Après Tony Effe alors censurons aussi Watussi
Prémisse : je n’aime pas vraiment écouter de la musique. J’aime beaucoup moins Tony Effe. Ses chansons ? Oui, je les trouve aussi sexistes. Dois-je être censuré ? Honnêtement non. Et en réalité, ils ne l’ont jamais été. TonyEffe, malgré le revirement de la municipalité de Rome, se produira en tout cas au réveillon du Nouvel An. Mais pas seulement. Le trappeur romain sera présent au Festival de Sanremo après avoir remporté un énorme succès avec le tube estival « Sesso e samba ». Cette dernière chanson n’a sans doute rien de sexiste, mais elle a été diffusée partout et à toute heure du jour et de la nuit, laissant entendre aux enfants qu’ils l’entendaient dans les centres commerciaux, dans les piscines et même lors de l’émission ‘Affari Tui’ qui quoi ce qui compte le plus dans la vie, c’est de faire l’amour et de danser la samba. Bien sûr, ce n’est pas un message sexiste comme ceux qui apparaissent dans d’autres chansons de Tony Effe, mais il est tout aussi nuisible. Ou non? Probablement pas, mais l’essentiel est que la musique est un art et que l’art n’a aucune obligation d’être éducatif. Si tel était le cas, il faudrait alors demander l’ablation du majeur de l’artiste Maurizio Cattelan, placé symboliquement au centre de la Piazza Affari ou il faudrait se battre pour démolir la statue « phallique » de Pulcinella qui, pour il s’a souligné quelques mois sur la Piazza Municipio, à Naples.
La « banane » de 200 mille euros (que nous payons)
Nous pourrions continuer encore et encore, mais revenons au domaine de la musique. Un chanteur comme Marco Masini a été littéralement crucifié pour « Bella trova » et « Vaffanculo », mais la respectable censure d’une certaine politique (gauche, centre ou droite) risque de favoriser l’avancée d’une idéologie réveillée selon laquelle Watussi, le « très » « Les grands nègres » ne devraient plus être diffusés/écoutés.
Et puis? Faut-il aussi censurer Totò pour « Malafemmena » ou Riccardo Cocciante pour « Bella senz’anima » ? Et qu’arriverait-il à « Le géant et la petite fille », une chanson de Lucio Dalla qui raconte l’histoire d’un viol commis par un pédophile sur une mineure ? Chanson du début des années 70 qui était déjà partiellement censurée par la Rai à l’époque.
Attention, car c’est au tour de Tony Effe de subir les réprimandes des féministes, mais demain ce pourrait être le tour du bon âme Fred Buscaglione pour avoir « objectivé » les femmes avec la chanson « Che Doll » de 1955 ou de Roberto Vecchioni qui dans 1992 a écrit « Donna con la jupe » et a chanté : « Prends celle qui a du cerveau, laisse celle qui a une carrière tomber amoureuse de toi, celle qui a la bite et le drapeau noir, celle le chanteur chauve et la barricadera ».
Et que dire de Vasco Rossi qui, en 1980, dans « Colpa d’Alfredo », chantait : « Elle est rentrée avec le nègre, la salope ! ». Oui, c’est vrai, Tony Effe donnera un concert privé qui ne sera pas organisé et sponsorisé par la municipalité de Rome et, par conséquent, le centre-gauche capitolin pourra dire qu’il s’est retiré (bien qu’à la dernière minute et en de manière maladroite) d’un événement qui aurait pu paraître sexiste et immoral.
Tony Effe, à guichets fermés pour le concert du Nouvel An : invités et surprises
Mais, du point de vue des finances publiques, n’est-il pas plus immoral d’avoir ouvert près de 300 chantiers et d’en avoir fermé un peu plus de 50 quelques jours avant le début du Jubilé ?