Pour Macron, cela s’est bien mieux passé que ce qu’il aurait pu prédire
Il n’y avait rien d’inattendu dans la décision du président français Emmanuel Macron de dissoudre l’Assemblée législative peu après les élections européennes de juin. Une démarche risquée, bien sûr ; mais le locataire de l’Elysée savait et sait que celui qui obtiendrait la majorité des sièges au Parlement ne gouvernerait qu’en comptant avec lui, qui restera en fonction jusqu’au printemps 2027. Et peu savent quelle est l’étendue des pouvoirs que la Constitution française attribue au président. , quel qu’il soit.
Cependant, le défi de Macron ne reposait pas uniquement sur cette approche juridico-institutionnelle fondamentale ; c’était un pari politique exquis. Dans le pire des cas pour lui, la majorité absolue du Rassemblement national et un gouvernement dirigé par Bardella, il aurait exploité les pouvoirs présidentiels pour « normaliser » le RN et l’obliger à prendre des positions contraires aux proclamations électorales.
Cependant, les choses se sont déroulées bien mieux que quiconque aurait pu le prédire (et que tous les sondages ne l’avaient prédit). Non seulement l’extrême droite a obtenu un résultat loin de pouvoir prétendre au gouvernement de la France, mais elle s’est en fait placée en troisième position, derrière l’arc-en-ciel des gauchistes (dont la moitié des sièges sont allés à la zone modérée, dirigée par le secrétaire d’État). socialiste Glucksmann) et à la coalition du président Macron, peut-être la plus grande surprise de ces élections. Les sièges obtenus par les centristes-libéraux rassemblés autour du numéro un français sont en effet presque le triple de ceux estimés la veille.
Et c’est ici qu’émerge la capacité politique de Macron, sachant qu’il a de son côté le « tampon » des prérogatives présidentielles jusqu’en 2027, il s’est concentré sur l’esprit républicain des Français et sur les règles électorales qui régissent l’élection de l’Assemblée nationale. .
Le double tour pour l’attribution de chaque siège unique (qui a lieu lorsqu’au premier tour aucun des candidats n’obtient la majorité absolue, avec possibilité de se présenter au second pour les candidats ayant dépassé les 12,5% au premier tour ) a donné l’occasion de jouer sur la « désistance » et de pousser l’électorat qui ne souhaitait pas la victoire de Le Pen à s’unir derrière des candidats alternatifs. Qu’ils soient de gauche unie au Front Populaire ou du groupe centriste, peu importait.
Tout ce que Macron savait, avait prévu et sur lequel il s’est concentré, connaissant et interprétant bien la société française, son histoire, ses peurs. Le choix de dissoudre le Parlement français n’était pas un coup de tonnerre, mais une décision étudiée au cours des semaines précédentes, alors que la montée en puissance de Le Pen aux élections européennes était évidente.
Cela dit, tout parallèle entre le cas français et l’Italie doit être tenu à distance. D’abord parce que les règles du jeu sont totalement différentes. La France est une république semi-présidentielle, pour certains s’apparentant à une monarchie constitutionnelle, avec le président de la république élu directement par les citoyens. Les règles d’élection du Parlement sont totalement différentes des nôtres.
Et puis le système des partis, qui est lui aussi profondément différent du nôtre, comme cela est inévitable. Parce que les systèmes de partis s’adaptent inévitablement aux systèmes politiques, comme cela se produit avec la communication politique et la manière dont les médias décrivent la politique. Des facteurs bien connus de ceux qui étudient la politique.
Enfin, en Italie, on ne voit pas à l’heure actuelle à l’horizon une personnalité « à la Macron », qui sache agir avec son manque de scrupules calculé et continuer à rassembler des consensus malgré ses sept années difficiles à la tête de la France rythmées par des nécessités, mais souvent impopulaire.
La politique italienne manquerait une occasion si elle essayait de traduire dans son propre style ce qui se fait ailleurs avec des règles, des cultures, des coutumes et des personnalités différentes. La tâche reste la même qu’auparavant : identifier notre propre manière de revigorer les institutions et la démocratie.