membres de chaque groupe (et de non-membres) et sur proposition des chefs de groupe. Les secrétariats des groupes sont seuls responsables de la gestion de ces fonds, tandis que le secrétariat du Parlement vérifie les dépenses des non-membres.