Parce que les Européens sont de plus en plus racistes

Alexis Tremblay
Alexis Tremblay

Les Européens ont une vision de plus en plus ethnique, fermée et xénophobe de leur identité. C’est la phrase qui vient du rapport « Bienvenue à Barbieland », publié par le Conseil européen des relations étrangères (Ecfr) et la Fondation européenne de la culture (Ecf) qui alerte l’Union sur un changement de perspective susceptible de remettre en cause les principes d’inclusion. et l’égalité qui sous-tendent le bloc.

De même que Barbie dans le film de Greta Gerwing abandonne la vision utopique d’un monde rose et parfait, de même l’auteur de l’étude Pawel Zerka, chercheur à l’Ecfr, tente de bousculer les promoteurs de l’européanisme. « Ces dernières semaines, Mario Draghi a dominé le débat à Bruxelles en attirant l’attention sur la nécessité de relancer l’économie européenne, qui perd son avantage compétitif. Mais si l’économie est le moteur de l’UE, alors le ‘sentiment européen’ devrait  »

Grand défi pour le projet européen

Le rapport met en évidence trois principaux « angles morts » au sein de l’Union européenne : la prédominance de la « blancheur » dans la politique européenne, la participation limitée des jeunes et le faible pro-européisme en Europe centrale et orientale. La combinaison de ces facteurs pourrait éroder ou altérer profondément le sentiment d’appartenance européenne.

Le document souligne que, malgré une forte participation aux élections du Parlement européen de 2024 et le soutien de la majorité des gouvernements nationaux à l’UE, le nombre de personnes qui se sentent « exclues », « désillusionnées » ou « désintéressées » est en augmentation. Cela concerne en particulier les personnes de couleur, les musulmans et les Européens de l’Est, mais aussi les jeunes qui voient l’UE comme « trop blanche », « trop occidentale » ou « trop liée aux baby-boomers ».

Le rapport note également que la rhétorique xénophobe a considérablement augmenté depuis l’attaque du Hamas contre Israël le 7 octobre, de nombreux musulmans se sentant aliénés par le soutien des gouvernements européens à Israël. Les victoires électorales des partis d’extrême droite dans des pays comme la France, l’Italie, la Belgique, l’Autriche et la Hongrie, ainsi que leurs succès en Allemagne et aux Pays-Bas, ont donné une impulsion à une augmentation significative du discours anti-immigration. Le rapport évoque l’utilisation de stéréotypes anti-musulmans par des partis tels que l’AfD et la Ligue de Matteo Salvini. Cette situation contribuerait à la normalisation progressive d’une « vision xénophobe » dans le discours public.

Un manque de représentation

Zerka souligne également la « diversité limitée au sein des institutions européennes », avec seulement 3 pour cent des députés européens issus de minorités raciales et ethniques, contre 10 pour cent de la population de l’UE. Zerka a mis en garde contre le déclin de l’enthousiasme pro-européen en Europe centrale et orientale, soulignant que dans sept des onze pays de la région, le taux de participation aux élections est tombé en dessous de 40 pour cent.

Toujours selon le chercheur principal de l’Ecfr, cette tendance est le symptôme d’une frustration croissante, en particulier parmi les jeunes, qui ont tendance à être plus pro-européens et tolérants que les générations plus âgées, se sentent peu représentés par les forces politiques traditionnelles, souvent considérées comme des « partis de baby-boomers ». « . Ce « manque de voix » perçu pourrait pousser les jeunes à se désengager, voire à s’éloigner de l’Union européenne.