A la BCE, Draghi leur manque : les salariés rejettent Lagarde

Alexis Tremblay
Alexis Tremblay

Rejet pur et simple de Christine Lagarde par le personnel de la BCE, la Banque centrale européenne qu’elle dirige depuis novembre 2019. Et si le soutien à l’ex-gouverneur du Fonds monétaire international est déjà faible, il fait encore plus pâle figure en comparaison des précédents. un occupant du siège le plus élevé de Francfort : Mario Draghi.

Le journal Politique a publié les résultats d’une enquête syndicale à laquelle ont participé 1.159 salariés de la BCE (sur un total d’environ 4.500), et les résultats sont tout sauf flatteurs pour Madame Lagarde. Un peu plus de la moitié des personnes interrogées (50,6%) ont qualifié sa performance de « mauvaise » ou « très mauvaise » avant même la moitié de son mandat de huit ans.

La comparaison avec les évaluations obtenues en fin de mandat par ses prédécesseurs est impitoyable. Draghi est sans aucun doute le gouverneur le plus apprécié, également grâce à sa capacité à maintenir la zone euro unie dans ses heures les plus sombres, avec son fatidique « quoi qu’il en coûte » a empêché les marchés financiers de détruire la monnaie unique. Moins d’une personne interrogée sur dix l’a qualifié de « médiocre » ou « très mauvais », tandis que plus des trois quarts des évaluations décrivent son travail de manière positive (21% de « bon », 25 ,7% « très bon » et 28,8% « exceptionnel »). Quant à Jean-Claude Trichet, le premier président de la BCE, les notes « mauvaises » et « très mauvaises » ne dépassent pas 14,5%.

À en juger par diverses réflexions recueillies anonymement dans le cadre de l’enquête, ce qui a le plus agacé le personnel de la BCE était l’implication excessive de l’actuel gouverneur dans les affaires politiques, perçue comme une utilisation instrumentale par Lagarde de sa position pour promouvoir un agenda personnel et utiliser l’institut de Francfort. comme tremplin pour se lancer (à nouveau) dans la compétition politique : « Mario Draghi était là pour la BCE, alors qu’il semble que la BCE soit là pour Christine Lagarde », lit-on parmi les commentaires.

Mais il ne s’agit bien sûr pas uniquement de perceptions concernant la personnalité du président. Les décisions de politique monétaire prises par Lagarde n’ont rencontré l’approbation que de 38% des personnes interrogées, tandis que le soutien aux décisions de Draghi s’élevait à 64% à la fin de son mandat.

Bien entendu, Lagarde a dû faire face à une pandémie mondiale sans précédent et à une crise géopolitique à la périphérie immédiate de l’Union, deux événements qui ont eu de très graves répercussions sur la stabilité du système financier international, provoquant une poussée historique des taux d’inflation dans le monde entier. monde. Mais comme nous l’avons déjà mentionné, Draghi n’a pas non plus navigué en eaux calmes.

Et dans des eaux troubles comme celles que nous traversons actuellement, il est important que la BCE assure la sécurité et soit capable de garantir le retour à la stabilité des prix (ce qui est sa mission) – ou du moins qu’elle puisse se faire sentir comme capable d’atteindre cet objectif. Continuez plutôt Politiquemoins de la moitié des personnes interrogées ont déclaré avoir confiance dans la capacité de l’institution à gérer la crise avec Lagarde à sa tête.

Ceci, comme le montrent les commentaires recueillis dans le cadre de l’enquête, est également dû au fait qu’au cours des derniers mois, « la BCE s’est concentrée sur des questions qui dépassent son mandat, dans une période où l’inflation était au plus haut niveau de l’histoire ». de l’UE ». À cet égard, il convient de mentionner les interventions dans le débat public sur des questions telles que l’égalité des sexes, la décision de prendre une position substantiellement politique sur la guerre entre Israël et le Hamas, ou encore le nombre excessif de voyages du président dans des buts évidents. pas strictement lié à l’activité principale de la banque.

Il existe cependant des domaines dans lesquels le soutien aux choix du gouverneur n’est pas remis en question, par exemple l’inclusion de la protection de l’environnement dans le mandat de la BCE, l’un des signes distinctifs de la présidence de Lagarde.

Mais même sur les questions intérieures, le score de l’ancienne ministre française des Finances était pire que celui de ses prédécesseurs, malgré ses efforts, par exemple, pour promouvoir la diversité et une prise de décision plus inclusive.

Selon les propos recueillis par Ipso, l’organisme qui a réalisé l’enquête, « Christine Lagarde est généralement considérée comme une dirigeante autocratique qui n’agit pas forcément selon les valeurs qu’elle proclame ». L’insatisfaction se manifeste par une approche managériale qui surcharge les salariés et manque de transparence dans divers domaines, à commencer par les procédures d’embauche. Enfin, en ce qui concerne les politiques de genre, l’intolérance à l’égard de la manière dont Lagarde les met en œuvre est comparable chez les hommes et les femmes interrogés.

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