Babygirl, le film qui brise les tabous sur les fantasmes sexuels des femmes
Nicole Kidman apporte eros à la Mostra de Venise. Il le fait avec son nouveau film, Babygirl, en compétition pour le Lion d’Or et prêt à choquer le public avec une histoire sans filtre sur la complexité de la sexualité féminine. Derrière la caméra se trouvent une femme, Halina Reijn et devant, outre Kidman, deux excellents interprètes masculins : Antonio Banderas dans le rôle d’un mari aimant et Harris Dickinson dans celui d’un jeune amant bouleversant.
L’histoire racontée est celle de Romy, une femme à succès avec une famille merveilleuse et une carrière brillante et satisfaisante. Cependant, sa vie sexuelle est insatisfaisante, trop canonique pour ses besoins érotiques tout sauf standards. Et c’est justement cette insatisfaction sous les draps et ses fantasmes sexuels cachés à son mari par honte qui la conduisent dans les bras d’un garçon bien plus jeune qu’elle, le seul à réussir l’entreprise ratée par son mari depuis près de vingt ans. années : celle de lui faire jouir.
Babygirl est un film très puissant dans son intention. Ce film ose en effet bousculer les règles du cinéma érotique classique des années 80/90 en le dépouillant de toute forme de machisme et en se concentrant tout sur la libération des femmes de la pudeur et de la peur du jugement des autres pour leurs désirs sexuels, quels qu’ils soient. ils peuvent l’être. Babygirl vise à briser les tabous sur le plaisir sexuel féminin, annule toute forme de préjugé et utilise un langage visuel à la limite du dérangeant pour lancer son message d’émancipation et d’autonomisation féminine. Et au-delà de cela, le film parle aussi de l’importance de la communication dans un couple, du rapport que l’on entretient avec son corps, de la difficulté à exprimer ses besoins les plus intimes.
Mais aussi noble que soit ce film dans ses intentions, il a malheureusement la grande limite de ne pas être, en pratique, aussi beau qu’il l’est en théorie. Babygirl, en effet, est un film qui ne fonctionne pas bien à l’écran, principalement à cause d’une intrigue trop faible et pas à la hauteur des messages importants qu’elle veut transmettre au public. Il existe de nombreuses scènes de sexe, parfois répétitives, et trop peu, cependant, de celles qui sont capables de vraiment faire la différence sur le plan communicatif.
Babygirl est un film dont on parlera beaucoup à l’intérieur et à l’extérieur de la Mostra de Venise. Certainement pas de ceux que vous choisirez de revoir plusieurs fois dans votre vie mais suffisamment controversés pour remuer les consciences et tenter d’éliminer les préjugés habituels sur les femmes et le sexe.
Déroutant mais paradoxalement ironique, grossier mais aussi délicat, sauvage mais à la fois romantique. Babygirl n’est pas un film exceptionnel mais son débat sur la sexualité féminine est très beau et pour cette raison même il mérite d’être vu, surtout par les femmes ne serait-ce que pour effacer une fois pour toutes ce sentiment de culpabilité, cette culpabilité, cette honte pour le le simple fait d’avoir des fantasmes sexuels et d’avoir le courage de les exprimer à voix haute.
Note : 6-