Arrêtez les fonds publics pour les extrémistes de droite : désormais, les alliés de la Ligue sont également en danger

Alexis Tremblay
Alexis Tremblay

La Cour constitutionnelle allemande a décidé que le parti d’extrême droite Heimat, autrefois connu sous le sigle NPD, ne peut plus recevoir de financement public car il représente un risque pour le système démocratique. Une peine qui, selon certains experts, pourrait désormais ouvrir la porte à l’exclusion des fonds publics de l’AfD, principale force politique d’extrême droite en Allemagne, ainsi que deuxième parti national en termes de consensus selon les derniers sondages. .

La décision de la Cour constitutionnelle n’était pas évidente : déjà en 2017, le NPD d’alors avait risqué de voir ses contributions publiques réduites, mais la même Cour lui avait gracié, affirmant que le parti, malgré ses objectifs anticonstitutionnels et « une similitude essentielle avec le national-socialisme », était trop faible pour constituer un véritable problème pour la démocratie. Le NPD, devenu Heimat, n’a pas grandi au fil du temps, bien au contraire : justement en raison des mauvais résultats électoraux, le parti n’a pas atteint le niveau de consensus nécessaire pour obtenir un financement de l’État. En revanche, il a maintenu les allégements fiscaux prévus pour les partis sur les dons et contributions privées. Désormais, avec l’arrêt de la Cour, vous perdrez également le droit de bénéficier de ces prestations.

Selon les juges, Heimat vise à remplacer l’ordre constitutionnel existant par un État autoritaire orienté vers la « communauté nationale » ethnique. Sa conception politique méprise la dignité humaine de quiconque n’appartient pas à cette « communauté nationale » et est incompatible avec le principe de démocratie. En d’autres termes, les membres de la Heimat professent des thèses racistes qui ressemblent beaucoup au nazisme.

Le sort des fonds publics destinés à l’AfD pourrait également être en jeu sur ce point. Le parti, qui dans les sondages dépasse les 20% des suffrages, est au centre d’un scandale politique après les révélations d’une rencontre entre certains de ses principaux représentants et des membres de la galaxie néo-nazie allemande. Lors de cette réunion, un projet d’expulsion des migrants et des citoyens allemands d’origine étrangère vers l’étranger sera discuté.

Ces révélations ont suscité une polémique dans un pays où la blessure du nazisme est encore ouverte. Plus d’un million de personnes sont descendues dans la rue ces derniers jours pour protester contre l’AfD. Et dans les rangs de la majorité, notamment les sociaux-démocrates et les Verts, nombreux sont ceux qui ont évoqué la possibilité d’interdire le parti d’extrême droite. Cette hypothèse semble peu susceptible d’être retenue. Selon certains juristes, la voie qui mènerait à l’exclusion de l’AfD des fonds publics est plus praticable. L’arrêt de la Cour constitutionnelle dans l’affaire Heimat pourrait constituer un précédent.