Comment fonctionnent les mouvements sociaux et contestataires ?

Alexis Tremblay
Alexis Tremblay

L’idée de « mouvement social » est instinctivement associée aux manifestations dont nous lisons dans les journaux ou que nous voyons à la télévision, mais l’association entre mouvement social et expression du mécontentement n’est pas si automatique. Malgré l’existence du « Printemps arabe » et d’autres mouvements dans certains pays en développement, on retrouve la plupart des mouvements sociaux au sein des pays démocratiques : mouvements des droits civiques, mouvements écologistes, mouvements féministes, mouvements du non-mondial.

Qu’entend-on par « mouvements sociaux » ?

Les mouvements sociaux sont des formes d’agrégation ayant des objectifs sociaux, généralement destinés à préserver ou à contrecarrer des phénomènes ayant des implications sociales. En général, nous constatons que les mouvements de personnes résultent de :

  • Changements de culture: Si l’on regarde des exemples historiques, certains des mouvements sociaux les plus significatifs ont impliqué le rejet des valeurs religieuses traditionnelles ou de l’éducation.
  • Injustices sociales: Le sentiment d’injustice et la perception des inégalités sont d’importants catalyseurs des mouvements sociaux

Dans ces cas-là, nous voyons plusieurs personnes simultanément soumises au même stimulus et réagissant de la même manière : nous sommes confrontés à un comportement collectif. En fait, les comportements collectifs incluent : les foules, les modes, la panique, les booms spéculatifs et, enfin, les mouvements sociaux.

Ces dernières naissent de la combinaison de plusieurs éléments :

  • L’identité collective: la définition que les acteurs sociaux (appartenant au mouvement) donnent d’eux-mêmes
  • L’opposition: la définition d’un adversaire, différent de soi
  • Agir ensemble comme projet volontaire
  • Caractère temporaire: les mouvements sont par définition temporaires. Ils passent par différentes phases jusqu’à leur dissolution (soit parce qu’ils ont réussi à atteindre leurs objectifs, soit parce qu’ils auront tendance à disparaître en renonçant à les poursuivre).
  • Orientation vers le changement social: l’action de ces mouvements est centrée autour d’une cause à affirmer, qui peut concerner soit la volonté de changer profondément certains aspects de la société, soit de résister à certaines mutations en cours.
  • Existence d’unidéologiequi fait office de « colle » et qui n’entraîne pas la dissolution du groupe après une seule protestation
  • Organisationmême informel : nous avons des leaders, des suiveurs et bien d’autres rôles

Qu’est-ce qui vous pousse à rejoindre un mouvement social ?

Pourquoi consacrer du temps, de l’énergie, de l’argent alors que nous pourrions également bénéficier des résultats des actions des mouvements sans avoir à en supporter les coûts ?

L’impasse est surmontée par le fait que les acteurs collectifs qui demandent à participer développent un ensemble de «incitations sélectives», c’est-à-dire des avantages et des bénéfices dont seuls ceux qui sont réellement impliqués dans l’action collective peuvent bénéficier. Ce sont donc ces types de stimuli, utilisables individuellement, qui attirent les individus et les convainquent de participer.

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On peut donc adhérer à un mouvement pour diverses raisons : pour une prédisposition à l’engagement civique, pour obtenir des avantages individuels d’ordre matériel, pour se sentir membre d’un groupe, pour éviter d’encourir la désapprobation de personnes ou de groupes de référence, etc.

Puisque les mouvements sociaux tracent une frontière entre un système social ancien, jugé obsolète, et un monde nouveau encore à construire, ils peuvent être considérés comme une des manières d’offrir des certitudes de valeur en période d’incertitude. Il ne faut cependant pas croire que les militants des mouvements sociaux soient nécessairement des « parias » ou des « exclus » de la société.

Les mouvements sociaux d’aujourd’hui

Le mouvement social tend à être le premier lieu où sont anticipés et vécus les nouvelles valeurs et les changements destinés à être réalisés dans l’ensemble de la société. En simplifiant, on pourrait dire que les mouvements sociaux sont «contre-société».

Les mouvements sociaux d’aujourd’hui sont des protestations qui ne visent pas tant à créer un nouveau type de société comme autrefois, mais à

« changer des vies », pour défendre les droits de l’homme, à la fois le droit à la vie pour ceux qui sont confrontés à la menace de la faim et de l’extermination et le droit à la libre expression ou au libre choix d’un style et d’une histoire de vie personnelle »

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Les protestations les plus vives aujourd’hui bouleversent les objectifs habituellement poursuivis : des problèmes économiques (pensez au mouvement ouvrier des années 1960) nous avons évolué à des thèmes personnels et moraux.

Par exemple, alors que dans les anciens mouvements l’accent était mis sur la reconnaissance des conditions d’égalité, aujourd’hui l’accent est mis sur la valorisation de la diversité.

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