Parce que l’Espagne a déjà battu l’Italie en Europe
Mercredi, la Commission européenne a annoncé le lancement de sept procédures d’infraction contre autant de pays de l’UE « coupables » d’avoir dépassé la limite de déficit fixée par le Pacte de stabilité. Parmi eux, il y a l’Italie, qui devra s’engager dans des coupes budgétaires qui, selon les premiers calculs, pourraient s’élever à au moins 10 milliards d’euros par an. L’Espagne, en revanche, a été « sauvée » par Bruxelles, et ce malgré le fait que Madrid ait également dépassé le fameux plafond de 3 % du PIB en 2023. Pourquoi ce traitement différent ? La réponse est simple : les mesures mises en œuvre par le gouvernement du socialiste Pedro Sanchez, selon les estimations des experts de la Commission, mettront de l’ordre dans les comptes espagnols à partir de cette année, contrairement à ce que fait le gouvernement de Giorgia Meloni. Dans le derby méditerranéen en Europe, pour le dire autrement, l’Espagne nous a déjà battus, et pas seulement lors du match du Pacte.
Le déficit de Madrid, selon les dernières prévisions économiques de Bruxelles, devrait tomber à 3% en 2024 et à 2,8% en 2025. En 2020, année de la pandémie, le rapport entre les dépenses publiques et le PIB était de 10,1%, similaire à celui de l’Italie (9,4%). Depuis lors et jusqu’à l’année dernière, le Pacte de stabilité a été suspendu. Mais tandis que le gouvernement espagnol a progressivement réduit son déficit pour le rendre conforme aux paramètres européens en vue du retour des contraintes budgétaires, l’Italie a préféré élargir les cordons de la bourse le plus longtemps possible : en 2023, le déficit était de 7,4 % (contre 3,7 en Espagne). ). Cette année, selon les mesures gouvernementales, il sera de 4,4 %. Et selon les estimations de la Commission, il pourrait même augmenter en 2025, pour atteindre 4,5 %.
On pourrait affirmer que l’Italie a préféré investir davantage dans la croissance pour se remettre du contrecoup du Covid et de la crise énergétique qui a suivi. Rome et Madrid, rappelons-le, sont les deux plus grands bénéficiaires du plan de relance en termes d’argent reçu de l’Europe. Mais les investissements du Pnrr (et les réformes associées), pour le moment, récompensent davantage l’économie ibérique que ce qui arrive à la nôtre. En 2023, le PIB de l’Italie a augmenté de 0,9 %, celui de l’Espagne de 2,5 %. Pour les deux prochaines années, la croissance de notre pays devrait se maintenir autour de 1%, toujours selon les estimations de Bruxelles. Celui de Madrid devrait rouler à une vitesse double, autour de 2%. L’année dernière, l’emploi en Espagne a augmenté de 3,2%, tandis qu’en Italie il s’est arrêté à 1,8%.
Même sur les salaires, l’Espagne gagne la partie. Depuis son entrée en fonction jusqu’à aujourd’hui, Sánchez a augmenté le salaire minimum de 47 % par rapport à 2018. Cela a eu un effet positif surtout sur les salaires les plus bas, mais pas seulement. Selon l’OCDE, en 2023, les salaires réels (c’est-à-dire nets d’inflation) des Espagnols avaient augmenté en moyenne de 1,5 % par rapport à l’année précédente. En Italie, ils ont reculé de 2 %.
Enfin, ce n’est pas mieux si l’on regarde dans un avenir proche : après le boom de 2020 provoqué par l’urgence du Covid, la dette publique espagnole a progressivement diminué et continuera de le faire au moins jusqu’en 2025, selon les estimations. En Italie, cependant, il a recommencé à augmenter et en 2025, il pourrait atteindre 141,7 %.