Nous utilisons souvent je pronoms de courtoisie« elle » ou « vous », lorsque vous parlez à quelqu’un que nous ne connaissons pas, en signe de respect et de bonnes manières. Mais d’où vient la coutume d’appeler « lei » et « voi » ?? De loin, précisément à l’époque de la culture courtoise deHaut Moyen Âge (vers les XIe et XIIe siècles), dans lequel le « voi » était utilisé pour éviter une référence directe à la personne à qui on parlait et avec laquelle on n’était pas familier ou familier, car dans ce cas appeler le « tu » semblait grossier. Utiliser ce pronom permettait en effet une certaine distance (parfois aussi de déférence) entre l’orateur et ceux qui se trouvent devant lui, conservant ainsi un ton formel et déférent, et c’est encore le cas aujourd’hui. Le « elle », qui est l’évolution du « tu », n’est arrivé qu’au XVIIIe siècle.
La coutume de donner le lei est revenue sur le devant de la scène suite au mécontentement exprimé par le présentateur de télévision Théo Mammuccari en étant interrogé avec la troisième personne par Francesca Fagnanianimateur de la célèbre émission de télévision Bêtes.
Comme vous pouvez l’imaginer, les deux noms étaient principalement utilisés avec les gens de la haute société ou autoritécomme les dirigeants, les nobles, les aristocrates et les personnalités religieuses. Et avant ces pronoms, il y avait des adjectifs comme « votre seigneurie », « votre altesse », « votre grâce », « excellence » qui semblent aujourd’hui si grandiloquents et sont désormais obsolètes.
À cette époque – et pendant de nombreux siècles à venir – pour exprimer la dignité papale et la majesté de son rôle, le Pontife utilisait plutôt le pluriel maiestatisc’est-à-dire parler de lui-même à la première personne du pluriel (nous) plutôt qu’au singulier. Cet usage fut complètement abandonné au siècle dernier avec le pontificat de Paul VI (1963-1978), qui préférait utiliser un langage plus simple et direct, se rapprochant des fidèles.
Avec le Renaissance le « vous » s’étend également aux personnes non aristocratiques dans presque toutes les régions d’Italieen se consolidant avec les connaissances et les étrangers avec lesquels on avait affaire. De nos jours, à l’exception des zones centrales de l’Italie (surtout rurales) des Abruzzes et de la Ciociaria, où le « voi » et le « lei » ne se sont jamais établis, seul le « lei » est désormais utilisé, notamment dans le nord de l’Italie. Ce n’est qu’en Sicile que le « vossia », une forme contractée du pronom de courtoisie, est resté parmi les personnes âgées.
L’utilisation de « elle » est cependant une forme plus modernequi s’est développé au XVIIIe siècle comme une évolution du « vous ». Le « elle » s’est immédiatement révélé approprié pour s’adresser aux autres, mais sans la connotation de distance et de supériorité qui distingue le « vous ». Ce changement de pronom est important, car il a réduit les distances entre les classes socialesdémocratisant cette forme de respect verbal.
Aujourd’hui on l’utilise de moins en moins appelé « lei », en particulier chez les jeunes, mais il est encore largement utilisé dans des contextes formels et professionnels, étant une partie importante de la linguistique italienne.
Au cas où vous vous poseriez la question, oui, les pronoms de courtoisie existent aussi dans d’autres languessurtout d’origine latine (toi en français, usé en castillan e voix en portugais), mais aussi en russe, avec le pronom vyi. Les Anglais sont les plus démocrates de tous, en ce sens : le she n’existe pas, ça existe juste toiet cela s’applique à tout le monde sans distinction.