TeleFico, c’est ainsi que le premier ministre veut contrôler les médias en Slovaquie

Alexis Tremblay
Alexis Tremblay

L’Union européenne est de plus en plus préoccupée par la situation de la liberté d’expression dans les médias slovaques. Le gouvernement dirigé par le Premier ministre Robert Fico a proposé une réforme des médias publics visant à centraliser et à accroître le contrôle de l’État sur les médias. Cette proposition a suscité des protestations de la part de la presse et de la société civile. Dans tout cela, le directeur du service public de radio et de télévision a été démis de ses fonctions, tandis que le gouvernement a nommé quatre nouveaux membres du comité qui nommera le nouveau directeur.

La lettre de Bruxelles

La Commission a exprimé ses inquiétudes à cet égard en adressant une lettre d’avertissement au gouvernement slovaque : « Il n’est pas clair si les procédures de nomination ont été menées d’une manière qui, entre autres, soit transparente, ouverte et respecte le principe de discrimination. tous les éléments nécessaires pour garantir l’indépendance du radiodiffuseur public », a écrit la Commission européenne qui a également précisé le caractère central de la nouvelle loi européenne sur la liberté des médias, la législation européenne qui vise à protéger l’indépendance des médias au sein du bloc.

Le combat de Fico

Comme l’a rapporté l’agence de presse Bloomberg, le gouvernement Fico est depuis longtemps dans le collimateur de Bruxelles en matière d’État de droit. La Commission envisage une éventuelle suspension du financement de la Slovaquie à la suite de récents changements dans la législation pénale et de la suppression d’un important bureau anti-corruption.

À ces craintes s’ajoute celle de la bataille que Fico mène contre les médias locaux, accusés de reportages partiaux et non objectifs à son égard. En mai, ces frictions ont atteint leur paroxysme avec les accusations lancées par le premier ministre contre les chaînes d’information, considérées comme les architectes d’un processus de radicalisation de la population slovaque qui a abouti à la tentative d’assassinat du premier ministre.

En août, le ministre de la Culture de Fico a nommé quatre nouveaux membres de la commission des médias. Parmi les choix, celui d’un théoricien du complot bien connu qui doute que la Terre soit ronde fait particulièrement sensation. L’opposition a qualifié ces nominations de scandale et a dénoncé l’intention de la majorité de miner la crédibilité des médias publics. Bruxelles a également demandé des éclaircissements supplémentaires concernant la transparence de ces nominations.