Perfect Days : la beauté du cinéma qui parle de vies normales
Les vies normales ne sont pas souvent racontées au cinéma.
Habituellement, la vie des gens ordinaires dont les journées suivent une série cyclique de rituels répétés jour après jour ne présente pas beaucoup d’intérêt. Après tout, la routine est aujourd’hui devenue un tabou, un mal à bannir et l’une des plus grandes peurs dans un monde où chacun veut être spécial et vivre une vie hors du commun. Et pourquoi diable le cinéma, né avec l’intention d’imaginer des mondes fantastiques où la magie existe, le coup de foudre devient le véritable amour et les galaxies sont habitées par des rois et des reines, raconterait-il la vie d’une personne dont le quotidien est composé de des jours et des gestes qui répètent toujours la même chose ?
Cela semblerait une folie de porter sur grand écran le rituel d’une vie ordinaire, d’un homme qui se lève à l’aube, enfile une salopette et va nettoyer toutes les toilettes publiques d’une ville. Mais Wim Wenders a eu la sensibilité, le courage ou peut-être le coup de génie de le faire avec son dernier film Des jours parfaits et donnez-nous ainsi une merveilleuse leçon de vie.
Des jours parfaits Et le film japonais sur la vie d’un nettoyeur de toilettes à Tokyo présenté au Festival de Cannes 2023 et dont l’acteur principal, Kôji Yakusho, a déjà été apprécié dans le film Babel, il a remporté le prix du meilleur acteur principal. Des jours parfaits devient si populaire en Italie qu’il remplit les salles de cinéma comme cela ne s’était pas produit depuis des années, rejoignant une lignée de grands succès cinématographiques comme le géant Il y a encore demain de Paola Cortellesi ou l’autre film japonais qui cartonne au box-office, Le garçon et le héron de Hayao Miyazaki. Mais qu’a-t-il de si spécial ? Des jours parfaits pousser n’importe qui, petits et grands, à faire la queue pour obtenir un ticket pour suivre la vie, toujours la même, de n’importe quel homme ? La réponse est simple : Des jours parfaits cela donne de la dignité à une vie normale et, à cette époque historique particulière, nous avions un besoin extrême de ce confort émotionnel, pour nous sentir bien dans notre vie quotidienne qui est toujours la même, pour nous sentir acceptés dans un monde où seuls ceux qui affichent le plus grand l’exploit semble compter, qui s’exhibe le plus, qui réussit mieux que les autres.
Des jours parfaits, au contraire, cela valorise le silence, les échecs, cela valorise ces personnes que personne ne prend la peine de voir vraiment. Donne de la valeur au temps, au temps que l’on consacre à soi, aux autres, à ses passions. Il valorise les petits gestes capables de rendre merveilleuse la vie même la plus humble. Il valorise la normalité, un quotidien fait de réveils matinaux, d’heures de travail interminables, de silence, de solitude et de cyclicité. Des jours parfaits cela nous fait comprendre que notre vie, aussi simple soit-elle, peut être merveilleuse simplement en pouvant profiter de la beauté des feuilles des arbres qui bougent au gré du vent, en écoutant de la bonne musique, en se perdant dans les pages d’un livre qui change notre vie, la vie, de toujours manger au même restaurant, de pouvoir aider quelqu’un et de profiter de la chaleur d’un mot gentil.
Ce film, très puissant dans son raffinement, nous apprend non seulement qu’il y a de la dignité dans une vie normale mais qu’il y a aussi beaucoup de beauté dans celle-ci. Et il y a de la beauté dans l’ennui, dans le confort d’une journée qui se répète toujours, dans la petite nouveauté qui vient colorer notre routine quand on n’attend plus de la vie que ce que l’on a déjà.
Des jours parfaits c’est un exemple de cinéma qui a la sensibilité et le courage de donner la parole aux taciturnes, d’éclairer les âmes sensibles, de valoriser ceux qui vivent la vie en l’observant de loin sans se bousculer pour se faire remarquer par quelqu’un d’autre.
Le film de Wim Wenders est une petite perle qui célèbre tous ceux qui restent dans l’ombre mais qui ont le pouvoir, plus que quiconque, d’éclairer le monde.
Note : 8,5