Parce que Djokovic est l’un des plus grands athlètes de tous les temps
Le vieux loup des montagnes a bouclé la boucle. Il ne manquait à Novak Djokovic, 37 ans, que le laurier olympique, au cours d’une carrière aux chiffres extraordinaires : 24 titres du Grand Chelem, 40 masters mille (chaque tournoi gagné au moins deux fois), huit années clôturées au premier rang. Dans chaque entrée dans le tennis, il a quelque chose de plus que ses éternels rivaux Roger Federer et Rafael Nadal. Telle était la mission déjà accomplie, désormais achevée et définitivement scellée le dimanche 4 août.
Un vieux dicton dit que les victoires ne sont pas comptées, mais pesées. Battre un indomptable Carlos Alcaraz, de 16 ans son cadet, en août à Paris, sur le terrain qui a le plus fait souffrir et pleurer le Serbe Philippe Chatrier, eh bien, c’était (peut-être) la dernière grande perle d’une carrière. Sur le podium des victoires les plus prestigieuses, avec l’interminable bataille contre Nadal à l’Open d’Australie 2012 ou, ça vans dire, lors de l’épilogue légendaire de Wimbledon 2019 contre Federer. Trois matches qui racontent mieux que de nombreux mots le caractère indomptable de l’équipe des Balkans.
Autour de son cou, pour sa chère terre serbe, il porte cette médaille d’or tant convoitée. Objectif déclaré de l’année et tourment interne pendant une décennie. Federer avait goûté au métal précieux en double, Nadal s’est imposé dans les deux disciplines lors de deux éditions différentes. Beaucoup le lui ont fait remarquer et il a esquissé : il aurait adoré offrir une autre joie au plavi après la Coupe Davis 2010.
Il y a peu à dire. Djoker est sans aucun doute le joueur de tennis le plus fort et le plus titré de l’histoire. N’importe quel numéro est de son côté. Et il mérite d’être parmi les plus grands athlètes de l’histoire du sport, aux côtés de Michael Jordan, Mohammad Ali, Carl Lewis, Usain Bolt, Michael Phelps, Eddy Merckx et quelques autres. Nole n’a peut-être pas attiré des millions de fans pour acheter une raquette et s’essayer sur les courts comme Federer l’a fait avec sa classe irremplaçable, mais il a projeté son sport dans une autre dimension, grâce à son approche mentale et physique.
Du régime strict, devenu désormais indispensable à tout professionnel de toute discipline, devenu à un moment donné trop « taliban » et donc révisé, à la nécessité d’améliorer constamment chaque partie de la technique. Un étudiant de tennis qui a toujours soif d’apprendre et de cultiver chaque aspect avec un soin obsessionnel. Djokovic s’est encore amélioré lorsqu’il a atteint la trentaine, ajoutant des détails à son jeu au filet et un service méchant, toujours sous contrôle. Alors que plusieurs collègues luttaient athlétiquement, il est devenu encore plus fort. Il a appliqué la « mentalité mamba » de Kobe Bryant avec la même ardeur.
Lui qui vient d’un pays, l’ex-Yougoslavie, où, dans le sport, oui « il est mort en beauté ». On se vantait presque de bien jouer et de perdre, un style de vie du jeu balkanique, autrefois très enclin à divertir, à enchanter puis à laisser filer les trophées les plus convoités. Djokovic était l’ennemi juré, la rédemption de tout un peuple : pas le plus beau à regarder, mais absolument le plus efficace et le plus réussi.
Le « mur » qu’il a fait tomber dans les Balkans a été trop sous-estimé au niveau médiatique. Nole déclarant publiquement son soutien footballistique à la Croatie à la veille de la finale de la Coupe du monde 2018 vaut des années de politiques de réconciliation entre les deux peuples. Une « approbation » qui a fait lever le nez à de nombreux compatriotes, mais qui contribue à apaiser l’ambiance. Nole choisissant naturellement Goran Ivanisevic comme entraîneur est une autre décision historique. Le plus grand joueur de tennis serbe entraîné par le plus grand joueur de tennis croate. Des trucs de cinéma. Cependant, comme presque tous les Serbes, il n’est pas disposé à reculer sur un front chaud : le Kosovo est le cœur de la Serbie.
Les médias ont malheureusement accentué au-delà de toute mesure les « extravagances » : les raquettes cassées (même les amateurs les détruisent), les querelles avec le public (cherché à retrouver une nouvelle vie compétitive), la fameuse polémique sur le Covid (le résultat des expériences « holistiques » entreprises avec son épouse Jelena). Une manière de lisser les cheveux du public passionné (ou présumé tel) de tennis, partagé entre fans de Federer et de Nadal.
Lui, le troisième roue, l’opprimé, le « méchant », arrivé avec son contemporain Andy Murray, alors que les fans s’alignaient déjà dans les deux équipes principales, a investi en lui-même, pleinement convaincu qu’un jour il gagnerait encore plus. qu’eux et il les aurait battus même sur leurs terrains de prédilection respectifs.
Le loup serbe s’intègre bien parmi les grands du sport pour la manière dont il a remporté nombre de ses triomphes. Revenir, dans des situations difficiles, avec des adversaires qui ont encore mieux joué, avec le public contre eux. Un champion qui sait renverser le destin quand celui-ci lui semble défavorable. Presque comme un super-héros Marvel, qui trouve toujours de nouveaux stimuli. Après avoir évincé Federer et Nadal du trône, il n’hésite pas à combattre Alcaraz et Sinner, conscient que la lutte contre la montre ne peut pas être gagnée, mais seulement reportée un peu plus longtemps. Mais à partir de maintenant, il le fera pour le pur plaisir du jeu, car la longue poursuite vers de grands objectifs est terminée. Et si je pense à la devise olympique – « citius, altius, fortius », plus vite, plus haut, plus fort – le DJer ne peut que me venir à l’esprit.