La décision inattendue du président français Emmanuel Macron de convoquer des élections anticipées a ouvert la boîte de Pandore de la politique transalpine, plongeant la droite comme la gauche dans le chaos. Le camp conservateur a été agité par le choix d'Éric Ciotti, leader du parti Républicains qui seraient théoriquement modérés, à s'allier à l'extrême droite du Rassemblement national. Une décision risquée qui a abouti à son expulsion.
Tremblement de terre politique
Depuis que, dimanche soir (9 juin), le locataire de l'Elysée a annoncé qu'il avait dissous l'Assemblée nationale et qu'il avait convoqué de nouvelles consultations pour le 30 juin (premier tour) et le 7 juillet (scrutin), les mouvements outre-Alpes pré -Les événements telluriques électoraux sont pour le moins fébriles. Surtout à droite des Macroniens. Ici, l'accent est mis sur l'ouverture du crédit par le président du parti de centre droit Les Républicains (de gauche à droite), Éric Ciotti, al. Rassemblement national (Rn), parti historique d'extrême droite française dirigé par la lignée Le Pen (d'abord Jean-Marie puis sa fille Marine) et dont les rênes sont désormais entre les mains de Jordan Bardella, 28 ans, très fort sur Tiktok et a remporté 31,37% des voix aux élections européennes du week-end dernier.
Le geste de Ciotti
Comme le dauphin de Le Pen, fils d'immigré piémontais et élu président du RN en 2022, Ciotti est également d'origine italienne (son père est originaire de Trévise) et est à la tête de son parti depuis décembre, il y a deux ans. Ce qui a fait débat, c'est sa décision, annoncée hier (11 juin), d'accepter l'offre du RN de former une alliance électorale en vue des élections législatives de la fin du mois. Une décision qui découle évidemment de calculs numériques liés à la complexité du système électoral français, et qui a en fait été justifiée par le leader des Républicains par la nécessité de maintenir une présence solide au scrutin.Assemblée nationale, la chambre basse du pouvoir législatif. « Nous disons les mêmes choses, alors arrêtons d'inventer une opposition imaginaire », a déclaré Ciotti sur TF1, arguant de la nécessité de former un « bloc national » de droite.
Les Républicains en route vers l’effondrement
Comme prévu, les déclarations de Ciotti ont suscité un tollé. LR est la force historique du centre-droit français, constituée en 2015 par Nicolas Sarkozy sur les cendres deUnion pour un mouvement populaire (Ump), le conteneur des néo-gaullistes, conservateurs et libéraux créé en 2002 par Jacques Chirac. C’est un parti modéré, qui représentait le courant conservateur jusqu’à l’arrivée de Macron en 2017, lorsque l’actuel président a battu les Républicains et les Socialistes avec son parti. République en marche.
Au-delà des aléas électoraux, l'une des pierres angulaires de LR a été le positionnement ferme face à l'extrême droite du RN, autour duquel a toujours existé un « cordon sanitaire » tenu par toutes les forces politiques. C’est ce « front républicain » invoqué par Macron lors des deux dernières élections présidentielles, lorsqu’il a battu Marine Le Pen au second tour. Ciotti lui-même, en 2021, avait peint le RN comme l'« ennemi historique de la famille gaulliste ».
C'est pourquoi sa fuite en avant poussait le parti vers l'implosion : il était convaincu d'avoir la base de son côté, mais les élus LR ont mené une faction interne qui s'est soldée par l'expulsion de Ciotti. Plusieurs poids lourds du parti et presque tous ses dirigeants ont sévèrement critiqué un choix qu'ils ont qualifié de « top-down » et de politiquement suicidaire, appelant haut et fort à la démission de Ciotti.
Les conséquences en Europe
Au niveau européen, LR (comme l'UMP) fait partie des Popolari (PPE), la grande famille des démocrates-chrétiens à laquelle Forza Italia est également affiliée et qui est de fait dominée par la CDU-CSU allemande d'Ursula von der Leyen. et Manfred Weber.
Et cette délégation, sortie revigorée des élections européennes du week-end dernier, a explicitement menacé ses collègues transalpins d'expulsion du PPE s'ils poursuivaient sur la voie d'une alliance avec les lépénistes. « Soi Les Républicains prend au sérieux cette voie vers la droite, il n'y aura plus de place au sein du PPE pour ce parti autrefois fier et qui se marginalise », a-t-il déclaré. Euractiv Le parlementaire allemand Jurgen Hardt.
De plus, c'est un secret de Polichinelle que les Républicains français sont en désaccord avec la CDU et le reste du PPE : en mars dernier, ils n'ont pas soutenu la candidature de von der Leyen aux élections législatives. Spitzenkandidatine du parti au congrès de Bucarest, et selon toute vraisemblance, ils ne voteront même pas pour elle à Strasbourg lorsqu'elle demandera une reconfirmation aux députés européens. Mais à ce moment-là, Lr aurait peut-être déjà quitté le navire.