Avec un salaire de 1 500 euros, vous mangez mal et vous prenez mal soin de vous : « Tu ne penses pas que tu mérites plus ? »
Selon vous, peut-on vivre ou survivre avec un salaire de 1 500 euros par mois ? L'article de Libremedia.ca a suscité beaucoup d'intérêt parmi les lecteurs, avec des commentaires à 360 degrés qui m'ont amené à plus d'une réflexion. Ce sujet est profondément ressenti par les jeunes et les moins jeunes, au Nord comme au Sud, même si de nombreux travailleurs du Sud écrivent qu'ils rêvent de salaires aussi élevés.
« 1 500 ???? Nous sommes donc des héros ici !! », commente un lecteur des Pouilles.
Certains prétendent qu'« avec 1 500 euros par mois en Italie, vous devez vous considérer chanceux », mais seulement si vous n'avez pas d'hypothèque ni de loyer à payer et si vous n'avez pas d'enfants. Ceux qui sont seuls ou en couple peuvent réussir à vivre, mais doivent renoncer à leur voiture, à leurs animaux de compagnie et faire attention aux heures où ils utilisent leurs appareils électroménagers pour économiser sur les factures. Faites vos courses au magasin discount, en essayant de « vous concentrer sur les offres, en n'achetant que ce qui est strictement nécessaire ». Parce que s'il ne fait pas cela entre chauffage, électricité, gaz, eau, poubelles et copropriété, il pourra difficilement s'en sortir, surtout s'il vit dans une grande ville comme Rome ou Milan où les loyers et les prix de l'immobilier montent en flèche. Que faire si la machine à laver tombe en panne ou si vous avez besoin de consulter un dentiste ? « Ce sont des choux amers. » Des réponses sont également arrivées de la part des retraités, démontrant qu'il faut beaucoup se serrer la ceinture pour arriver à la fin du mois avec ce montant même lorsqu'on est deux.
Dans tous les cas, il convient de rappeler certaines choses :
- qu'en Italie les salaires stagnent depuis les années 1990 alors que l'inflation galopait ;
- que le salaire moyen est de 30 mille euros par an (1 500 euros net par mois pendant 13 mois).
Nous sommes en dessous de la moyenne européenne qui est de 33 500 euros, alors que celle des pays de l'OCDE est encore plus élevée, 34 700 euros bruts par an.
Vivre avec 1 500 euros par mois et faux mythes sur les salaires
Bref, avec 1.500 euros par mois on peut aujourd'hui gagner sa vie, mais « on mange mal, on prend mal soin de soi, on vit une vie de reclus », seulement « travail et foyer, sans intérêts, sans passe-temps, sans faire du sport, acheter des chiffons et de la malbouffe. » Beaucoup écrivent qu'« il faut être satisfait », « serrer les dents », qu'il ne faut pas se plaindre mais retrousser ses manches, faire des heures supplémentaires ou un deuxième emploi (même illégalement). Des sacrifices, beaucoup de sacrifices, c'est pour cela que quelqu'un tonne : « A tous ceux qui disent 'je peux le faire avec moins'… Je voudrais dire que ce n'est pas la vie ». Ce n'est même pas « une compétition » et « si on continue à dire qu'on vit très bien, au lieu d'augmenter nos salaires, ils vont les baisser ».
Ainsi commence la guerre habituelle entre les pauvres, entre le Nord et le Sud, entre sympathisants de droite et de gauche. Beaucoup s'en prennent aux hommes politiques, affirmant qu' »ils nous veulent pauvres », qu' »ils nous demandent de faire des sacrifices quand ils gagnent des sommes stratosphériques ». À cet égard, je me souviens du moment où, à Montecitorio, Piero Fassino, député du Parti démocrate, a brandi sa fiche de paie en disant que 4 700 euros d'allocation par mois ne sont pas un salaire en or. T'en souviens tu? Pas même un an ne s’est écoulé, nous étions en août 2023.
Parce que les salaires des députés italiens sont les plus élevés d’Europe
Le problème ne réside pas dans les 10 000 euros bruts par mois que nos parlementaires reçoivent, entre autres, presque quatre fois le salaire moyen d'un Italien, mais dans tout ce qu'une personne honnête ne peut pas se permettre de faire avec 1 500 euros nets par mois. Elle ne peut pas manger de nourriture de qualité, elle ne peut pas se faire soigner comme elle le devrait étant donné les très longues listes d'attente de santé publique, elle ne peut pas se permettre d'avoir d'autres enfants parce qu'elle ne saurait pas comment les nourrir, elle ne peut pas compter sur les crèches publiques car elles sont trop peu nombreuses. Mais surtout, il ne peut pas payer de pension complémentaire, se condamnant à un âge avancé de pauvreté. Pourtant, nous parlons de gens qui travaillent huit heures par jour et paient des impôts. Que devraient-ils faire de plus pour garantir une vie digne ?
Un patient atteint d'un cancer doit attendre fin 2025 pour passer ses examens : « Si je paie 422 euros, ils me feront les faire demain »
Nous travaillons cinq jours par semaine pour nous reposer deux à huit heures par jour pour manger en trente minutes, mais malgré cela, certains travailleurs « se sont habitués à vivre dans la misère », à penser que « 1 500 euros valent mieux que rien », à ne pas valoriser leur professionnalisme, croire que les entreprises sont en crise même si elles versent des salaires en or aux managers. C'est précisément pour cette raison que je voudrais ajouter le mien à cette longue liste de commentaires, en réponse à ceux qui disent qu'on peut très bien vivre même en sortant avec des amis seulement une fois par mois : » Ne penses-tu pas que tu mérites plus que ça? ».